Enorme affiche pour le Samaïn Fest cuvée 2024.
Petit report de mon premier Rock in Bourlon, fort en émotions de toutes sortes.
« C’est le Bourlon ! »
En guise de titre j’ai choisi cette remarque devenue un mélange de boutade et mantra tout au long du week-end. C’était mon premier Bourlon et si je devais en proposer un résumé en une seule formule choc ce serait celle-ci : le Bourlon c’est une grande fête de village et à la fin y a Fluisteraars qui joue.
L’art d’un grand écart improbable qui fonctionne merveilleusement. Et si je devais retenir une image, ce ne serait pas ce moment hilarant avec notre Jésus des éboueurs sur les marches de l’église qui nous explique extatique qu’il n’y a pas d’autre groupe comme Korn, mais ce moment si touchant où j’ai regardé ce groupe de dames du village invitées comme tous les habitants à venir gratuitement passer une journée sur le festival, qui arrivaient en habits du dimanche, vous savez avec leurs petites sandales à talon carré qu’elles ne sortent que pour les mariages et le repas de Noël et qui avancaient précautionneusement dans la boue pendant que Zeal and Ardor démarrait leur concert.
Le Bourlon c’est cette emprise de la vie quotidienne d’un petit village aux maisons de briques rouges, ses habitants qui font leur week-end, la sortie avec la poussette, le papa en marcel, les jeunes filles trop apprêtées, les jeunes hommes trop parfumés. Le décalage de leurs vies et des nôtres que le festival invite à se croiser et qui clopin-clopant comme ces dames maladroites dans la boue font société.
Le Bourlon c’est le staff de sécurité qui danse et finit par se jeter dans le pit, cette même sécurité si pleine d’attentions qui fournit spontanément des bouchons aux novices, c’est un site qui ouvre quand le premier concert démarre en toute décontraction, c’est une place pour se garer à vingt mètres de l’entrée, c’est des gens très largement imbibés qui finissent par vous raconter leur vie et vous prendre pour le bassiste de Ni. C’est un mélange subtil de langueur et d’excitation, de trucs qui semblent à l’arrache mais qui ne le sont pas du tout.
Parce que le Bourlon c’est avant tout un festival qui sous ses airs de fête en mode DIY est parfaitement organisé, où rien ne déconne, où rien ne manque fondamentalement, le son est bon à quelques exceptions près, la bière ainsi que l’ensemble des boissons est locale et bien meilleure que ce qu’on trouve ailleurs, on n’attend jamais, on trouve toujours à se placer malgré l’enchaînement ininterrompu des concerts, et bordel ce que les bénévoles et toutes les personnes qui font exister ce lieu sont sympas et prévenantes.
C’est ainsi qu’une magie opère, tout se tient parfaitement et malgré l’alcool c’est comme si chacun voulait prendre soin du bébé. On y vit des moments tendres, des moments cocasses, et à la fin on sourit en se disant « c’est le Bourlon », ça suffit à expliquer ce qui arrive.
Et à la fin y a Fluisteraars qui joue…
Parce que le Bourlon c’est aussi une programmation folle, éclectique avec son lot d’exclusivités ou quasi-exclusivités, la mise en avant d’une scène locale aussi prolifique qu’attachante, et ces groupes qu’on retrouvera dans les gros fest comme le Hellfest. Je laisse chacun consulter le line-up pour se faire une idée, et je retiendrai les moments qui ont compté le plus pour moi.
Tout en haut de mes souvenirs, il y a WITCHING, je crois que je ne remercierai jamais assez l’équipe du Bourlon de m’avoir fait découvrir ce groupe. Leur dernier album Incendium est d’ores-et-déjà entré dans le panthéon des albums de ma vie, c’est ce que je pourrais décrire comme un Janis Joplin Sludge Death. Cette voix qui vous transperce et remue vos tripes, une présence scénique rare, l’école américaine dans la lignée du modernisme des Chat Pile, Sunrot ou Couch Slut. Le concert qui m’aura fait verser quelques larmes.
Bien-sûr il y a eu ce concert de FLUISTERAARS, eux qui jouaient-là sauf erreur leur 4ème concert ever. Et ce fut inoubliable, là encore des musiciens carrés, des riffs implacables et des mélopées comme vous enveloppe comme des nappes de brume, servis par un chanteur charismatique qu’on prendrait pour un écrivain fou préparant une contre-révolution.
On aura plié sous la masse noire de MORNE dans un concert apocalyptique absolument parfait, nous aurons dansé et bougé devant MS PAINT dont la venue absolument exclusive en France m’avait décidé à prendre mon pass pour le festival, et fait trembler le barrière devant JIVEBOMB et son hardcore lollypop décalé qui rappelle la folie d’un groupe comme BRAT. J’ai vécu aussi mon concert d’ARABROT le plus fou à ce jour, mais quelle mouche a piqué Karin Park ce dimanche ? Quatrième fois que je les vois et ils étaient déchaînés et nous avec.
Nous aurons eu aussi nos moments transpi et cervicales avec WORMROT et SANGUISUGABOGG tous deux parfaits. Nos moments dark avec le concert tout en noirceur et flammes (!) de HULDER, autre exclu incroyable du festival. Les mélanges jazzy décalés de CISNIENIE et NI resteront aussi des moments forts. Et enfin le moment suspendu du concert de MAUD THE MOTH dans l’église.
Citer tous ceux-là ne rendrait compte que d’un visage assez connu d’un festival dit de musiques extrêmes et il me faut parler maintenant de ce qui a fait aussi le tissu de ce Bourlon 2024 : les groupes français parfois très locaux qui sont venus, souvent avec discrétion et intelligence, nous rappeler le moment politique que nous vivons, qui sont venus nous parler en musique de ce pays, de cette société où nous vivons. Je pense d’abord à DEÛLE et son duo LADEULAS qui m’ont de manière différente fasciné, il s’est passé avec Deûle malgré un son qui ne rendait pas justice à la chanteuse, quelque chose de fort qui persiste dans mon souvenir, ça s’appelle le vécu. Et ce vécu on l’a senti partout le dimanche, chez CHIAROSCURO, JOUR J MENTAL, CHAOS E.T. SEXUAL ou PRINCESS THAILAND. Tous ces musiciens ont quelque chose à dire, j’entends par là qu’ils ont une épaisseur, une couenne qui a sans doute pris des coups et des caresses. Ils sont de quelque part, ils savent de quel côté de la rivière ils veulent marcher, et surtout ils nous regardent en face. Il y a eu de l’émotion dans ce festival autant que de poings levés, des regards qui se croisaient, de ces regards de gens qui derrière l’euphorie de la fête se préparent au combat.
Ne nous y trompons pas, ce Bourlon n’était pas seulement un festival de musique incroyable, c’était aussi une veillée d’armes.
J’ai la pression pour mon report maintenant. Que c’est bien écrit ! Je ne peux que valider (à part que la fatigue m’a privé de Fluisteraars bien que ce ne soit pas mon esthétique à la base)
Oui enorme je ferais une annonce dès que possible!
Merci @ Enufsed
Pour le report attachant …dans lequel on sent que les émotions en tous genres ont été partagées…
En espérant qu 'il y aura encore d’autres festivals de ce type, malgrè la Houle et les sombres jours qui semblent s’annoncer
En tout cas, ça fait envie d’écouter certains groupes même si un Live est irremplaçable
Là, je suis vraiment tenté ! ! Il faut que je me débrouille pour trouver un pied à terre !
Regarde les reports dans l’ ancien forum :
-2022
Tous les festivals avant 2022 avaient été effacés et pourtant y avait des reports complets…
Pas mémorisés!
Perso j ai fait 2013/14/15/17/18/19/22
En plus au début, j’avais une de mes filles qui habitait pas loin!
Y a un terrain pour camper juste à côté de la salle pour les non frileux
chronique
Rock in Bourlon - du 21 au 23 juin 2024 - Bourlon (62)-
Bourlon
Le temps d’un week-end, cette bourgade d’un millier d’habitants devient l’épicentre du metal français. Un parc au centre d’un village aux briques rouges, comme il en existe tant dans nos chers Hauts de France, entre blé, betteraves, patates et cimetières militaires accueille ce Roadburn for rednecks, un Roadburn pour bouseux, comme aime à la décrire le fondateur du festival à ses interlocuteurs internationaux.
J’ai (re)découvert ce festival l’an dernier avec son affiche incroyable mais, trop proche du Hellfest, j’avais du y renoncer. Alors Bourlon fut l’une des raisons de mon abandon de la Grand Messe Clissonnaise. Et j’ai eu le nez creux. En plus de sélectionner quelques pépites locales (ou pas), le fondateur et programmateur du festival peut maintenant compter sur les tournées d’un certain nombre de groupes particulièrement excitants de l’affiche du HF : Spotlights, Oxbow, Wormrot, Morne, Sanguisugabogg, Dool et 1000Mods font escale dans le Cambrésis avant de rejoindre le vignoble Nantais.
Bourlon, c’est surtout un festival à taille humaine (quelques milliers de festivaliers cumulés), armé de bénévoles locaux (on retrouve notamment pas mal de têtes du Betizfest) tous plus souriants et serviables les uns que les autres, servant des produits locaux (bière d’une micro-brasserie du coin, cidre idem, barbecue fourni par un éleveur local, …) à des prix défiant toute concurrence, un Running Order (presque, j’y reviendrai) sans clashes, les petits vieux/vieilles du village qui déambulent au milieu des festivaliers alors que 1000Mods retourne la « mainstage », un stand végé qui cuisine un menu différent tous les jours (dahl de lentilles/chili/paella ainsi que des salades variées), … bref je pourrais continuer ainsi pendant des jours. Et surtout, une affiche qui met à l’honneur les femmes : Cisnienie, Deûle, Spotlights, Hulder, Ladeûlas, Monsieur Thibault, Maud the Moth, Arabrot, Healthyliving, Witching, Calcine, Dool (et j’en oublie peut-être)
C’était ma première fois à Bourlon mais à peine entré, c’est comme si j’avais toujours été la. On se sent en famille, entre amateurs de musique, respectueux et respectés. A peine 5 minutes que les portes ont ouvert et les stickers des Lords of the Valley, venus en nombre, ornent déjà les crash barriers. On y croise la team Horns Up, The Doom Dad, Metalorgie, Heretik Magazine, … The place to be ! Il faut dire que l’affiche à tout du Best of Noise Magazine 2024
Niveau disposition, 2 scènes se tournent le dos. L’Abreuvoir, la « mainstage », de la taille d’une Valley/Warzone je dirais, fait face au merch, aux 2 bars principaux et aux stands de bouffe. Le Paon, la Warzone locale, avec son bar affichant clairement sa coloration rouge (et noir aussi un peu) et antifa, accueillera notamment les amateurs de bienveillance et de salade de phalanges. Les sets s’enchaînent sur les 2 scènes avec 5 minutes à peine de battement (quand les groupes de HxC ne décident pas de ne jouer que 20 minutes - leur discographie intégrale - sur leur set de 45 minutes). Au milieu, un espace réservé à l’organisation où l’on aperçoit encore la structure de jeu des enfants du village …
Il serait trop long de détailler chaque concert, je me concentrerai sur l’essentiel :
- Cisnienie, l’un des 3 groupes de la scène polonaise que le festival a souhaité mettre à l’honneur. Folie jazzy mené par sa sax baryton au souffle incroyable et au sourire rayonnant. Une belle découverte lors de leur annonce, clairement sublimée par leur prestation intense. On pouvait lire leur émotion de jouer devant probablement 10 fois plus d’applaudissements que d’habitude.
- Krzta, autre groupe polonais, qui nous a retournés avec son post-chaotic-hardcore sans concessions
- Les lyonnais de Ni évidemment
- Morne que dire … les pauvres barrières du Paon on plié mais pas flanché, sous les assauts des headbangs assénés au rythme de leurs riffs lancinants, hypnotisants, vicieux, violents. Un pur moment de communion cathartique avec le groupe
- Wormrot et son grind destructeur, bien que j’aie regretté l’absence de morceaux plus construits comme on a pu en goûter lors de la Battle
- Queen(Ares) encore eux, pour ce qui leur meilleur des 4 sets de l’année devant un public conquis d’avance et au sein d’un festival qu’ils servent en tant que bénévoles depuis des années. Suivez-les, ils vont faire du bruit sur la scène post !
- Les filles de Witching et leur doom réhaussé d’une voix féminine bouleversante, à la manière d’un Messa
- Calcine et surtout Worst Doubt ont transformé la paille boueuse du Paon en pit de l’Ess’pace pour un concert délocalisé du Paris Hardcore. Pour Worst Doubt, la présence de la moitié de Sanguisugabogg sur le côté de la scène m’a rappelé ces images parisiennes où la scène accueille plus d’amis du groupe que le groupe lui-même. On aurait cru voir débarquer un @Chab77 bouillant dans son hoodie jaune canari, s’en donnant à coeur joie au milieu des 2-step, side to side et autre prises de micro rageuses malgré la présence de barrières
- La sensation Jivebomb et sa frontwoman en tenue d’écolière, quelque part entre Kat Moss et Sami Kaiser, sublimant leurs albums en live
- La fessée Sanguisugabogg toujours plus débile et violente
- Le combo Deûle+Lassolas donnant Ladeûlas, projet né à l’occasion d’une soirée probablement trop arrosé, la voix de la chanteuse de Deule sublimant la folie instrumentale de Lassolas (présents en 2023)
- Le grand moment Kanaan, grande transe psychédélique, un set tout en improvisation et virtuosité qui m’a fait rater Maud the Moth dans l’église du village (les places étant limitées, j’ai bien sur laissé ma place pour profiter des norvégiens que j’attendais tant)
- La voix incroyable de la chanteuse de Heatlhyliving, qui après avoir envouté l’Eglise en piano-voix est venue nous ensorceler sur fond de Doom
- Slomosa et son chanteur arborant un vieux maillot de l’équipe de France floqué Desailly qui a retourné le Paon bien qu’en retard après des heures d’avion depuis leur Norvège natale le jour même, bien plus percutants à mon sens que 1000Mods qui a pourtant bien fait guincher l’Abreuvoir de son stoner groovy
La fatigue (et la perspective d’un reveil à 5h du mat’ pour le boulot) m’ont malheureusement fait rater Year Of No Light le dimanche soir, du fait des plus d’une heure de retard pris sur le planning, seul reproche que j’aie à faire à l’organisation. Même fatigue qui m’a découragé d’attendre Fluisteraars, groupe rare que le programmateur est allé chercher lors de leur tout premier concert il y a à peine un an.
Voilà C’est Bourlon ! comme le dit si bien @Enufsed . Il faut le vivre pour le croire. Un village d’irréductibles Ch’ti organisant un festival à prix (presque) libre réunissant tout ce que la scène Métal actuelle a de plus fou, créatif, excitant, underground. Alors c’est vrai, ce n’est pas ici que vous verrez Metallica, System of a Down ou Babymetal. Mais si vous avez déserté depuis longtemps les MS de Clisson, que vous campez sous les tentes et aux côtés de Saint Lemmy, là haut sur la butte, je vous encourage fortement à venir faire l’expérience.
Valley
Artiste non présent en 2024
Hello, le ro de l’Alcatraz (à côté de Lille) est disponible sur l’application.
perso j’y vais le dimanche pour voir Clutch, Jinjer, Architects…
Merci pour ce report (et pour dédicace ) ! Merci également @Enufsed pour ton report très complet.
Ce festival fait vraiment envie (jauge, affiche, prix, toute la bouffe locale) ! Peut être en 2025 pour ma part
" Et les barrières ont plié" et au Hellfest? Non.?
Merci Aifemka de ce report
Tout à fait, normalement présent !
COREandCo a fait un interview du responsable du Motocultor…
A lire
Concernant l’XTrem fest de cette année : mention spéciale à CRISIX qui suite à l’annulation de SICK OF IT ALL, a accepté de les remplacer et surtout de donner tous les bénéfices au frontman (Lou KOLLER) pour aider au paiement du traitement de son cancer
De même que Rage Tour (le tourneur de Crisix). Pour une fois qu’ils font un truc bien, il faut le dire
c’est plus ici sa place
Quand le black metal, québécois et français, vient en bretagne:slightly_smiling_face:
mardi 9/07/2024 , La brasserie Couille De Loup
Organisateur : Les Acteurs de l’ombre Productions
présente:
DELETERE+OSSUAIRE+HOULE+PAYDRETZ
Salle : BOUDIGUEN
Adresse : Lieu-dit Boudiguen
Ville : Querrien (29)
Ouverture des portes : 17:00
Début concert : 19:30
Fin concert : 00:30
Prix : 20 euros en liquide ( uniquement sur place )
Restauration, Bar et camping sur place
MERCREDI 10/07/2024, ils seront à nantes avec :
Organisateur : Black Flag Production
Bon bah c’est tu as fini de nous decider, on ira vendredi
A vendredi probablement alors!!!
Tu n’as jamais vu Crisix sur scène ? Franchement, ça mérite : ils ont tout le temps la banane sur scène, rien que pour ça, ils font un bien fou !