Hier soir, j’ai sélectionné l’un des titres préférés d’un de mes artistes préférés de mon panthéon personnel pour la publier ici.
Ce matin, j’ai oublié d’éditer mon post.
Cet artiste en question est mort la nuit dernière d’une crise cardiaque à l’âge de 53 ans. Son nom ne vous dira probablement rien, même si je l’ai mentionné [url=http://www.hellfest-forum.fr/viewtopic.php?pid=933687#p933687]ICI il y a 4 jours à peine. Il s’appelait Peter Rehberg aka Pita. RIP 8.(
Je ne connaissais pas du tout Peter Rehberg.
J’ai apprécié la lecture de l’article de Libé, un journal que j’ai longtemps lu pour ses pages rock, littérature ou ciné, et dont le style m’a toujours plu.
De toute façon, une phrase comme « Stockhausen dans une cave punk » ne peut que me plaire et me donner envie de découvrir…
Je me suis mis « Get out » et « Seven tons for free » de côté pour plus tard, quand je pourrai m’accorder le temps d’une vraie écoute.
Cool que mon post (mal rédigé) ait suscité quelques curiosités. Sa musique vaut vraiment la peine d’être écoutée. Tu as choisi de commencer par ses débuts, tu as bien fait ! Il faut un certain confort d’écoute et une certaine disposition d’esprit pour apprécier pleinement son travail, ce n’est pas le genre de trucs que tu pourras écouter dans le métro ou en voiture. Pour info, Pita était son nom d’artiste mais il a aussi composé sous son propre nom pour divers spectacles de danse, et multiplié les projets et collaborations sous diverses appellations (Cf. [url=https://www.discogs.com/fr/artist/60079-Peter-Rehberg]Discogs pour une synthèse).
Si tu aimes lire ce genre d’articles, je t’invite à consulter les nécrologies de deux autres légendes de mon panthéon personnel injustement méconnues, rédigées par ce même journaliste : [url=https://www.liberation.fr/musique/2017/04/13/le-pionnier-electronique-mika-vainio-est-mort_1562616/]Mika Vainio et [url=https://www.liberation.fr/musique/2020/03/16/le-destructeur-de-civilisation-genesis-p-orridge-s-efface_1781944/]Genesis P. Orridge et à lire [url=https://le-drone.com/lire/interviews/peter-rehberg-a-decide-de-feter-les-20-ans-de-mego-tres-dignement-en-nous-donnant-une-interview/-u5707]une interview en français de Pita, toujours par ce même journaliste, datant de 2015. Ça ne parle que de musiques électroniques mais on y retrouve finalement les mêmes thèmes que dans le milieu du metal (le temps qui passe, la gestion d’un label, les reformations bidons, Stephen O’Malley, l’amitié, le streaming, etc…).
Et maintenant, quelque chose de complètement différent… https://www.youtube.com/watch?v=fsccjsW8bSY
(enfin… voilà l’un des trois titres qui sera diffusé à mon enterrement ! )
J’ai oublié de signaler hier que le fait de tomber sur le nom de Stephen O’Malley dans un article sur la musique électronique était une belle surprise, tant l’œuvre de Sunn O))) me parle.
Je ne suis d’ailleurs pas du tout allergique aux musiques électroniques (5 passages par les Nuits Sonores, un gros festival à Lyon) mais je n’écoute que de la techno minimaliste ou « Berlinoise », voire des morceaux plutôt abstraits.
D’ailleurs, un de mes meilleurs souvenirs de concert « »« metal »« » (je mets des tonnes de guillemets car c’était un concert 100% électronique) était un set de l’allemande Nika Son, pendant lequel je me suis cru dans la salle des machines d’un vaisseau spatial, entouré de moteurs, de pistons et de grondements métalliques. Ce concert m’a permis de comprendre pourquoi je pressentais l’existence d’une passerelle entre musique électronique et metal (l’indus étant une autre voie de passage évident).
On doit avoir quelques goûts en commun car « This must be the place (naïve melody) » est l’un de mes morceaux préférés de Talking Heads. « Nothing but flowers » a souvent eu ma préférence aussi, mais il y a tant de morceaux géniaux sur leurs albums !
Enfin, j’ai cru voir un petit clin d’oeil aux Monty Python (que je vénère, pour le plus grand désespoir de la femme). N’est-il pas ?
PS Quels sont les 2 autres morceaux que tu as choisi pour dire au revoir à ce monde ? (J’ai personnellement choisi un morceau des Monty Python, évidemment).
Si tu aimes Sunn O))), tu aimeras certainement KTL, le projet qui réunit donc Pita et SOMA depuis 2007, initié pour mettre en musique le spectacle Kindertotenlieder de la franco-autrichienne Gisèle Vienne. C’est elle qui a permis la rencontre de ces deux univers apriori éloignés : grande fan de Pita qui est à moitié autrichien comme elle, elle est aussi la compagne de SOMA.
Le projet [url=http://sonhors.free.fr/kronik/dacm.htm]DACM de Peter s’articule également autour des premiers spectacles de Gisèle.
Il existe également une compilation des autres travaux qu’il a composé pour elle, sous son propre nom, intitulée sobrement Works For G.V..
Gisèle a également réalisé [url=https://www.youtube.com/watch?v=G_NIop72vis]le clip Brondo de la collaboration de Sunn O))) avec Scott Walker, les photos péruviennes à l’intérieur de l’album Monoliths & Dimensions de Sunn O))) et a même déjà donné de la voix sur un album de Boris !
Enfin, ce que ne précise pas Pita dans son interview, c’est que SOMA a réalisé de nombreuses pochettes d’albums issus du catalogue du label Editions Mego, et qu’ils tournent ensemble sur certains spectacles de Gisèle où la musique exige d’être jouée en direct live.
Bref, ils sont devenus très proches.
La scène minimal techno allemande est une référence. Je suis particulièrement fan du label Raster-Noton et des projets Basic Channel et Monolake. Je posterai certainement un jour un titre de chacun dans ce topic. N’hésite pas à en faire autant avec tes coups de coeur, hein !
Si tu aimes les musiques électroniques abstraites, Pita (et plus largement le catalogue des Editions Mego) est fait pour toi
Je ne connais pas Nika Son. Je note. Mais oui, ce que tu décris-là, j’en fais l’expérience chaque fois que j’assiste à un concert de musiques électroniques expérimentales, qui s’éprouve physiquement avec son corps plus qu’elle ne s’écoute avec les oreilles. Tu fermes les yeux et tu te laisses aller à ton imaginaire en fonction des sensations que tu reçois et du paysage sonore qui se déploie. Le genre qui me fait le plus d’effet chez moi, c’est celui qui mêle noise, drone et ambient - combo gagnant en live comme sur disque.
Dans mon cas, la passerelle qui a fait le lien entre ma passion adolescente pour le rock (et son aspect plus radical, le metal) et la musique électronique fut… Filter !
[spoiler=Vis ma vie de dégénéré]J’ai 16 ans, je regarde MTV, je tombe par hasard sur une prestation live de Filter. Je tombe amoureux du jeu du batteur. J’achète l’album Short Bus le lendemain. Décéption totale : aucune batterie n’est présente sur le disque, tout n’est que programmation ! Au bout du compte, c’est sur le son tranchant des guitares de ce disque que je finis par tomber amoureux. J’apprends que ce style de musique se nomme « metal indus » et que ces deux chefs de file s’appellent Ministry et Nine Inch Nails. J’apprends que le leader de Filter a commencé sa carrière en jouant dans Nine Inch Nails. Je dois écouter impérativement Nine Inch Nails. J’achète The Downward Spiral de Nine Inch Nails en même temps que Filth Pig de Ministry et Smells Like Children de Marilyn Manson. Je surkiffe les deux derniers, je suis déçu par le premier. Après quelques mois, je me lasse des deux premiers quand je n’arrive toujours pas à cerner le premier, trop WTF? J’ai 17 ans. J’en ai 19 quand sort The Fragile que j’achète à sa sortie. Dans l’intervalle, je me passionne pour le genre « metal indus » et je lis plein de trucs sur Trent Reznor. Le personnage finit par me fasciner. J’ai hâte de le voir enfin sur scène pour me faire ma propre opinion. L’occasion se présente d’y aller avec une nana qui a le permis (et dont je suis secrètement amoureux). C’est le BLAST! Je suis assis dans les gradins à côté de cette nana. Je ne tiens plus en place. Tant pis je laisse en plan la nana toute seule sur sa chaise pour rejoindre la fosse. J’achète le premier album et le premier EP de Nine Inch Nails le week-end suivant. L’opportunité de les revoir en festival se présente six mois plus tard. C’est le DOUBLE BLAST! Le concert n’a rien à voir avec celui vu en salle, c’est encore plus violent, mieux que dans mes rêves ! J’ai 20 ans, j’entre en fac d’arts plastiques, je rentre en contact avec le fan club virtuel de Nine Inch Nails. Les connaissances des fans m’impressionnent et m’effraient. Parmi les influences de Trent Reznor, je note deux noms inconnus, Throbbing Gristle et Einstürzende Neubauten. Je fais des recherches et je commence à percevoir une différence entre les appellations « metal indus » (dit « indus ») et « musique industrielle », que beaucoup de gens semblent confondre. Pourquoi cette distinction ? Qu’est-ce que la « musique industrielle » ? J’achète des albums historiques du genre et j’étudie la question. Je finis par abandonner le « metal indus » américain et le champ des émotions pour épouser la cause des sensations et de la musique industrielle européenne. Celle-ci représente alors pour moi l’équivalent musicale du mélange des courants artistiques dada, futurisme italien, actionnisme viennois, nouveau réalisme français et le mouvement Fluxus, tout ce que je surkiffe et étudie ! En parallèle, je découvre les musiques de Joy Division et Autechre, deux autres références de Trent Reznor. Je découvre un jour les noms d’Autechre et Aphex Twin (dont je connais les deux remixes pour Nine Inch Nails et les deux clips géniaux sur MTV) et le listing détaillé de toute leur discographie inscrit sur le tableau d’une salle de classe à la fac. Je m’informe sur ce cours donné vraisemblablement juste avant le mien. J’assiste à ce cours l’année suivante. Il s’agit d’un cours théorique entrecoupée de brèves extraits sur les musiques expérimentales contemporaines, dont Autechre et Aphex Twin constituent la mise en bouche. Je découvre plein de noms inconnus issus de cette scène excitante. Je prends plein de notes en marquant d’un asterix les projets à explorer en priorité. À la fin du semestre, je rends un devoir libre sur Throbbing Gristle. La fac s’achève. Le jour où je troque mon modem 56k contre une box haut-débit, je télécharge comme un porc tous les albums marqués d’un asterix que je n’ai jamais pu trouver (parce qu’édités entre 500 et 2000ex max.). Parmi ces noms figure celui de Peter Rehberg. Parmi ces albums figure une bonne partie du catalogue de trois labels : l’anglais Touch (post-industriel, ambient, field recording, modern classical, drone et autres sérieuseries), l’allemand Raster-Noton (minimal techno, click’n’cuts, glitch, drone et autre froideries) et l’autrichien Mego (glitch, noise, drone, ambient, abstract et autres dingueries). C’est l’effet boule de neige, chaque artiste avec lequel je me familiarise me renvoie vers le travail d’autres artistes inconnus qu’il me faut examiner. Mais je bosse pas, je suis seul, je sors pas, je déprime. Alors j’explore le versant obscure et radical de ses musiques : dark ambient, harsh noise, power electronics, death industrial, angst pop, etc… d’autres labels : Cold Meat Industry, Tesco Organisation, Nuit et Brouillard, Galakthorrö, Hermetique, etc… Je suis comme un poisson dans l’eau. Je bois ces musiques comme du petit lait. Je découvre Mikko Aspa, un finlandais qui développe de multiples projets musicaux autour de thématiques bien spécifiques (comme la torture sexuelle, le sadisme, la pédophilie, l’inceste) et qui a fondé une multitude de labels bien distincts. L’un de ces labels s’appelle Nothern Heritage, il publie la musique de groupes black metal. L’un d’entre eux se nomme Mgla, il vient tout juste de sortir un album intitulé Exercices In Futility et sa pochette m’interpelle. [/spoiler]
Alors pour le coup, autant je suis très fan de l’album Speaking in Tongues, autant le reste de la disco ne m’a pas fait tant d’effet que ça. Même le Remain in Light, pourtant considéré par beaucoup comme la référence ultime (même par Trent Reznor !) est loin de détrôner à mes oreilles Speaking In Tongues. Je kiffe aussi leur tube Burning Down The House, bien funky.
Absolument ! Je ne suis pas non plus un aficionados de tout ce qu’ils ont fait, hélas. Ce n’est ni ma génération ni ma culture (anglaise, même si je peux être un très bon client de leur humour pince-sans-rire) et je trouve que certains trucs ont un peu trop vieilli, voir sont carrément lourd (comme Le Sens de la Vie où je me suis fait violence dernièrement pour le voir jusqu’au bout).
Je ne peux pas faire l’impasse sur les Doors. J’ai songé que Riders on the Storm ferait classe pendant l’ouverture des portes de la salle, le temps que les volontaires bénévoles s’asseyent. Ensuite, pour le moment de recueillement, je ne peux pas non plus faire l’impasse sur Nine Inch Nails, donc A Warm Place s’impose tout naturellement.
Si je devais mourir une deuxième fois, je choisirais alors un vieux titre de New Order pour remplacer celui de Talking Heads, mais je n’ai pas encore choisi lequel exactement, et je placerais An Ending (Ascent) de Brian Eno en tant que morceau de recueillement. C’est celui que j’ai proposé pour la cérémonie de beau-papa, il a été validé par la fille que j’ai laissé en plan sur sa chaise dans les gradins de mon premier concert de Nine Inch Nails (véridique !) et j’ai vérifié : il fait fureur ! La preuve :
Merci pour ce récit passionnant et passionné. Je vais explorer les références autour de Peter Rehberg et KTM : mes oreilles ont régulièrement besoin d’être surprises.
Du côté d’Eno, « By this river » est un morceau que j’aime beaucoup, ainsi que « Discreet music ».
Est-ce que tu connais l’album « Goodbye to language » de Daniel Lanois et Rocco DeLuca ? (A écouter au casque, de préférence).
Il me reste à plonger dans NIN, que je ne connais pas du tout !
L’idée de mourir 2 fois peut être intéressante, à condition de trouver comment vivre 2 fois.
La question qui s’impose : tu as fini par épouser la « nana » du concert de NIN ?
KTL, pour KinderTotenLieder, le nom du spectacle à l’origine de cette formation.
Je ne les connaissais pas. Je les ai écouté cet après-midi, le titre et le disque. Je suis moins séduit dès qu’il y a du chant. Tous les Eno que je connais sont instrumentaux. L’album Discreet Music m’a bien plu par contre. Les longues plages ambient avec des ritournelles, c’est plus mon truc J’y retournerai avec plaisir, en particulier pour la première pièce !
Je ne le connaissais pas non plus. Je viens de l’écouter, j’aime beaucoup ! Les sonorités rappellent vraiment ce qu’a fait Lanois avec Eno dans les 80’s. Pourtant, j’ai vérifié, cet album date bien de 2016 ! :8 Merci pour le découverte !
C’est bien ce que j’ai voulu laisser entendre… mais en réalité ma formulation cache de l’autodérison. C’est à dire que ce que j’ai écrit est véridique, sauf que je me suis bouffé un gros râteau quand je lui ai fait ma déclaration et c’est ma mère qui a fini par épouser (feu) son père. Elle est donc devenue ma soeur par alliance :rolleyes: .
Et puisque je parle de coeur brisé et de mariage, pour mon morceau du jour voici celui d’un groupe australien dont le bassiste finira par se suicider après une peine de coeur et un premier album intitulé Marry Me Tonight…
NB1 : Le groupe continuera en duo sans le remplacer, pour délivrer une musique toujours mélancolique mais de plus en plus décharnée et spectrale, comme hantée.
NB2 : Doublement hantée même, parce que ce premier album fut produit par Rowland S. Howard - guitariste de The Birthday Party, le groupe post-punk du jeune Nick Cave (dont j’ai vu qu’il y avait des fans ici…) - et qu’il est mort lui aussi peu de temps après la sortie du disque.
Je suis un très grand fan de Bonnie « Prince » Billy, aka Will Odham, vu 2 fois en concert.
Personnellement, mes préférés restent le e.p. « The mountain » et l’album « Viva last blues » sous le nom de Palace Music, et le sublime « The letting go ».