
Eins, zwei, papagei…
Dimanche soir sont arrivées à la maison - presque en même temps - une horrible poule de la battle et la très gentille correspondante allemande de ma grande.


Eins, zwei, papagei
Drei, weir, offizier…
Après avoir consulté la liste des morceaux choisis par nos forumers attentionnés, j’ai serré les dents (pour empêcher les remontées acides), j’ai enfilé une camisole (et je me suis balancé d’avant en arrière en chantonnant…)

… eins, zwei, papagei
Drei, weir, offizier
Fünf, sechs, alte hex’…
… et en me remémorant cette histoire, jadis rédigée dans la langue de Goethe (car, non, les gars d’Eisbrecher ne sont pas les seuls à savoir manier avec… finesse… la plume d’oie).
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LES MUSICHIENS DE CLICHON

Un conte des frères Grimbergen
(inspiré des Musiciens de Brême)
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Il était une fois un âne qui pendant de longues années avait porté pour son maître des fûts de bière, mais ses forces déclinaient et il devenait de moins en moins capable de travailler. Son maître songeait à s’en débarrasser mais l’âne, sentant que le vent soufflait du mauvais côté, s’échappa et pris la route de Clichon. Là, pensait-il, je pourrai devenir musichien du festival. Je fonderai un groupe qui s’appellera Brise-Glace (Casse-Couille étant déjà pris) et j’écrirai un morceau qui s’appellera Ciel, cul et ficelle, et y’a même des gens qui l’écouteront. (je rappelle que c’est une fable. Un truc comme ça serait rigoureusement impossible dans la vraie vie).
Il marchait depuis quelque temps déjà lorsqu’il vit, étendus sur le chemin, un chihuahua et un blaireau qui haletaient comme s’ils avaient couru.
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Pourquoi êtes-vous aussi essoufflés, camarades ? lui dit-il.
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Ah, répondit le chihuahua, nous sommes nazes (attention, je divulgache : ils vont le rester), nous nous affaiblissons de jour en jour et nous ne pouvons plus aboyer ni grogner, aussi mon maître s’apprêtait à nous tuer. Alors, dit le blaireau, nous nous sommes sauvés ; mais maintenant, comment ferons-nous pour gagner notre pain ?
-
Eh bien je vais vous dire comment, reprit l’âne. Je vais devenir musichien à Clichon. Voulez-vous m’accompagner ?
Le blaireau et le chihuahua acceptèrent, expliquant qu’ils allaient fonder - pour le blaireau - un groupe qui s’appellerait In Extremo (ou In Externo - ou Inès Trémolo - de toute façon les gens qui l’écouteront ne sauront jamais écrire son nom et même, s’en foutront) et qui ferait du pouet pouet avec une cornemuse en estomac humain pour changer. Et, pour l’autre, un collectif qui enregistrerait des tarentelles dans les studios Disney - tarentelles interprétées par une horde de Nains recalés six fois des six castings d’une comédie musicale bengalie adaptant Le Seigneur des Anneaux pour les Nuls - collectif habillé de déguisements achetés en solde chez Kiabi ou dans les pires recoins du Bon Coin - collectif baptisé La Rose des Vents (mais plutôt celle qui indique les 4 points suivants : N pour nullité, S pour souffrance, E pour éprouvant et O pour Oh pu…) - musique destinée, par charité, aux 2% de la population qui souffre d’un RETARD METAL (l’équivalent du retard mental, mais appliqué à notre musique ; 2% auxquels s’ajoutent ceux qui, avec une mentalité de contrôleur fiscal, pensent que Sunn O))) et Big | Brave sont une fraude)
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Ils firent route ensemble.
Ils marchaient depuis quelque temps déjà lorsqu’ils trouvèrent une trvie enrovée en train de se frotter la vvlve svr vn vievx tombeav en rvine.
- Pourquoi mets-tu systématiquement des v à la place des u ? demanda l’âne intrigué. Où as-tu appris ça ?
- Dans ton cvl, répondit la trvie, mais comme tout le monde pensait que CVL était le sigle de Conseil de Vie Lycéenne, et qu’ils étaient tous des cancres (surtout en musique), ils s’éloignèrent de la trvie qui leur hvrlait dessvs en levr disant qv’ils étaient pas des trves, evx. Ce que personne ne comprit. Tant pis povr evx.
Peu de temps après, ils trouvèrent sur le bord du chemin un caniche neurasthénique, sortant de huit années de toilettage freudien, qui répètait à l’infini que Môman aime bien le faire la porte fermée (tant pis povr toi); un bouledogue qui glosait comme un balourd sur la vie et les choix qu’il convient de faire (tant pis povr lvi) ; un hongre roi qui vocalisait ; et un hibou qui attendait l’apparition d’un sixième soleil (il peut toujours attendre).
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Pourquoi êtes-vous si chagrins, vieux camarades ?
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Nous aimerions bien savoir ce qu’il y a de réjouissant à faire la battle cette semaine ? répondirent-ils à l’unisson. C’est moche. C’est niais. C’est des clichés.
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Venez avec nous à Clichon, vous vous y entendez fort en sérénades et vous y serez musichien comme nous.
Les quatre compères apprécièrent la proposition et se joignirent à eux. Bientôt les huit vagabonds (car la trve trvie était venve elle avssi) passèrent devant une cour, sur la porte de laquelle était juché un poulet déplumé qui chantait haut et fort.
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Tu nous transperces les oreilles, dit l’âne. Qu’as-tu donc à chanter de la sorte ?
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Je m’appelle Luc Arbogast. Je suis un chapon. Toute ma vue j’ai annoncé le matin. J’ai dansé le branle ou le tourdion chaque jour que Barbaud fait. Mais hier, la maîtresse de maison a dit à la cuisinière de me faire bouillir pour la soupe. Alors je crie de tout mon corps, tant qu’il me reste un souffle de vie.
Ils décidèrent à l’unanimité de l’emmener avec eux. Car là-bas en Clichon, dit l’âne, s’érige une grande cathédrale (enfin surtout la façade) et par delà une tente si belle et si grande qu’elle sera comme un Temple pour nous. Et nous y brairons, aboyerons, grognerons, chanterons, hululerons, hennirons sous les hourras de nos admirateurs.
- Des admirateurs ? s’émerveilla le caniche. Et qui sont-ils ?
- Oh, d’autres ânes ou des blaireaux comme nous répondit l’âne dans sa grande sagesse.
Mais auparavant, ils décidèrent de passer la nuit dans une maison qui semblait abandonnée. C’était en réalité la maison de brigands qui se l’étaient appropriée. Or, les brigands n’étaient pas des manants ; ils avaient appris le solfège, l’écriture et la lecture de partitions, la littérature… Ils avaient lu le conte des musiciens de Brême et ils savaient comment se terminait l’histoire ; une bataille très brève s’ensuivit. Mais il suffit d’un riff - d’un seul riff de Windhand. Il suffit d’un accord - d’un unique accord de Sunn O))). Et il suffit d’une parole - d’une seule parole de Chat Pile pour venir à bout des glaives en plastique, des fourrures en polyester et des refrains en carton des Musichiens. Massacrés par les brigands de la Warzone et par les dealers de la Valley, sous l’œil indifférent des bovins qui broutent du matin au soir l’herbe des MS, l’histoire des Musichiens s’arrêta là. Musique de niche - comme dirait certains - mais ici la niche sent le chien mouillé, l’os déterré, la plume défraîchie, le metal rouillé - rien que j’échangerais contre tout le (folk)l’or(e) du monde.


eins, zwei, papagei
Drei, weir, offizier
Fünf, sechs, alte hex’
Sieben acht, GUTE NACHT !
Neun, zehn, AUF WIEDERZEHEN ! !
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Mon vote (en valeur absolue) :
O pt. pour tout le monde.
En réalité, @Karajuju, JE VOTE BLANC.
Comme ça tu peux me comptabiliser dans les votants (par respect pour ton travail), mais pour départager les groupes il faudrait que je réécoute une 2ème fois et ça, ce n’est juste pas possible.
Il y a des limites à tout.
Je préfère encore aller me faire faire une coloscopie sans anesthésie par un charlatan du Kazakhstan armé d’une caméra Imax et d’un aspirateur industriel… que de m’infliger ça.