Je rebondis sur ce qu’a dit Malou et j’abonde (interdit de traficoter cette phrase) :
1 : certains enseignants n’ont peut-être pas toutes les qualités requises, voire ont des lacunes, mais il en reste des bons. Malheureusement, cette profession peut attirer pour des raisons fallacieuses : statut de fonctionnaire d’état, vacances nombreuses et identiques à celles de ses propres enfants, horaires assez cools… Mais s’engager dans cette voie pour ces raisons est évidemment une erreur, car comment tenir si l’envie de départ n’est pas sincèrement la volonté d’enseigner ?
2 : plus nous avons un niveau d’études élevé (disons d’éducation) et un esprit critique aiguisé, plus on peut constater les carences de certains enseignants, ce que la grande majorité des parents ne pouvaient faire il y a 30, 40 ou 50 ans.
3 : il faut surtout se poser la question des politiques éducatives successives : chaque ministre veut changer les choses, et c’est de pire en pire (cf évaluations des niveaux math, français…) Je suis affligé quand j’entends dire que les jeunes d’aujourd’hui en savent plus que nous. A l’école, qu’apprennent-ils de plus ? Le travail en groupe, l’autonomie, la confrontation à des choix, tout ce qui était plutôt limité avant ? Mais avant on apprenait ça en jouant dehors, avec les copains, dans les rues, sur la place du village ou à la mare du coin. On n’était pas la journée entière le nez collé à un écran, quel qu’il soit, et ça laissait un temps fou pour permettre cette ouverture vers l’extérieur et les autres.
D’un autre côté, on oublie ou on dénigre ce qui n’est plus au programme et qui est pourtant indispensable : les bases, donc lire-écrire-compter… Développer l’esprit d’analyse et l’initiative ? Mais comment faire ensuite quand on n’a pas les mots pour s’exprimer (pauvreté du vocabulaire), sans compter le manque de maîtrise à l’écrit ? La plupart des recruteurs ont un niveau suffisant pour relever les fautes, et celles-ci font souvent la différence à compétences équivalentes.
Attention toutefois, contrairement à beaucoup, je ne dis pas que le bac est plus facile qu’il y a 30 ans. Le bac général est aussi difficile, mais la mention est plus facile (nombreuses options possibles, beaucoup non pénalisantes en dessous de la moyenne). Et surtout les bacs pros apparus au milieu des années 80 sont aujourd’hui très nombreux, et donnent accès au diplôme à plein de jeunes qui à l’époque se contentaient d’un BEP-CAP.
4 : des réformes, il y en a plein qui arrivent… et les contre-réformes suivent. Il y a plus de 20 ans, nous étions, avec d’autres, « département pilote » pour la semaine de 4 jours. Après plusieurs années d’expérimentation apparemment positive, les 4 jours ont été généralisés à toute la France. Et voilà que maintenant, on trouve ça délétère et on revient à la semaine de 4jours 1/2. 20 ans !!!
2ème exemple : l’histoire-géo au lycée, réduite au programme de 2nde et 1ère vers 2010, avec bac en fin de 1ère. Ouais !!! C’était génial, beaucoup mieux !!! Et ça a duré… 1 an ! 2 peut-être. Avant d’être annulé pour revenir… aux 3 années de lycée. Les éminents pédagogues et grands penseurs des méthodes d’apprentissage doivent bien se branler les neurones pour se faire plaisir et sortir de belles conneries, appuyées d’études et statistiques (on sait ce qu’on peut faire dire aux chiffres), pour faire croire à l’idée de génie qui va révolutionner l’école française.
Des réformes qui ont rendu l’enfant plus libre, plus ouvert, il y en a eu, heureusement. Mais celles qui l’ont privé de certains moyens d’accès au savoir ont été nombreuses. Et le « mammouth » aura du mal à le reconnaître officiellement.
Quand je pense que l’ancien système éducatif (celui des plus de 35 ans) est considéré aujourd’hui comme générateur de demeurés. Eh, les viocs, c’est de nous qu’on parle : pauvres abrutis abimés par le système que nous sommes aujourd’hui !!!
A noter que mon père était instit, formation « internat de l’école normale », blouse en classe (sauf sur la fin) et tout le toutim : quand il voit ça, il est bien content d’être en retraite, car déjà en activité, il se désolait à chaque nouvelle réforme.
5 : le fossé, loin de diminuer, va se creuser entre les familles qui pourront assumer l’éducation de base de leurs enfants ET leur enrichissement culturel, et celles qui déjà sont incapables d’aider leurs enfants à l’école (je ne parle pas des exemples cités plus haut, mais bien de parents ayant eux-mêmes des difficultés) et qui n’emmèneront jamais leurs enfants ni au musée voir un tableau ou une sculpture, ni au théâtre, ni visiter un château, ni ni ni… L’éducation ouvre à la culture, la culture ouvre au monde.
6 : si la solution est « un enfant, une méthode », ce qui est tout à fait probable, le système ne le permet pas, faute de moyens à différents niveaux, et de budget en premier lieu. Il faut faire avec, et trouver le meilleur compromis, la solution consensuelle, c’est-à-dire non pas celle qui satisfait tout le monde, mais celle qui ne rencontre aucune opposition majeure. Nuance.