Je sais, je sais… Et le phénomène ne date pas d’hier. Là où les gens s’énervent souvent, c’est lorsqu’ils n’ont aucune info sur le délai de prise en charge : l’heure tourne, et il ne se passe rien pour eux, sans que pour autant ils ne sachent quand ils verront un médecin. Et quand en plus tu souffres, depuis 3-4 heures, et que tu vois arriver avec les pompiers un cas lourd qui va te passer devant, tu commences à déprimer et à péter un câble. Je précise que je n’ai pas vécu cette situation personnellement, en tant que patient. J’observe et je recueille les témoignages, c’est tout.
Les incivilités, il y en a évidemment, mais c’est autre chose, plus grave je pense.
Par ailleurs, en campagne, quand tu n’as plus aucun médecin ni de nuit ni du week-end, tu te tournes vers les urgences hospitalières car c’est le seul endroit où tu peux encore te faire soigner.
Je mets à part quelques cas particuliers. Mais si la médecine de ville prenait réellement en charge les soins qui sont de son ressort (très vaste débat), les urgences seraient moins surchargées en terme d’entrées (en terme d’occupation, c’est souvent un problème en aval : manque de places dans les établissements pour accueillir les personnes que les urgences veulent faire hospitaliser, ne serait-ce que pour une période d’observation).
L’histoire des 3 heures pour 3 points de suture, c’est même 4 heures avec l’aller-retour à l’hôpital. Si la médecine de ville était organisée pour intervenir localement, ce serait 20 mn acte+trajet, ce à quoi on peut peut-être rajouter un peu d’attente, mais pas forcément si une heure de rendez-vous est fixée (genre « venez dans 1h »).
Et je ne te parle que des patients qui peuvent se déplacer !
Enfin, je te passe les alcooliques ramassés sur le trottoir; les rixes qui arrivent en estafette de flics et les pénitentiaires qui débarquent avec 2 mecs qui ne les lâchent pas, ce petit monde étant administrativement prioritaire; ceux qui ont mal au bide depuis le mercredi et qui font leur crise d’angoisse le samedi à 23h30; les femmes agressées avec qui il faut savoir prendre du temps (dont plus personne ne dispose, malheureusement…) etc.
Si ta fille travaille aux urgences, elle doit t’en raconter des vertes et des pas mûres : je n’en rajoute pas