La Taverne

Je sais, je sais… Et le phénomène ne date pas d’hier. Là où les gens s’énervent souvent, c’est lorsqu’ils n’ont aucune info sur le délai de prise en charge : l’heure tourne, et il ne se passe rien pour eux, sans que pour autant ils ne sachent quand ils verront un médecin. Et quand en plus tu souffres, depuis 3-4 heures, et que tu vois arriver avec les pompiers un cas lourd qui va te passer devant, tu commences à déprimer et à péter un câble. Je précise que je n’ai pas vécu cette situation personnellement, en tant que patient. J’observe et je recueille les témoignages, c’est tout.
Les incivilités, il y en a évidemment, mais c’est autre chose, plus grave je pense.

Par ailleurs, en campagne, quand tu n’as plus aucun médecin ni de nuit ni du week-end, tu te tournes vers les urgences hospitalières car c’est le seul endroit où tu peux encore te faire soigner.
Je mets à part quelques cas particuliers. Mais si la médecine de ville prenait réellement en charge les soins qui sont de son ressort (très vaste débat), les urgences seraient moins surchargées en terme d’entrées (en terme d’occupation, c’est souvent un problème en aval : manque de places dans les établissements pour accueillir les personnes que les urgences veulent faire hospitaliser, ne serait-ce que pour une période d’observation).
L’histoire des 3 heures pour 3 points de suture, c’est même 4 heures avec l’aller-retour à l’hôpital. Si la médecine de ville était organisée pour intervenir localement, ce serait 20 mn acte+trajet, ce à quoi on peut peut-être rajouter un peu d’attente, mais pas forcément si une heure de rendez-vous est fixée (genre « venez dans 1h »).
Et je ne te parle que des patients qui peuvent se déplacer !
Enfin, je te passe les alcooliques ramassés sur le trottoir; les rixes qui arrivent en estafette de flics et les pénitentiaires qui débarquent avec 2 mecs qui ne les lâchent pas, ce petit monde étant administrativement prioritaire; ceux qui ont mal au bide depuis le mercredi et qui font leur crise d’angoisse le samedi à 23h30; les femmes agressées avec qui il faut savoir prendre du temps (dont plus personne ne dispose, malheureusement…) etc.
Si ta fille travaille aux urgences, elle doit t’en raconter des vertes et des pas mûres : je n’en rajoute pas :wink:

Merci MacSeb!
Y a juste une petite erreur. L’édition 2019 vient de commencer. L’orga commence déjà avec les préparations. Juste pour nous, c’est encore loin. :wink:

@ Gwenn :wink:
@ ZZ chr, oui en effet tout les exemples dont tu parles, j’ai déjà entendu ( malheureusement je dirai)
Certains pourraient se diriger vers le privé aussi, mais faut avancer de l’argent et d’autre part, le privé, c’est pas pour être méchante mais, ils choisissent un peu ce qu’ils veulent soigner (c’est à dire des actes qui leur rapportent) Ma fille ma dit: « c’est fou le nombre de patients qui nous sont envoyés par les cliniques » Le public, quand à lui, prend tous les cas.
La médecine en campagne, vaste sujet là aussi (et je suis de la campagne :wink: ). En gros, Faut pas être malade de 19H30 à 8H00 pendant la semaine et du samedi 12H00 jusqu’au lundi matin 8H00
Je suis d’accord avec toi sur le fait que, si les médecins de ville pouvaient un peu plus s’occuper des cas ne relevant pas des urgences. Ce serait une amélioration aussi.

Et je confirme que tu n’en rajoutes pas, aux urgences c’est folklo et tout n’est pas racontable :stuck_out_tongue:

Je vois que tu es bien informée et que tu cernes parfaitement le problème… :smiley: :wink:

A noter : en campagne, c’est la pénurie de médecins généralistes qui est la source de beaucoup de maux…

Malheureusement il n’y a pas qu’en campagne… je suis dans une ville de 45000 habitants et je suis obligé de faire 25km pour trouver un médecin qui m’a prit comme patient…

Et je ne parle pas d’un collègue qui n’a tout simplement plus de médecin traitant depuis que le sien est parti en retraite… il a essayé tous les médecins dans un rayon de 30km …

C’est vrai que les villes commencent à être touchées, même les grandes de + de 100 000 hab. Comme tu le dis : départs en retraites souvent, saturations des praticiens parfois… Moins de médecins (il y a eu un gros creux avant qu’ils ne remontent le NC : 8671 en 77, 3500 en 93, 8205 cette année dixit Wiki…), des jeunes praticiens qui ne veulent pas bosser 75h/semaine comme leurs ainés (on peut comprendre), qui ne veulent pas s’empêtrer dans les lourdeurs administratives imposées aux libéraux en plus de leur activité, des généralistes qui font autre chose que de la médecine générale (nutritionniste, phlébologue, urgentiste, hypnose médicale, esthétique non chirurgicale, ostéopathie…), autant d’actes de médecine générale qui ne sont pas assurés.
Conclusion : il faudrait augmenter le nombre de spé MedGen et les inciter à s’installer pour pratiquer la médecine générale. Mais au rythme où ça va, j’ai l’impression qu’on n’est pas sorti de l’auberge…

(peut-être aurons-nous l’avis de Strinkenn sur ce sujet…)

Je te le fais pas dire… Mais c’est pas avec les minuscules augmentations du NC actuel que la situation va s’arranger. (+5places en 5 ans à Brest par exemple… génial).
Il faudrait vraiment une grosse augmentation du nombre d’étudiants, mais le souci, c’est que ça demanderait un investissement important de la part de l’Etat de former plus de monde, et dès qu’il est question d’argent, la santé publique passe à la trappe… Donc on continue de forcer sur un système à bout de souffle, tant que ça tient encore.
Je sais vraiment pas vers quoi on se dirige, mais je suis pas persuadé que ça va être super fun. Je ne sais pas à quoi va ressembler notre système de santé quand je serai médecin.

Oui. Il y a aussi une majorité de femmes dont pas mal n’exerceront jamais.

Augmenter le NC et imposer la localisation de l’installation.

Je précise que je n’ai pas le problème dans ma région (côtière).

??? Je voudrais bien une explication de texte

(Je demande sérieusement, je suis simplement surpris par cette réflexion, je ne la juge pas)

C’est la vieille légende qui veut que beaucoup de filles s’inscrivent en fac de médecine juste pour trouver un mari médecin.

C’est du second degré ?
Ou t’es sérieux ? Oo
J’ai jamais entendu ça de ma vie lol

J’ai souvent entendu cela justement… et j’espère aussi que cela est faux !

Depuis environ 20 ans on a une forte féminisation des professions liées à la santé dont les médecins.
Environ un quart des médecins diplômés n’exercent pas.

Ensuite, le pourquoi du comment c’est autre chose… et ça va bien au delà des étudiantes en médecine qui se cherchent un mari médecin (effectivement une légende urbaine, du moins j’ai n’ai jamais vu d’étude là dessus).

Parmi les explications, les modes de vies ont changé, comme l’approche du métier, le contexte familiale… etc…

Il y aurait beaucoup à dire sur le secteur médical oui,

on va pas tous se plaindre mais tant qu’on y est,
deux anecdotes personnelles:

1 - Mes deux filles sont nées à l’hôpital: tout s’est bien passé, même la deuxième qui est sortie par le siège (fesses en premier) car un praticien savait comment sortir un bébé de cette façon (on a eu de la chance apparement ça ne se fait presque plus c’est césarienne directe pour beaucoup :frowning: )

  • Mon fils est né à la clinique: accouchement impeccable malgré l’insistance pénible de l’anesthésiste pour poser une péridurale (on sentait vraiment que c’était pour facturer la prestation plus qu’autre chose)
  • Après ça se gâte, on nous annonce froidement qu’il à une trisomie 21, qu’il faut l’élever comme n’importe quel autre enfant, et puis rien de plus… :frowning:
  • Pendant son premier mois il allait pas bien, pleurait beaucoup… à la visite des un mois à la clinique, il n’avait pas repris son poids de naissance, on nous annonce qu’il faut l’hospitaliser pour savoir ce qu’il a. Et oui, maintenant que les actes qui se facturent bien sont passés, ouste à l’hôpital pour le Service Après Vente!!! 8)
  • Et bien heureusement car à l’hôpital: prise en charge exemplaire, pédiatre qui nous a accompagné et donné tout les renseignements sur le handicap, pendant un mois d’hospitalisation beaucoup d’examens pour déceler les malformations possibles liées à la trisomie (rien à signaler heureusement) et je ne fais que résumer… :wink:

On a bien senti deux façons de gérer la santé, et l’hôpital commence à rechercher aussi la rentabilité maintenant :mad:

2 - cette année je me suis bien entaillé deux doigts en faisant des travaux:
ma femme appelle notre médecin qui nous dit de venir immédiatement; arrivé au cabinet médical elle (mon médecin est une femme) regarde mes doigts, rien de grave de touché, elle m’a fait les points de suture (trois au majeur et deux à l’annulaire) en dix minutes j’étais reparti… Si j’avais été aux urgences (à 500 mètres du cabinet médical) je pense qu’une heure ou deux de plus auraient été nécessaires…
depuis, tout le monde est étonné que se soit mon médecin qui m’ait fait les points… 8)

Aller, stop, on revient au sujet…
ha non, c’est la taverne on dit ce qu’on veux…

Tavernier! une tournée générale!!! :smiley:

Imposer la localisation c’est une vaste connerie par contre.

L’état est le premier responsable de l’existence des deserts medicaux: fermeture des écoles, des services publics, etc. Si les coins paumés sont désertés ce n’est pas parce que les médecins veulent bosser sur la côte d’azur, c’est parce que personne ne veut s’installer dans un coin ou il n’y a pas d’école pour ses gosses, pas de travail pour son conjoint, 30bornes pour voir la première ville!
Mais le gouvernement arrive a faire croire au public que c’est la faute de ces égoïstes de médecins… j’ai grandi en pleine cambrousse, je connais.

Ensuite c’est extrêmement dur de travailler dans un endroit où tu es le seul médecin. C’est pas un problème d’argent, ça paie très bien à la campagne. Mais tu n’as pas de vie. La quantité de travail est surhumaine. Tu peux tirer un trait sur ta vie de famille et tes loisirs.

Et l’argument magique « l’État paye vos études, vous avez une dette » est complètement faux. Déjà ce sont des études très longues, et elle sont loin d’être gratuites. Les frais d’inscription sont certes minimes, mais ils se rattrapent (entre autres) avec les livres, édités au niveau national, indispensables à nos etudes et qui nous coûtent une fortune. Et surtout, NOS ÉTUDES financent le système de santé! Car à partir de l’externat (4ème année) nous travaillons à l’hôpital, et ce travail est essentiel. Sans nous, pas de CHU. Mais ce qui est beau, c’est qu’on est payés une misère. Mais vraiment. L’an prochain, pour 30h par semaine, trois semaines sur six, avec des gardes de 24h, je serai payé 104 € net. Soit 4 fois moins que le salaire légal d’un stagiaire universitaire. Grosse modo 1€ de l’heure. Et ça s’arrange pas avec le temps. En tant qu’interne, bac +6 minimum, le salaire c’est moins que le smic! Alors qu’on bosse comme des médecins! (1800€ en moyenne pour 60-70h par semaine sans compter les gardes…)

Il a été estimé que l’État économise 8 milliards d’euros par an par rapport à ce qu’il devrait nous payer. Et on l’accepte, on sait bien qu’on sera bien payé plus tard, et qu’on aura une bien meilleure qualité de vie que pendant nos études. Qu’on l’aura bien mérité.

Alors quand on commence à nous dire qu’on est des privilégiés égoïstes et que c’est à nous de réparer les failles créées par nos dirigeants, on voit rouge, désolé. Notre liberté d’installation, on morfle pendant 10 ans ou bien plus pour l’avoir, dans des conditions que personne n’accepterait…

@Tiri : Oui, aujourd’hui l’hôpital raisonne en termes de rentabilité, et vu de l’intérieur c’est déprimant…

Je suis surprise quand tu parles d’insistance pour poser la péridurale.
C’est un acte qui peut être dangereux…
Après, je pense qu’on a tous vécu des choses horribles en hôpital.
Mon accouchement, j’ai eu un accouchement traumatisant (seule, double déclenchements, 16h de travail pour finalement avoir une césarienne, on m’a mal posé ma péridurale, ils s’en servaient pour l’anesthesie mais comme ça a été mal fait, j’ai tout senti quand on m’a ouvert le ventre et sorti mon fils.
Apparemment ça arrive à 10% des césariennes ce genre de choses…
Pour l’handicap de mon fils, ils n’ont rien vu aux échographies pendant la grossesse alors qu’ils auraient dû.
A l’accouchement, personne m’a expliqué l’handicap de mon fils, on m’a Littéralement évitée, j’ignore encore aujourd’hui pourquoi.
C’est seulement quelques semaines après qu’on m’a expliqué l’handicap de mon enfant.
J’ai dû chercher seule toutes les démarches, que ce soit au niveau de la reconnaissance de son handicap, de ses prises en charge mais surtout pour son suivi médical.
J’ai du attendre 3 ans qu’il soit pris en charge par un suivi pluridisciplinaire dans un pôle de référence de son handicap qui est à 3h de route de chez moi…
Et franchement, le pire n’est pas que le manque de médecins, d’hôpitaux, c’est le manque de connaissance, je passe mon temps à expliquer l’handicap de mon fils à des médecins, et à remplir des papiers, la France est vraiment le pays de la paperasse XD

Je vois un peu, un pote est à l’hôpital et je sais ce qu’il vit :frowning:

Bibson, l’épreuve du handicap c’est quelque chose, je pense qu’on a vécu et qu’on traverse des choses assez similaire. Heureusement il y a des structures qui fonctionnent bien (ADAPEI pour nous par ex) quand le handicap est connu et reconnu, mais autrement oui c’est toujours compliqué les démarches et paperasses… :wink:

entre la déprime post hellfest, les retours de comportement douteux, les débats houleux, les troll qui nous traite de boudin :lol:, le débat sur le corps médical…

j’ai donc décidé de rester sous ma couette jusqu’à l’année prochaine, voila ! :stuck_out_tongue:

:smiley: :smiley: :smiley:

Si je ne savais pas que c’était en France, je dirais que c’est la Wallonie. Même histoire, surtout dans le Luxembourg (belge)!