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Voici une chronique qui me titille depuis bien longtemps.
chronique
PRIMORDIAL - HOW IT ENDS
Tout d’abord, sachez que chaque sortie de Primordial est pleine d’attente pour moi. Sera-t-elle un nouveau chef d’œuvre à la The Gathering Wilderness, un album bourré de tube comme To the Nameless Dead ou quelque chose de plus surprenant comme le dernier Exile Amongst the Ruins ? Et bien il y a, pour moi, un peu de tout cela dans ce How It Ends.
Pour ceux qui ne connaisse pas le groupe, il faut savoir que Primordial fait du… Primordial. Difficile d’expliquer leur style musical. Ils sont, à l’instar d’autres groupes comme Funeral Mist, Enslaved, Immortal ou encore, dans un tout autre genre, Deftones, reconnaissable rapidement par les gens ayant déjà écouté leur musique. Leur mélange de Black, de Pagan, de Heavy et de Folk Celtic est juste unique et inclassable. Ce côté épique prenant très souvent aux tripes pourrait être le symbole de leur style mais cela serait sans doute trop réducteur. L’univers du groupe est plutôt sombre et hanté par l’histoire tourmentée de son Irlande natal et par ses combats pour sa Liberté.
Fondé en 1993, le line-up du groupe, réduit par le départ en 2023 du guitariste Micheál O’Floinn qui opérait depuis 2002 au sein du Primordial, est toujours composé de 3 des 4 membres fondateurs du groupe et du batteur arrivé pour sa part en 1997. Pour résumé, la constance est tout simplement de mise dans ce combo. Après ces quelques présentations, passons à l’album à proprement parlé. Ah j’oubliais, je ne serai probablement pas du tout objectif dans cette chronique car je suis ultra-fan de Primordial. Mais cela vous donnera une idée de ce que l’on trouve chez eux. Et si cela peut vous donner envie d’aller les voir en live, ce sera une victoire pour moi.
10ème album, et première création à 4 depuis le 4ème album qu’était Storm Before Calm, ce nouvel opus est plus énervé que le précédent, retournant vers des terres plus en adéquation avec ce que l’on peut attendre d’eux. La production a de nouveau été confié à Chris Fielding qui était déjà aux manettes de To the Nameless Dead et Redemption at the Puritan’s Hand et qui a travaillé sur quasiment tous les albums de Winterfylleth mais aussi avec Saor, Fen, Urne ou encore Napalm Death et Conan dont il est l’ancien bassiste. Un gage de qualité indéniable.
Le démarrage est tout en calme avant de basculer vers le grandiose grâce au tubesque How It Ends. Digne héritier des classiques du groupe, il est rythmé et entrainant à souhait même si le thème ne pousse pas à la joie et au sourire. Alan Averill alias A.A. Nemtheanga, chanteur charismatique de ce quatuor, nous donne déjà un aperçu de ses capacités vocales que je trouve hors normes. Ces mélodies endiablées et ce son de guitare typique de Primordial me filent la patate !!! Et que dire du dyptique qui arrive juste après et qui commence avec Ploughs to Rust, Swords to Dust. Malgré l’intro un peu longue, reproche assez récurrent pour moi chez eux, découvrez la voix grave de A.A. qui me manquait tant depuis quelques années. Des apparitions par ci par là dans les derniers LPs mais vraiment pas assez à mon goût. Ce second morceau est plein de rage et est «clairement» dans la veine sombre et désenchantée du combo. Il faudrait d’ailleurs que je fasse un best-of des titres de Primordial dans ce style plus agressif. Sachez que les 2 derniers couplets de ce titre sont tirés d’un poème de 1914 nommé The Dark Way. Une transition parfaite pour le morceau suivant que le groupe dédicace au poète responsable de cette œuvre, Joseph Plunkett. Nationaliste et indépendantiste irlandais, il fut l’un des responsables de l’Insurrection de Pâques en avril 1916 à Dublin, insurrection qui finira dans le chaos et le sang puisque celui-ci fut exécuté 9 jours plus tard dans la tristement célèbre prison de Kilmainham. We Shall Not Serve est une synthèse de ces combats pour leur Liberté vis-à-vis de l’occupation britannique que les irlandais durent mener. La rapidité du morceau et la violence dans la voix de A.A. me donnent envie de tout péter et c’est bien là une réussite car tous les titres me faisant ce genre d’effet finissent dans mon Panthéon personnel. Clairement, ce titre est un pur chef d’œuvre. Une perle parmi les perles du groupe. A chaque écoute, il me file un frisson indescriptible que je ne peux réprimer. Un classique en devenir et un morceau qui risque de rester longtemps dans leur setlist de concert. S’en suit un interlude reposant et dans une veine traditionnelle pour nous sortir un peu de cette noirceur palpable. Tout cela pour replonger dans un titre des plus habités par le désespoir et le désenchantement si cher au groupe. Pilgrimage to the World’s End fait partie de ces morceaux emplis de mélancolie qui filent le bourdon par leurs rythmes et leurs profondeurs. J’en ai les larmes aux yeux à chaque écoute. Je ne peux que vous invitez à tenter l’expérience et à rester jusqu’à la fin pour assister à l’un des cris les plus perçants de la carrière du sieur Averill. Une pépite lancinante et tristement belle. Mais pourquoi est-ce que j’aime me faire mal à la réécouter très régulièrement ? Je n’ai pas de réponse. Je l’aime. Tout simplement. S’en suit un morceau plus conventionnel mais tout aussi perturbant car dans un rythme en boucle qui entête bien et reste gravé assez longtemps. Nothing New Under The Sun est une chanson de mi-album plutôt reposante et elle est suivi de Call to Cernunnos qui part dans quelque chose de plus Celtic Folk. Presque joyeuse, elle reste quand même dans ce que Primordial sait très bien faire : Poser une ambiance. Nous faisant entrer dans la dernière ligne droite, All Against All laisse la joie derrière elle et nous fait replonger dans la douleur. Nous sommes ici sur un morceau plus méchant et beaucoup plus dans la veine Black du groupe. Voix plus arrachée, guitare plus incisive, batterie plus lourde, on est sur un registre assez rare chez eux. Et cette fin à rallonge ressemblant à une complainte finit d’enfoncer le clou par sa force brute. La suite sera plus calme grâce à Death Holy Death et son rythme lent et posé. Une quasi ballade en forme d’épitaphe pour les gens qui quittent ce monde en direction de la terre qui les a vu naitre. Comme toute bonne chose a une fin, on arrive sur Victory Has 1000 Fathers, Defeat Is an Orphan qui clôture cette galette de façon presque positive ou en tout cas plus festive que la majorité des autres titres qui la précède. Ce single sorti en premier extrait m’avait fait peur à sa parution car il revenait sur un style plus grand public qui me déplait légèrement chez Primordial. Avec le temps, et après de nombreuses écoutes, ce morceau plus Heavy et à tendance Folk ne me dérange plus car je le prends pour ce pour quoi il a été, à mon avis, fait : Un morceau d’accroche. Il s’écoute sans déplaisir et referme ce 10ème chapitre avec entrain.
En résumé, cet album est une vraie réussite pour moi et une sorte de retour au source du groupe. Plus d’une heure de pur bonheur à déguster une Guinness à la main. Ah bah non, c’est ballot, je n’aime pas la Guinness… Et bien ce sera une 5 Lamps alors.
« And we shall not serve, not then, not now, not ever.
And you can take it to the grave.
And we shall not serve, not now, not then, not ever.
And take it with you to the grave. »
1 - How It Ends (7:50)
2 - Ploughs to Rust, Swords to Dust (7:35)
3 - We Shall Not Serve (7:18)
4 - Traidisiúnta (The Bothy Band cover) (Instrumental) (2:12)
5 - Pilgrimage to the World’s End (7:07)
6 - Nothing New Under the Sun (7:11)
7 - Call to Cernunnos (5:59)
8 - All Against All (8:48)
9 - Death Holy Death (5:40)
10 - Victory Has 1000 Fathers, Defeat Is an Orphan (6:14)
Total : 1.05.54
Temple
Artiste non présent en 2025
Rendez vous demain dans un autre topic.
Edit : (La suite est ici)
Merci @Infestus pour cette belle chronique sortie de ton coeur…ça fait envie d ‹ écouter l › album et de les revoir encore …
On a partagé quelques uns de leurs concerts ensemble, mais toi tu les as vus bien plus et les connais bien mieux…
Continue à nous les partager
La Battle Temple?
Cela se passe ici.
chronique
Bloodbark-Sacred Sound of Solitude
Je dois le confesser : le Black Metal que je préfère est celui qui me fait voyager. Par ses atmosphères, comme c’est le cas ici, m’invitant à la randonnée dans des paysages et des lieux où l’humain ne met quasiment jamais les pieds (et tant mieux). Par ses riffs, froids et mélodiques comme le fait si bien la scène Finlandaise. Ou par ses nappes de claviers, dressant le portait de contrées inexplorées, quelques fois hors de notre univers (Stellar Forest, Midnight Odyssey). Oh bien sûr, je ne suis pas insensible à la froideur brutale d’une production raw au possible, d’une batterie monolithique et martiale ou de riffs qui ne ralentissent jamais le tempo mais j’ai quand même ma petite sensibilité dirons-nous.
Second méfait de Bloodbark qui nous vient d’on ne sait où, le groupe ne daignant ni donner le nom du ou de ses musiciens, ni sa localisation sur notre planète et qui propose toujours un Black Atmosphérique envoûtant. Bien plus envoûtant et travaillé que son précédent album, de bonne qualité, mais qui se perdait dans des longueurs intempestives sans réel intérêt. Certes, le groupe continue de prendre le temps de dérouler son propos (le premier titre dure 8 minutes et, de manière globale, on est à 5 titres pour 41 minutes de musique) mais ne s’éternise pas outre mesure et réussi à ne pas ennuyer l’auditeur que je suis.
Il réussit par contre à créer une ambiance au sein de ses morceaux qui invite à découvrir la montagne. Mais pas la montagne dangereuse, où le vent souffle plus que de raison et où le brouillard ambiant ne vous permet pas de voir ce qu’il y a deux pieds devant vous. Non, c’est une montagne apaisée, douce, reposante. Revigorante même. Et si la batterie s’envole à plusieurs moments, partant dans de belles sessions de blast, les riffs envoûtants des différents morceaux sont nos guides tout au long de l’album, auxquels s’ajoutent des solis très bien placés. La voix sait aussi varier les plaisirs : entre chant Black, voix plus claire teintée d’effets ou des textes simplement parlés, tout est parfaitement huilé.
Northern Silence Productions ne s’est pas trompé en signant ce second album de Bloobark tant la proposition sied totalement à ce que propose ce label habituellement. Une excellente sortie du début d’année 2025.
Temple
Artiste non présent en 2025
Soyez tolérants, ceci est ma première chronique de Black Metal ! N’ayant ni les connaissances, ni le talent de l’ami @Infestus pour mettre des mots sur ce genre musical, j’espère ne pas avoir dit de bétise !
Merci beaucoup pour cette chronique, et album noté dans la liste d’écoute (ça commence à faure beaucoup)
Oh je te comprends, la mienne déborde de partout aussi . Je crois que j’ai une trentaine d’albums de Death Metal à écouter par exemple.
Moi c’est le black, ça fait 1 semaine que je m’y suis remis ( c’est de ta faute ) et j’ai trop d’albums à écouter
Tu avais écouté Aara - Eiger chroniqué ici même par @Infestus ? Montagnes, froideur etc…
Bien sûr, j’adore cet album
chronique
Stick To Your Guns-Keep Planting Flowers
Je n’avais aucune attente concernant cet album. Je dois même dire que j’étais plutôt pessimiste tant les deux derniers méfaits du groupe (True View en 2017 et Spectre en 2022) m’avaient pas mal déçu. Non pas qu’ils étaient mauvais en soi mais l’inspiration ne me semblait plus au beau fixe, le groupe tentant des incursions dans d’autres univers mais avec une telle timidité que ça ne fonctionnait pas.
Loin d’être des jouvenceaux de la scène Hardcore Américaine, Stick To Your Guns a proposé en ce début d’année son 8ème full-lenght, ce qui n’est pas rien quand on sait la probabilité qu’ont les groupes de Hardcore de splitter au bout d’un ou deux albums (voire aucun quelques fois). Toujours mené par le très engagé Jesse Barnett qui ne rate jamais une occasion de parler des causes qui lui tiennent à cœur (la Palestine, les droits de la communauté LGBTQI+), cette nouvelle offrande m’a surpris pour la simple et bonne raison que STIG est revenu à ce qu’il sait faire de mieux : un Hardcore moderne ultra catchy, mêlant mosh-part, voix hurlé et refrains en chant clair.
Et pourtant, je ne suis vraiment pas un client de ce type de procédé du chant clair sur le refrain, repris depuis plus d’une dizaine d’années par toute la scène Metalcore moderne actuelle. 98% du temps, c’est niais et chiant. Mais Stick To Your Guns fait office d’exception me concernant car je trouve justement que c’est dans cette dualité qu’ils sont les meilleurs. Peut-être aussi car les parties moins mélodiques sont vraiment des parties Hardcore, mosh-parts efficaces à l’appui, là où la scène Metalcore moderne va s’appuyer sur du riff assez insipide. Egalement car la voix de Jesse Barnett est excellente dans les deux registres (c’est également le cas en live par ailleurs), permettant ainsi au groupe de se forger une véritable identité au sein de la scène Hardcore au fil des ans.
Cet album propose aussi un condensé de tubes qu’il est difficile d’ignorer : Spineless, Invisible Rain, Severed Forever, Who Needs Who (avec Scott Vogel de Terror/Buried Alive) ou encore More Than A Witess. Alors oui, les titres sont quasiment tous pensés de la même manière, ce qui ne fera probablement pas durer cet album dans le temps puisqu’un sentiment de lassitude pourrait effectivement apparaître au bout de quelques mois. Néanmoins, retrouver le groupe à un tel niveau était quasi inespéré et ne peut être qu’encourageant pour la suite. Reste à parler, évidemment, du titre « Keep Planting Flowers », presque détonnant au sein de cet album et renvoyant à un Post-Hardcore/Emo, finalement pas si loin d’un Touché Amoré par exemple mais en moins impactant peut-être (quoi qu’en live, l’émotion était de mise sur ce titre parfaitement interprété par le groupe).
Si Stick To Your Guns signait ici son dernier album alors les Ricains partiraient sur une excellente note. Espérons qu’ils continuent dans cette voie qu’ils maitrisent à la perfection pour les prochaines offrandes. Dans tous les cas, j’en attends désormais beaucoup pour les années à venir !
Warzone
Artiste présent en 2025 le samedi