chronique
Uulliata Digir-S/T
Lors de ma chronique concernant Spirit Of Ecstasy de de Imperial Triumphant, j’avais conclu en disant que leur musique serait impeccable pour un film d’horreur.
Je maintiens cette hypothèse… Mais pourquoi je parle des New-Yorkais ici ? Tout simplement parce que la comparaison avec Uulliata Digir est flagrante au niveau de l’ambiance globale que dégagent leurs albums d’une manière générale.
Les polonais originaires de Poznan ont sorti à la mi-janvier de cette année leur premier effort qui n’est pas sans rappeler l’œuvre labyrinthique des américains.
Il y a de la technicité et de la complexité dans leurs compositions, mais tout est fait dans un souci de musicalité et de cohérence, tant et si bien que l’atmosphère durant les quelques 40 minutes de l’album ne laissera personne indifférent.
Cette œuvre nécessite une oreille aguerrie, ce n’est clairement pas un album pour se lancer dans ce que l’on peut qualifier de metal avant-gardiste. Non, un disque comme cela s’apprivoise, telle une bête sauvage et étrange.
Dissection de la bête :
Tout commence avec le nom du groupe issu d’une combinaison de mots estoniens et somaliens, ce qui annonce un mystère autour de leur identité musicale.
Cette dernière est difficilement lisible et classable, les étiquettes pour qualifier le groupe sont compliquées à attribuer.
Malgré tout, certains styles sont identifiables : le dark jazz d’abord, grâce aux motifs joués par la batterie ou bien la trompette.
Mais la musique des polonais va bien plus loin que celle d’un brass band, elle emprunte également des éléments death et Black, y compris dans le chant avec des screams et du growl. La voix masculine justement semble donner la réplique à celle féminine, dans ce qui pourrait être dans incantations, des rituels.
Le rendu de ce mélange de style contribue à une sorte de voyage captivant mais malsain, curieux mais angoissant. Les émotions s’entremêlent, et de succèdent, un peu comme ce qu’a vécu en terme d’évolution psychologique Florence Pugh dans Midsommar. On passe de la mélancolie au dégoût, de l’angoisse à l’instinct de survie mais à la fin à la redemption, l’autosatisfaction identifiable musicalement par quelque chose de plus lumineux et empli d’espoir que ce que l’on a pu écouter sur le reste de l’album.
Quoiqu’il en soit, Uulliata Digir propose une musique fusion sombre mais riche, aux sonorités novatrices, déroutantes et complexes dans un paysage musical contemporain, et ce n’est pas forcément accessible et appréciable par tout le monde.
Malgré cela, les polonais livrent un premier album fort intéressant, l’ambiance de cet ouvrage en fait indéniablement un disque remarquable de ce début d’année 2025.
Artiste non présent en 2025