Live-report : Stick To Your Guns + Bodysnatcher + Elwood Stray + No Cure (Trabendo - 25/01/25)
Un concert par mois, voilà mon nouveau rythme pour l’année 2025. Non pas que je ne souhaite pas en faire plus, bien au contraire (si je m’écoutais, ça serait 4 par semaine) mais ma vie familiale ne me permet pas d’en faire plus désormais.
Alors il faut bien les choisir, sous peine d’avoir quelques regrets. J’avoue donc avoir hésité à maintenir ce concert de STYG au profit d’un autre (Grive par exemple) mais la sortie du nouvel album des Ricains m’a convaincu de maintenir ma venue.
Direction donc le Trabendo après avoir passé une petite heure chez ma tante (habitant proche du Parc de La Villette) et d’avoir croisé Miilu et marmoudah du Discord au café du coin. Je croiserai également Manzana dans le Trabendo directement. Allez, on passe direct aux hostilités : parlons musique !
No Cure ouvre donc la soirée et c’était l’une de mes plus grosses attentes. Ayant pondu un excellent skeud fin 2024 (« I Hope I Die Here »), les Ricains balancent un gros Death/Hardcore sentant bon la violence débridée. Ils déboulent sur scène devant une fosse loin d’être remplie puisque une majorité du public préfère rester en retrait, sur la plateforme un peu surélevée à l’arrière. Tu m’étonnes John, pas une fosse remplie mais une fosse agitée avec quelques adeptes du pied bouche à l’agilité impressionnante. Par contre, il faisait sombre donc il fallait faire quand même attention de ne pas s’en prendre une par inadvertance. Et le groupe alors ? En pleine forme pour ce premier passage en France malgré un mix un peu brouillon. Mais qu’importe, le frontman est déchainé, armé de sa plus belle doudoune/capuche et hurlant dans le micro en incitant le public à se mettre sur la gueule sur « Laceration Divine » ou « Hang Me From the Bible Belt » issu du dernier album. Et puis bien sûr, le final tant attendu sur « No Cure Straight Edge Die Slow Fuck You », énorme banger emblématique du groupe qui clôture une prestation bien violente.
Initialement, Magnitude devait être de la partie mais la femme du batteur ayant un cancer, le groupe s’est finalement retiré cette belle tournée. Pour les remplacer, les Allemands de Elwood Stray ont été appelés en renfort. Mais désolé de le dire, on a bien perdu au change. Le groupe officie vraiment dans ce Hardcore/Metalcore moderne aux refrains en chant clair, finalement pas si incohérent vu que STYG propose quelque chose de similaire. Sauf qu’ils n’ont pas le talent de composition de la bande de Jesse Barnett mais qu’en plus, les parties plus violentes sont bien plus typées Metalcore moderne que la tête d’affiche suscitée. Héritant tout de même d’un son aux petits oignons (je suspecte l’usage de bande sur certains passages, Miilu a eu la même impression…), les gars étaient chauds et la fosse s’est un peu plus remplie pour eux. Forcément, moins de moulinage au programme et un public plus adepte de ce son très aseptisé. Sans totalement m’ennuyer, l’énergie ultra positive du frontman aidant ainsi que des musiciens ultra heureux de jouer à Paris, je me demande quand même comment les fans faisaient pour reconnaître les titres tant ces derniers étaient tous composés de la même manière. Bref, clairement un groupe qui n’est pas pour moi mais si le public a adhéré, qui suis-je pour juger ?
J’avais écouté le dernier EP de Bodysnatcher que j’avais d’ailleurs mis en avant dans l’une de mes chroniques où j’avais qualifié le groupe comme ceci : « Grosse production donc, quelques breaks bien salaces, une voix maitrisée, ça pourrait plaire aux fans de Kublai Khan qui souhaiteraient un peu plus de consistance dans le riffing. Sans en être un fan absolu, cet EP me donne envie de les découvrir en live en janvier prochain ! ». Et effectivement, on retrouve ce Hardcore/Downtempo Deathcore similaire à ce que j’avais écouté. Les plus agiles moshers reviennent dans la fosse, les fans d’Elwood Stray se retirent… Gros changement d’ambiance pour un pit sous testostérone. Dès le premier titre, un pote viendra me crowdkill (il n’a pas tapé fort, pas d’inquiétude), ce qui lancera vraiment les hostilités me concernant (gros moulinage en perspective juste derrière, on ne se refait pas !). La voix oscille vraiment entre Death et Deathcore, pareil pour la musique finalement et je confirme la filiation avec un groupe comme SPITE (j’en parlais justement sur ma chronique). Tellement calibré pour le live qu’on pourrait douter de la sincérité du bousin mais finalement, l’ambiance et la bonne humeur des gars de Melbourne (en Floride, pas en Australie hein !) m’ont totalement conquis. Pas sûr de réécouter en studio néanmoins mais les revoir en live me ferait le plus grand bien.
J’ai été totalement séduit par « Keep Planting Flowers », le 8ème opus de Stick To Your Guns sorti il y a peu. Après, selon moi, deux albums en demi-teinte (Spectre et True View), Jesse Barnett et sa bande reviennent avec un album dans la droite lignée de Disobedient/Diamond. J’avais donc grande hâte de découvrir ces nouveaux morceaux en live.
Après un « Take On Me » qui passe dans la sono (avec le public qui reprend en choeur le refrain), STYG déboule et balance direct « Against Them All », un de leurs titres les plus connus. Il y a plusieurs écoles concernant cette façon de procédé : certains trouvent qu’il faut garder les gros hits pour la fin du show, d’autres pensent (et c’est mon cas) que balancer dès le départ un énorme tube permet de se mettre dans la poche le public dès le départ, à condition de maintenir l’énergie à son maximum durant tout le set. Ce fut clairement le cas tant l’enchainement des titres était savoureux avec un « Severed Forever » qui s’imbrique naturellement à la suite et un « Such Pain » (sans chant clair du coup) pour durcir le ton et ainsi rappeler que STYG maitrise tous les registres. Les nouveaux titres (Spineless, Invisible Rain…) s’intègrent parfaitement bien dans le set des Ricains, preuve encore une fois que cet album est vraiment dans la lignée de Diamond/Disobedient). Sans rentrer dans le détail de tous les titres (je vous balance la set-list plus bas), quelques moments marquants sont à mettre au crédit du groupe :
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L’excellente « What Choice Did You Give Us » que Jesse introduira en expliquant que ce titre est dédié au peuple Palestinien (Jesse Barnett fut l’un des premiers à signer une tribune pour la Palestine en 2024 et défend cette cause depuis de nombreuses années) avec une petite partie du public criant « Free Palestine » à la fin du titre. Intéressant d’ailleurs de voir que le public de STYG, adepte de Hardcore moderne et n’affichant pas forcément ses convictions, est un peu en décalage avec le côté très engagé et politique du groupe. Là où, par exemple, un Magnitude en live fédère un public beaucoup plus militant.
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Le tube « Nobody » qui clôture le set de façon magistrale, avec un public qui reprendra évidemment le refrain en choeurs.
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Mais le must du must, et je l’attendais avec grande impatience, c’était évidemment « Keep Planting Flowers », titre s’éloignant du Hardcore pour tirer vers un Post-Hardcore émotif. Un moment hors du temps avec un Jesse impérial sur son chant qui m’a donné des frissons. LE moment fort du concert, ni plus ni moins.
15 titres et puis s’en va (parait que certains ont eu la chance d’assister à un set « VIP » de 3 titres en acoustique mais ce ne fut pas mon cas malheureusement), sous les applaudissements d’un public à bloc du premier au dernier titre. On n’aime ou non STYG (@zitoun n’a d’ailleurs pas accroché à la version studio, ce que je peux totalement comprendre) mais en live, c’est une leçon. Seconde fois que je les vois (troisième si on compte le set acoustique de Jesse Barnett en juillet 2023) mais pas la dernière ! Je rends donc l’antenne, sans oublier de vous balancer la set-list de STYG pour les intéressés.
Intro : Take On Me (dans les enceintes)
- Against Them All
- Severed Forever
- Such Pain
- What Choice Did You Give Us?
- More Than A Witness
- Amber
- We Still Believe
- Invisible Rain
- Nothing You Can Do To Me
- What Goes Around
- Keep Planting Flowers
- We All Die Anyway
- Spineless
- Married to the Noise
- Nobody