Je rebondis ici sur l’évocation du « Mode Locrien » évoqué dans le topic [BREIZH : scène locale/émergente + lieux de concert - #317 par kenny_pecheur]
Je suis pas certain que l’article Wikipédia soit vraiment très limpide pour qui est étranger à la théorie musicale.
Si je devais vulgariser, je dirais que les modes sont les déclinaisons d’une gamme.
Prenons l’exemple de la gamme majeure en Do puisque tout le monde (en occident) la connait (souvent sans le savoir) : Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si (Do). Ces notes correspondent aux touches blanches d’un clavier.
Il est crucial d’avoir en tête que notre système musical occidental fonctionne par « tons » (T) et « demi-tons ». L’ensemble des touches (noires et blanches) d’un clavier correspond à des demi-tons, et 12 demi-tons forment une octave.
Dans ce contexte, ce que l’on nomme généralement note peut également être nommé un degré, ou un intervalle :
- Do étant la fondamentale, le point de départ.
- Ré la seconde (majeure), située 1 ton plus haut que la fondamentale
- Mi la tierce (majeure), située à 2 tons de la fondamentale
- Fa la quarte (juste), située à 2,5t de la fondamentale
- Sol la quinte (juste), située à 3,5t
- La la sixte (majeure), à 4,5t
- Si la septième (majeure), à 5,5t
- Do (l’octave), à 6t.
Pour schématiser la gamme majeure en Do :
Do - 1t - Ré - 1t- Mi - 0,5t - Fa - 1t - Sol - 1t - La - 1t- Si - 0,5t - Do
1+1+0,5+1+1+1+0,5 = 6 tons = 12 demi-tons
Pour rester dans ce contexte de gamme majeure, je ne vais faire qu’évoquer les modes qui en découlent (sobrement nommés « modes majeurs »).
Un mode majeur est en quelque sorte un ordre de lecture de la gamme majeure qui va donner une atmosphère particulière à la mélodie. Il y a autant de modes que de degrés (notes) au sein d’une gamme. Ainsi, il existe 7 modes découlant de la gamme majeure (ci-dessous les noms grecs) :
- Mode de Do « Ionien »
- Mode de Ré « Dorien »
- Mode de Mi « Phrygien »
- Mode de Fa « Lydien »
- Mode de Sol « Mixolydien »
- Mode de La « Eolien » ou « Aeolien »
- Mode de Si « Locrien »
Locrien ne vient donc pas de Bretagne, mais désigne ce qui est natif de Locride, une région de la Grèce Antique.
Le mode de Do c’est donc ce que j’ai décrit plus haut : la gamme majeure en Do telle que nous la connaissons tous : Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si (Do). Et tous les autres modes majeurs vont être constitués exactement des mêmes notes, mais de manière décalé.
Le mode de Ré est constitué des notes suivantes : Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si, Do (Ré).
Le mode de Phrygien : Mi, Fa, Sol, La, Si, Do, Ré (Mi).
Vous avez compris.
Et souvenez vous qu’entre chaque notes il y a un intervalle en tons / demi-tons.
Dans le mode de Do, dont le schéma était 1+1+0,5+1+1+1+0,5 = 6 tons.
Dans le mode de Ré, le schéma est donc décalé : 1+0,5+1+1+1+0,5+1 = 6 tons.
Et ainsi de suite.
Si vous avez suivis jusqu’ici, dites-vous bien que je n’ai parlé uniquement ici de la gamme majeure en Do et des modes découlant des 7 degrés de cette tonalité, mais que la gamme majeure existe dans toutes les tonalités (Do#, Ré, Ré#, Mi, Fa, Fa#, etc…) et que 7 modes majeurs sont toujours associés à chacune de ces tonalités.
Considérant l’infinité de gammes existantes, le nombre de modes existant est incalculable.
J’espère que ça peut aider (et non pas faire fuir) les plus novices à mieux comprendre ce qu’est un mode.
J’ai essayé d’être le plus clair possible (par ailleurs sans support auditif) et je précise que je suis loin d’être un spécialiste de la théorie musicale, je n’en connais que certains rudiments.
La théorie musicale, c’est un peu comme un puzzle : on assemble des petites pièces, et il parait que ça fini par ressembler à quelque chose d’intelligible, tôt ou tard.
C’est quelque chose de passionnant et il est assez curieux que tant de gens aiment la musique sans jamais chercher à comprendre son fonctionnement (notez que ça n’est en aucun cas un jugement de valeur, mais un simple constat). C’est peut-être d’ailleurs sa plus grande force : pas besoin d’être comprise pour provoquer de polyvalentes réactions dans nos synapses. Pour cette raison, entre autres, je me dis parfois que la magie existe et que la musique en est l’une des plus fortes expressions. Mais n’en doutez pas, essayer de la comprendre ne rompt en aucun cas le charme. Cela ne fait qu’ouvrir ses méandres infinis.