Live Report
LE BAL DES VAURIENS - JOUR 1 -Le Kilowatt (Vitry) - 22/09/23
Il est temps d’attaquer le report du Bal des Vauriens organisée par BSC Orga et Los Locos au Kilowatt de Vitry. Avant de rentrer dans le détail de cette soirée, petit rappel de ce qu’est le Bal des Vauriens. Ayant un nom inspiré d’un titre de Camera Silens, c’est un petit festival Parisien (ou Francilien désormais) qui met en avant des groupes Punk/Oi Français et Internationaux. La première édition avait eu lieu en 2018, au Gibus de Paris, avec uniquement 4 groupes : Komintern Sect qui venait tout juste de se reformer, The Templars, Survet Skins et Squelette. Suite au succès (sold-out) de la soirée, une seconde édition, toujours au Gibus, fut organisée en 2019 mais cette fois sur deux jours. Enorme succès également (sold-out encore une fois) avec entre autre une énorme rareté en la présence de Battle Ruins (ils font très très peu de concerts et avaient même proposé un t-shirt exclusif pour l’occasion - t-shirt que j’ai encore évidemment !). Après une troisième édition annulée en 2021 (merci les restrictions, le covid, tout ça tout ça), voici venir l’édition 3.1 encore une fois sur deux jours mais délocalisée au Kilowatt de Vitry, prenant ainsi une plus grosse ampleur. Au programme, deux jours de Punk et de Oi mais je ne pourrai malheureusement assister qu’au premier jour.
Première fois que je me rends au Kilowatt pour ma part : un petit paradis situé en plein milieu d’une zone industrielle froide et terne. Ne sachant pas trop à quoi m’attendre, quelle surprise de voir que le site est vraiment génial : plutôt grand, une scène extérieure (la Mainstage) et une scène intérieure (l’Oasis) avec des canapés sur les côtés, un food truck, un vendeur de hot-dogs et barquettes de frites, une zone merchandising (3 distros/labels sont présents + le merch de certains groupes) et bien sûr le bar où l’on y retrouve de la bière, du vin, des jus de fruits et de la limonade. Pas mal de tables et bancs sont dispos à l’extérieur pour pouvoir se poser et manger tout en écoutant les groupes jouant sur la Mainstage. Bref, un vrai site de festival situé dans un endroit improbable. Ma première réflexion fut : « mais il faudrait vraiment faire un fest de Hardcore ici ! ».
Les Parisiens de CRAN ont l’honneur de lancer le festival, sur la scène intérieure. J’avais écouté leur premier album « Natë » lors de sa sortie en février, appréciant leur Cold/Oi sans toutefois être totalement conquis. Mon attente était donc faible concernant leur show et c’est justement pour ça que la surprise n’en fut que plus belle : énorme claque, dès le premier titre, tout simplement. Leur son prend vraiment une autre dimension en live, surtout grâce à l’excellente performance de la chanteuse Ed qui m’a bluffé tout du long de leur set. Redécouvrir des titres comme « Automne », « Famine » ou « La Fête » en live, c’est vraiment quelque chose. Depuis, j’ai réécouté 3 fois leur album et j’ai enfin eu le déclic ! Le public, assez éparse au départ, a vite rejoint la fête pour gueuler les refrains avec le groupe. Le show se termine, je me rends inévitablement au merch du groupe pour les féliciter mais malheureusement, sortant d’une tournée Européenne avec Béton Armé, plus aucun t-shirt à ma taille n’est disponible. La chanteuse m’a quand même proposé en rigolant « il reste des t-shirts Girly si jamais tu veux essayer ». Hum, pas sûr que ça m’aille ! Qu’importe, la soirée commence très bien et le RDV est pris pour un second round avec eux début octobre aux côtés des Australiens de Marching Orders au Rigoletto (Paris).
Légende du Punk Français, Wunderbach doit être le plus vieux groupe de la soirée et… ça se ressent. Ouvrant la fameuse Mainstage (scène extérieure), je n’ai tout simplement pas réussi à rentrer dans leur set. Au programme, un Punk/Oi old school dont le chant en Français est partagé entre un chanteur et une chanteuse. Sauf que j’ai un peu l’impression d’assister à un concert à la fête du village. Je trouve le show assez génant finalement même si plein de bonne volonté. Finalement, après 15 minutes de show, je décide de laisser tomber. Je profite de ce temps libre pour manger un bout et me balader sur le site du festival. Je croise un peu par hasard un membre de Cavalerie avec qui je discute 5 minutes (et j’apprends d’ailleurs que le Paris Hardcore Fest, s’il y avait eu des groupes étrangers, aurait pu se dérouler ici !) mais aussi Wattie (BSC Orga, Maraboots, Lion’s Law) que je n’avais pas revu depuis un moment, lui souhaitant bonne chance pour son show à venir dans quelques heures. C’est aussi le moment où je me pose, observant un peu le public qui m’entoure : 90% de celui-ci est évidemment constitué de Punks et de Skins, tatoués de partout. J’ai un peu l’impression d’être dans une soirée hors du temps, en Angleterre dans les années 80, ce qui n’est pas pour me déplaire. A noter que je suis aussi l’un des seuls à commander des limonades au bar . Je regarde également, plus en détail, le merchandisng disponible et flashe sur le livre de Gilles Bertin (ex-chanteur de Camera Silens, en cavale pendant la majorité de sa vie suite à un braquage et décédé depuis) mais le vendeur ne prend malheureusement pas la CB. Dommage mais je me suis noté de commander ce bouquin à l’occasion !
Retour sur la petite scène de l’Oasis pour le show des Australiens de Nö Class. Visuellement, ce groupe est déjà une énigme à part entière : d’un côté un chanteur Punk (un petit côté Sid Vicious dans la dégaine), des Neuski à la basse et à la batterie et un guitariste au style plutôt Mod Anglais. Un melting pot de toute la scène des '80 qui fonctionne tant l’ambiance a l’air très fun entre les membres du groupe. Après quelques balances (le guitariste s’amusera à envoyer les premiers accords de « La Grange » de ZZ Top), les Australiens balancent leur mélange de Punk et de Rock 'N Roll devant un public qui rentre très vite dans l’ambiance. Rien à dire, le sujet est totalement maîtrisé, ça groove pas mal et ça donne envie de s’éclater dans le pit. Les mecs sont sur leur fin de tournée Européenne mais ça ne se ressent pas du tout : ça s’éclate sur scène, ça rigole avec le public qui leur rend bien. Je suis sur le côté gauche de la scène, devant le guitariste qui m’a donné la banane pendant tout le set. Un vrai plaisir à voir sur scène !
L’attraction du jour, c’est bien évidemment la reformation éphémère de Maraboots (dont la majorité des membres font partie désormais de Bromure). Groupe assez culte de la scène Oi Parisienne du début des années 2010, j’émets sur le moment une petite réserve sur le fait de les voir sur la Mainstage, préférant largement l’ambiance de l’Oasis. « On met l’intro ou pas ? » : voilà comment débute le set du groupe, devant les rires du public, avant que ne résonne la fameuse intro du titre « PPD Halles » dont le refrain fut repris en chœur par ce dernier. Un show de Maraboots, c’est finalement l’équivalent d’une soirée entre potes : que vous les connaissiez personnellement ou non, impossible de ne pas avoir le sourire tant le côté « camaraderie » ressort du set des Parisiens. Qu’on ne s’y trompe pas : derrière ce côté un peu bas du front et amateur, il y a des zicos qui jouent ensemble depuis des années et qui maîtrisent totalement le jeu du live. Wattie, chanteur du combo, tourne partout, tout le temps avec ces différents groupes (Rixe, Lion’s Law, Bromure) en Europe et aux US. En un titre, le groupe s’est d’ailleurs mis le public dans la poche pour une ambiance montant crescendo jusqu’à atteindre son apothéose sur « Parmentier », hommage à la scène Skin Parisienne. Entre temps, c’est une ribambelle d’hymnes qui passent dans nos oreilles (Neuski, Soldats Perdus, Héros de la Oi!, A Genoux) et même si vous ne connaissiez pas le groupe avant ce soir, impossible de ne pas chanter les refrains fédérateurs de la bande Parisienne. Le public slam de partout, monte sur scène pour chanter les refrains et tout le monde s’éclate dans le pit. Bref, un très beau retour de Maraboots qu’on aurait aimé moins éphémère !
La soirée commence à se rafraichir donc je suis bien content de retourner à l’Oasis pour profiter du set des Anglais de The Samples. Inconnu au bataillon avant leur annonce sur l’affiche, je découvre donc leur Punk/Oi directement en live. C’est très mid-tempo sur les premiers titres, pas désagréable pour autant mais difficile de passer après l’ambiance festive de Maraboots. D’ailleurs, pendant le set, je me suis retrouvé juste à côté de Wattie que j’ai donc félicité pour son concert (il en profita pour me dire en rigolant « merci mec, j’en avais la larme à l’œil ! » Toujours le mot pour rire ces neuski !). Quelques personnes du public connaissaient plutôt bien les chansons mais majoritairement, ça regardait le set attentif en applaudissant entre les titres. Les derniers titres étaient un peu plus énergiques, chauffant un peu plus le public mais j’avoue être parti avant la fin du concert (je dirai 5 minutes avant la fin) pour être bien placé pour Komintern Sect qui va jouer sur la MainStage par la suite. Sympathique donc mais pas inoubliable.
C’est le moment confession : je ne suis pas objectif concernant Komintern Sect. J’avais 16 ans quand j’ai découvert le groupe et ce fut une véritable révélation à l’époque. Je me souviens que je n’osais pas trop dire à mes potes que j’aimais ce groupe (le côté neuski, certains vieux textes un peu touchy) mais il m’a accompagné pendant des années et il m’accompagne encore aujourd’hui soit 16 ans plus tard. Depuis, j’ai acheté les albums (sauf le dernier de 2022 que je ne possède toujours pas) en CD et vinyle et possède également les fameuses compilations Chaos en France ainsi que Apocalypse Chaos. Bref, j’adore ce groupe que je vois donc ce soir pour la 3ème fois depuis 2018. Difficile donc pour moi de ne pas chanter absolument tous les titres joués ce soir, que ce soit les plus anciens (Tous Ensemble, Les Années d’Acier, Nation Paienne, Les Seigneurs de la Guerre) mais également les plus récents comme l’hymne incroyable qu’est « D’Une Même Voix » ou « Que restera-t-il de toi ? », hommage aux potes disparus du groupe. Tout s’enchaîne vite, trop vte à mes yeux tant j’aurai aimé avoir un peu plus de rab. Qu’importe, j’ai toujours des étoiles dans les yeux quand je les vois, quand bien même les set-lists ne varient pas beaucoup (j’aimerai un jour entendre des titres comme « Guerilla Urbaine » ou « Coup d’Etat » par exemple) et que le jeu de scène est simple au possible. Le show se termine, comme à l’accoutumé, sur une reprise des Camera Silens (mon autre amour de jeunesse, RIP Gilles Bertin), la fameuse « Pour la Gloire » où le chanteur Karl invita ceux qui le voulaient sur scène pour chanter cet hymne tous ensemble. Ni une ni deux, je monte sur scène et on se retrouve à être une trentaine de personnes, peut-être plus, à gueuler tous ensemble cet incroyable titre des années 80. Moment inoubliable pour ma part bien évidemment ! Autre moment très sympathique, je me rends compte en milieu de set qu’à côté de moi se trouve Jenny Woo, artiste Canadienne que j’aime énormément. J’ai réussi à avoir ma petite photo avec elle donc si jamais elle me lit (vu que j’ai appris sur le moment qu’elle parlait Français après m’être bien affiché auprès d’elle), merci à toi pour ta bienveillance et ta bonne humeur !
Il est 00h25 quand Schedule 1 commence son set à l’Oasis, dernier concert de la soirée. Proposant un Post-Punk beaucoup plus énergique en live que sur album, je reste bluffé par le chanteur qui sautille partout sur la scène. Par contre, je suis encore sur un nuage après le show de Komintern Sect donc j’ai du mal à apprécier à sa juste valeur la performance des Canadiens. Ajoutez à cela beaucoup trop de reverb sur la voix à mon sens couplé à un état de fatigue avancé, je décide de quitter le festival avant la fin de leur set. A revoir dans un autre cadre peut-être !
J’ai passé une super soirée et regrette immédiatement de ne pas faire la seconde, avec Béton Armé, Lion’s Law ou encore Infa-Riot. Mais j’ai adoré le site du Kilowatt, l’ambiance globale du festival, la musique bien sûr et ce côté « hors du temps » d’une époque que je n’ai évidemment pas vécu. C’est décidé, si l’année prochaine il y a une nouvelle édition du Bal des Vauriens, je fais les deux jours sans hésiter (j’ai déjà négocié avec madame !)