Gutalax - Altar, Dimanche 22 Juin
Avant-popo :
Je souhaitais poster prochainement un focus sur URNE, mais les récents échanges autour de Gutalax m’ont donné envie d’aller creuser en profondeur la sombre discographie du groupe de Goregrind Tchèque dont le nom est une référence directe à une marque de laxatif.
Ce focus va néanmoins nécessiter l’introduction d’une échelle. Rassurez-vous, rien de douloureux.
Introduct-fion :
L’échelle de Bristol est une échelle qui permet, au travers de 7 échelons différents, de classer la forme et la consistence des selles humaines. Elle a été inventée à l’université de Bristol et publiée pour la première fois dans la revue scientique Scandinavian Journal of Gastroenterology en 1997. La forme des selles est directement corrélée au temps que les selles passent dans le côlon.
Cette introduction, bien que complètement véridique, n’apporte rien de particulier à cette chronique, mais doit permettre de vous familiariser avec les thèmes abordés par le groupe : le pipi / le caca / le sexe / le sexe avec du caca / le sexe dans du caca / le sexe sur du caca…et plus si affinités.
Crew du cul :
Gutalax est un quatuor tchèque originaire de Křemže. De leur configuration intiale en 2009, ils n’ont gardé que Maty (Martin Matoušek, Chant) et Kebab (Pavel Troup, Basse), auxquels se sont ajoutés Kojass (Tomáš Kojas Anderle, Guitare) et Freedom (Petr Svoboda, Batterie).
Style musica-ca-l :
Bien qu’associés à la scène Goregrind / Pornogrind (scène très développée en République Tchèque) le groupe aime se définir comme proposant du Gore’N’Roll, afin de souligner le groove de leurs compositions. On peut retrouver chez eux moultes mosh parts, break-down et rythmes Thrashisant, chacun invitant à des mouvements de foule variés.
Quand on leur demande pourquoi ils ont choisi le Goregrind / Pornogrind, ils répondent que n’étant pas bons musiciens, ils avaient le choix entre du punk ou du gore-grind, et que leur fibre metal a pris le dessus et qu’ils ont opté pour ce second choix.
Un groupe Paro-dick :
Prendre du Goregrind / Pornogrind au premier degré, c’est comme prendre de la bouffe KFC pour un repas de chef étoilé. Le Goregrind est au métal ce que les films de Leslie Nielsen sont au 7ième Art, ce que One Eyed Monster est au Porno. Ni plus, ni moins. Et c’est dans cette optique qu’il faut aborder le groupe et ses compos : Gutalax est un groupe parodique. Comme ils le disent eux même quand on leur demande pourquoi ils ont choisi ce thème : « Why Not ? »
La thématique choisie par le groupe n’est qu’un simple prétexte au lâcher prise décomplexé, à une certaine inventivité dans le choix de titres de morceaux complètements barrés, à des choix d’accoutrements et de mise en scène complètement loufoques. D’ailleurs, Gutalax a débuté sous le nom FastFood et l’imagerie du groupe était différente (ils portaient notamment des masques d’animaux).
Le chant (si tant est qu’on puisse appeler ça du « chant ») à base de « Gruik » et de rares paroles en tchèque ou en anglais est également la traduction de cette envie de s’affranchir du poids de l’écriture. Pas de message cachés derrière les paroles, hormis le fait qu’il n’y en ait pas.
En live, ça donne coït ?
Puisqu’une image vaut mille mots, voici a peu près 17 670 000 de mots (à 30 fps) illustrant le côté complètement barré et accessoirisé de leurs lives, ainsi que leurs célèbres cabines Toi-Toi.
Discogroinphie :
Le groupe a sorti un total de trois albums studio , un album live et trois splits, aux noms tous très imagés :
Albums :
- Shit Beast (2011)
- Shit Happens (2015)
- The Shitpendables (2021)
Album Live :
- Live at Brutal Assault 2019 (2024)
Splits :
- Telecockies (2009, avec Cannibe)
- Shit Evolution (2013, avec Haemorrhage)
- The Anal Heros (2017, avec Spasm)
Au milieu des Robocock, Poopcorn, Spermustache et autres joyeusetés, le groupe aime utiliser des extraits de films ou séries en intro ou en outro de ses titres, comme par exemple les séries Family Guy et Sex Education, ou encore le film Dogma.
Et au registre des featuring notables, on peut notamment citer Julien Truchan de Benighted sur le titre Backdoor Boys.
J’ai fait Ska-ca dans ma culotte :
Petite anecdote sympa : A leurs débuts, le groupe s’appelait donc FastFood. Cette particularité leur a permis de jouer devant 4000 personnes qui etaient venues pour voir jouer un groupe de Ska tchèque bien connu : Fast Food Orchestra. On peut aisément imaginer leur surprise aux premiers accords joués par le groupe !
Autre petite anecdote : A l’occasion de l’Obsene Extreme 2016, le groupe a pu jouer sur une scène installée exclusivement pour lui : La Toi-Toi Arena.
A kiki ça s’adresse ?
- A celles et ceux qui souhaitent voir un concert qui sort du commun
- Aux personnes qui ont besoin de gesticuler en rythme sans se soucier du reste, du regard des autres
- A celles et ceux en dèche de PQ et qui souhaitent en récupérer pendant le concert
- A celles et ceux qui se sont amusés de mes jeux de mots à chier
- Aux personnes atteintes de copromanie
Conclusion (intestinale) :
Gutalax, c’est du lâcher prise. Un lâcher prise, comme celui qui me permet ici d’agrémenter ce focus de mots fleuris en tous genres. Le groupe n’a aucune autre prétention que celle de vous faire passer un bon moment décomplexé, loin des dogmes de la bienséance.
Gutalax, c’est le plaisir brut instinctif et décérébré. Celui qui vous fait oublier, le temps d’un concert, cette pression de l’image.
Et je concluerai ce focus avec cette réponse de Maty à la question d’un journaliste de Radiometal qui lui demandait ce qu’ils attendent de leur public :
« (…)Prendre du plaisir, voilà tout. Nous ne cherchons pas à aller plus loin, seulement que les fans s’amusent. Qu’ils dansent, se sentent bien. »
Sources : Radio Metal / Wikipedia / Katsf / Obsene Extreme