Ci-dessus, Dieu lisant Darwin (ou @karajuju, 666ème manifestation de Dieu, après avoir écouté Dream Theater à cause de (ou grâce à
) la Battle).

Au terme d’un long processus de sélection naturelle - et d’adaptation constante au milieu salin de la Battle - la question que nous pose @Iko - en proposant The origin of species de The Ocean pour la finale
- est pertinente : comment la théorie de l’évolution s’applique-t-elle aux groupes du biotope clissonais ?
Voici donc…

L’ORIGINE DES FINALISTES 
au moyen de la sélection naturelle (ou pas).

Étude comparative (cas n°1) : espèces inadaptées à l’évolution.
Ventus Rosa Toscae (Wind Rose)
Cet organisme robuste, trappu et fouisseur avait tout pour s’adapter et perdurer. Malheureusement, son chant de parade nuptiale (
creusy creusy trou
) faisait mourir de rire les partenaires potentielles, et l’espèce ne survit plus que dans de rares taupières abandonnées la Toscane du sud.
Glacies Ruptor Fürstenfeldbruckensis (Eisbrecher)
Un cas d’école : cette bactérie, endémique au bassin du Danube, doit son inadaptation au port d’un blouson en cuir en toute saison et en toute occasion, y compris sur le côtes et littoraux de l’ancienne Germanie, où elle finit par transpirer des aisselles et faire suer tout le monde. Son chant peu évolué - un appauvrissement de celui du Kraftwerkinus Autobahnus Robiticus - en ont fait une proie facile pour le Rammsteinii Germanicus Commun qui pullule maintenant dans la plupart des festivals du monde global.
In Extremus Berolinensis (In Extremo)
Cet organisme unicellulaire disgracieux a la particularité d’avoir été classé en avant-dernier dans la famille des parasites (lire l’article publié dans le Journal of Hellfest Studies, en date du 3 juin 2025, par le Professeur Clara Juju). À l’image de l’ornithorynque (mais en plus cauchemardesque), il est un accident de l’évolution, en ce qu’il paraît être un assemblage de tout ce que l’on redoute de voir et d’entendre. Le fait qu’il ait éradiqué de la Battle Sunn O Parenthesis Parenthesis Parenthesis, cette merveille de complexité sobre et dronisante, prouve que le populisme est à l’œuvre jusque dans les tréfonds de la soupe primordiale : c’est la soupe populiste.
Lordilombricus Europavisionae (Lordi)
Difficile de qualifier cette chose, à l’intersection du crabe et du cauchemar, et qui a réussi à s’extirper du cloaque de l’Eurovision pour venir coloniser le bourbier de l’inculture générale. Aussi inutile et kitsch qu’un député à la chambre des Lordi, elle est au metal ce que Dame Thatcher était au fer : une parodie sans nuances.
Manowaris Auburnensis (Manowar)
Florissante aux âges de pierre et de bronze, cette espèce velue n’a pas réussi à dépasser l’âge du slip en fourrure. La raréfaction de femelles à brushing XXL ou à mèches gaufrées et la disparition de leur habitat naturel - donjons de carton-pâte et geysers de flammes artificielles - ont entraîné le déclin de cette espèce qui, comme le sphénodon ou le requin-vache, n’aurait jamais dû survivre à la Préhistoire.
Le doigt de Darwin indiquant la sortie aux espèces inadaptées.

Étude comparative (cas n°2) : espèces adaptatives.
Atra Bilis Armoricus (Black Bile)
Espèce nocturne, généreuse et vénéneuse qui peuple les oratoires et les berges sombres du Morbihan.
Des blast-beats suivi d’un riff black.
Une voix féminine, mate et dédoublée, comme un nid de louve (Wolvennest) qui vous livre ses secrets.
Un growl qui vient griffer une surface post-metal, réfléchissante, aveuglante, dans laquelle on aperçoit ce que l’on a peur de voir.
Un apaisement atmosphérique. Qui n’a jamais rêvé des mystères de Lorient (opium des nuages), d’une morgue au nord du Morbihan ?
Bevearement, c’est le deuil et plus encore, l’insondable perte de l’être cher, perte dont on subit ici toutes les étapes (lamentations, hurlements, colère, épuisement, dépression) ainsi que les nuances les plus sombres.
Morceau subtil et puissant, aussi profond que le deuil, aussi intime qu’un oratoire privé : quand la musique est un vaisseau qui explore ce que les mots ne savent dire.
Black à part, merci à toi qui les a défendus de manière habile et sans te faire de… bile. 
Kylesa Georgiae (Kylesa)
Organisme à deux têtes et deux cœurs pulsants, qui sait renaître de ses cendres et qui peuple les zones urbaines et sub-tropicales de Savannah, Géorgie.
Déflagration immédiate.
Course effrénée et dérèglement de tous les sens.
Puis, à la deuxième minute, une respiration psychédélique et instrumentale portée par un groove de basse à faire pleurer des larmes synoviales.
Le morceau est aussi nerveux qu’il est apaisant. C’est le poison et l’antidote, le baume et l’hématome : une fleur de sang sous un pansement.
Merci à toi qui a remis ce groupe méconnu, disparu, revenu d’entre les morts par l’émoi - qui l’est ça ? ai-je entendu parfois - au centre de la carte. Savannah, Georgia (always on my mind), terre de contrastes, appalachienne de garde (qui aboie, qui mord) et sub-tropicale (fleur carnivore) qui vous dévorera, qui l’eu cru ?, tout cru. 
Nordic Recusiato (Refused)
Chardon résistant de la zone subarctique muni d’inflorescences hirsutes et colorées. Renaîtra probablement de son extinction inlassablement programmée.
Frénésie.
Le chaos et l’énergie des premiers instants.
Cris d’écorchés.
Indentation hirsute de la vie qui se bat pour vivre en une série de coups d’état (de la nature).
Puis, à la deuxième minute, une basse élastique que vient déchirer une guitare et une voix rageuses.
Rien à refuser. Sur des chardons ardents.
Fange, boue, dégoût, cendres et Cassandre : la vie renaîtra toujours, avec ou sans nous.
Merci à toi pour qui Refused est une (autre) manière de dire OUI ! The shape of punk to be - or not to be : telle est la réponse. 
Pelagic Oceanicus (The Ocean)
Mammifère marin grégaire croisant dans les immenses mers souterraines qui stagnent sous le Land de Berlin. Bien que ne voyant jamais la lumière, il la diffuse dans sa bande spectrale la plus sombre.
Délicieuse irritation d’une guitare répétitive.
Voix claire râpeuse derrière laquelle se cache un spectre.
Voix growlée puis voix claire (du primitif au structuré : une évolution en l’espèce).
Délicieux chant d’un violon itératif.
Dialogue de voix claires et de voix hurlées.
Longueur en bouche de ce vin océanique.
Sagesse de Maître Iodé - quand les Jedi sont de taille océanique, pas d’avoine mais une belle avoinée.
Et ode à l’évolution par la différenciation / dissociation / harmonisation des rythmes et des marées.
Darwinisme triomphant.
Merci à toi qui a répondu à l’appel agile du pélagique, et qui a su guider jusqu’à nous, depuis les profondeurs et l’obscurité, ce monstre lumineux : c’est devenu mon Moby Dick et - véridique (or very Dick, as Charles would probably say) - de l’Océan mon morceau préféré. 

Ci-dessous, un diagramme retrouvé dans le premier carnet de notes de Charles Darwin (1837), sur lequel figure une arborescence. On peut lire clairement les lettres R (pour Refused), B (pour Black Bile), O (pour Ocean) et K (pour Kylesa) !!! Prémonition ?
Au premier abord, ces quatre morceaux ne m’ont pas enthousiasmé. Puis, comme Charles Darwin recueillant du plancton dans ses filets, se promenant dans les vallées et sur les plages de Quail Island et découvrant des merveilles (baobabs, pieuvres, sédimentation de coquillages concassés sous des couches de lave noire), une épiphanie : un soir, en écoutant ces quatre sublimes morceaux au casque, l’émerveillement d’en percevoir la structure et les strates ! Compositions riches articulées autour de plusieurs styles musicaux se mettant mutuellement en valeur ou se complétant harmonieusement, produits de l’évolution musicale depuis le son des premiers os de l’humanité percutant le bois jusqu’aux post(e)s restant(e)s (délivrés par le facteur (risque)), aucun de ces morceaux ne méritait moins de 4 points et je me maudis de les déprécier. Merci aux artistes, et merci encore une fois à celles et ceux qui les ont sélectionnés ! 

Points titres :
5 pts : BLACK BILE
(sublime)
3 pts : THE OCEAN
(mais si près de la 1ère place)
2 pts : KYLESA
(mais si près de la 2ème place)
1 pt : REFUSED
(mais qui mérite tellement plus)

Points textes :
3 pts : BLACK BILE
(Je ne sais pas qui tu es, mais le courage d’écrire ce texte et de le publier m’a beaucoup touché. Et quelle illustration ! Qu’est-ce ? Merci !
)
2 pts : THE OCEAN
(Grand et vrai plaisir de lecture)
1 pt : KYLESA
(Texte très complet)
0 pt : REFUSED
(Aucun texte ne méritait 0 ou 1 seul point. J’aurais préféré un barème avec au minimum 1pt, voire un vote uniquement sur la musique).

Un grand merci aux participants et aux votants, assidus ou ponctuels, et un très grand merci à @Karajuju pour l’organisation de cette Battle, qui nous a fait voyager dans la programmation du HF et dans un univers musical très vaste ! 
Ci-dessus, une avant-dernière image : les Chérubins @Chab77 et @PeteBondurant accueillant In Extremo au Purgatoire.
La battle 2025 est morte. Vive la Battle !