Cette année, un nouveau dans l’équipe. Il va vivre son premier Hellfest, découvrir le métal, les décors, et les acouphènes à vie. Je l’envie. Alors, je lui file ma checklist : bière, casquette, crème solaire…
_ Les t-shirts noirs, c’est vraiment obligatoire ?
_Tu vas au Hellfest, écouter du métal, y’a un minimum de respect à avoir pour le lieu et ses codes. Communion, camarade. Ça commence par l’uniforme.
Un décathlon plus tard, il a 4 tee-shirt pour le prix d’un Linkin Park. Arrivé sur site il me fera un peu la gueule en croisant Patrick et Blandine.
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Patrick est chef de service dans une mutuelle à Niort. Tous les ans il loue une baraque avec piscine sur Clisson (“hé on se fait plaisir hein”). Tout le we il s’enjaille avec ses potes d’enfance sur sa playlist “Métal total” avec du ACDC, du Ghost et du Johnny. Il connait de l’affiche que les 4 TA mais “s’interdit pas de découvrir des petits groupes”. D’ailleurs en 2022, il a souvent trainé sous l’Altar, pour y faire la sieste, au frais.
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Mon pote va aussi croiser des Blandine. Dans sa version bourgeoise elle s’appelle Sandrine et elle est venue “frayer avec l’enfer hi hi”. C’est “pas trop mon univers” car elle est très pop mais elle est « assez rock’n’roll dans sa manière de vivre » n’ayant par exemple pas hésité à venir vivre en Bretagne pour fuir Paris. Pour le Hellfest elle a sorti son petit top avec des oiseaux blancs sur fond noir. Elle a trouvé la grande statue de fer “magnifique” même si elle trouve que sur la fin, Kurt Cobain a pris cher.
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Blandine vient entre copine, ça fait 5ans qu’elles viennent ensemble mais cette année elles tentent un truc: “j’ai dit purée faut le faire quand même… Ben en fait c’était trop chouette”… l’ouverture du Leclerc. Elles adorent se dandiner sur du rock “On s’éclate ! hein les filles on s’amuse ?”
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Une autre Blandine, Sylvie est venue en famille avec sa tribu. C’est Maëlys, la dernière qui voulait trop venir car elle a vu une story d’EnjoyPhoenix et “ça à l’air grave bien”. Fidèle à son idôle chaque concert sera l’occasion de spammer ses followers avec de passionnantes vidéos de flou sonore. Et même pour Muse elle fera un live avec son ptit copain. En attendant la famille fait deux heures de queue devant le Sanctuary pour rapporter une tétine Hellfest pour Shaïna.
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Enfin y’a Enzo, lui il vient en casquette Quiksilver, short noir et bottes Dr. Martens toutes neuves. Il a un pote qui “connaît grave bien la scène doone métal” et plus jeune il a écouté du néo dans la voiture de son oncle. Il connait bien 5, 6 groupes de l’affiche mais veut surtout voir Scorpion “depuis la grande roue !”. On lui a parlé de Motorhead alors il ira voir (“nan vraiment ils sont morts ?”) et franchira la forêt pour aller chercher une glace. Il achètera un t-shirt « Slayer » même s’il a jamais écouté le groupe. Moment favori : son slam sur Korn et heu… le feu d’artifice !
Si vous trouvez que c’est exagéré, regardez le reportage de TF1 dispo en VOD. Si vous trouvez que c’est méprisant, Enzo c’était moi y’a 10ans.
Chacun vit le festival à sa façon et si je vois bien que sur ce forum, on regrette de s’être fait déposséder des mainstages, pensez que grâce à Patrick, aux Blandines et leur argent, vous êtes tranquilles à profiter ailleurs. Et puis, si vous aviez entendu ma directrice de crèche me raconter son Hellfest, ses coups de soleil et de coeur… vous comprendriez à quel point le Hellfest les rend heureux aussi, les Blandines
Arrivée
Cette année la formule 4 jours reste inchangée et la nouvelle entrée en forme de guitare devant laquelle trône la gardienne des ténèbres est aussi fluide qu’à l’accoutumée. Quelques mois plus tôt s’est ouvert la brasserie Hellcity (pardon Brewpub, l’anglicisme est moins beauf) qui n’appartient pas à l’asso Hellfest mais étend encore les frontières de la marque. Elle partage avec le festival ses investisseurs (oui Ben Barbaud est dans le coup) son pricing indécent (46€ menu unique sans boisson) et son design lêchée. La bière y est bonne, on y croise du monde le week-end et plus encore le troisième de juin.
Le Hellfest en 2025 c’est quoi ? Vous connaissez le jeu ? trois vrais infos et une fausse :
- 25 % des groupes incluant au moins une femme
- Il y a plus de retraités que d’étudiants
- 30% des festivaliers sont des femmes
- 2 festivaliers sur 3 repartent avec au moins un article de merch.
Tous paraissent dingue non ?
Réponse en fin de report
JEUDI
SLOMOSA - 4 - Valley
Comme chaque année, je fais le serment foireux d’assister au concert d’ouverture sous la Valley et comme d’hab, je juge mon hydratation préliminaire insuffisante et privilégie ma santé à mon plaisir sonore. La Valley attend toujours le changement de PLU de Clisson pour se placer en face de la WarZone mais elle a un atout : elle est largement désertée du week-end… sauf maintenant.
J’avais vu les norvégiens en 2022 et le chanteur ne s’est visiblement pas coupé les cheveux depuis. Leur nombre d’album a doublé tout comme la masse des festivaliers venus les écouter. Nous sommes nombreux dans la fosse et pour un premier concert c’est parfait : la musique est bonne et la fosse gueule les paroles à l’unisson. Un bonheur. Le chanteur a travaillé son français et avec un “Suce ma bite Benjamin Netanyaou” s’est ajouté de lui même dans le débat favori du moment du “[placer n’importe quel groupe, entité, parti] a critiqué le gouv. d’Israël, c’est donc un antisémite acharné” Notez qu’il a fait la même proposition à Marine et Donald et qu’aucun des trois n’a encore osé répondre. La preuve que le métalleux fait encore peur.
Bref, les mecs (et l’incroyable bassiste) retournent la scène comme au Westill en novembre dernier et comme l’an passé devant Green Lung j’ai peur d’avoir déjà assisté à mon meilleur concert du festival. Heureusement non.
THY CATAFALQUE - 1 - Temple
Nous repartons ensuite vers la Temple et le concert est parfait pour ma femme qui comprend le seul langage plus obscur qu’un growl : le hongrois. Kátai Tamás a débuté le groupe comme Ed Sheeran, en one-man-band ou plutôt « egyszemélyes zenekar ». Je vous laisse relire et essayer de prononcer parce que là je sens bien que faignant comme le 3e dimanche de juin vous avez pas fait l’effort. Ils ont un deuxième point commun : ils n’ont pas d’âme, l’un fait du métal, l’autre est roux. Le concert est déroutant: ils sont 8 sur scène mais rarement en même temps. Ça va, ça vient et la scène ressemble un peu à l’A7 un we de juillet. L’un des chanteur est un énorme bonhomme à la démarche hachée et un faux air de Pavaroti qui pèse plus lourd que les deux chanteuses en cuir collant qui l’accompagnent. Les trois transpirent pas mal. Nous aussi. Nous nous dirigeons vers le bar avec un soupir de soulagement: la pinte de Grim n’est cette année encore (qu’)à 9€ !
L’expérimentation désastreuse du “click & collect” du Wacken 2024 a vraisemblablement refroidi la prod et les files, interminables comme un solo de guitare de Dream Theater, s’étirent à nouveau devant le Sanctuaire. En rejoignant la Mainstage je suis d’ailleurs impressionné par la densité de la foule pour un jeudi 20:30. Heureusement les gens restent très respectueux, plus encore quand on les évite en passant de Valley à Temple.
AIRBOURNE - 2 - Main Stage
On a tous ce pote fan d’Airbourne qui écoute les mêmes chansons dans sa caisse depuis 10 ans. Alors une fois encore on l’accompagne, et sans trop se faire prier car on est certains de se faire aéroporter une bonne dose d’énergie dans la tronche. La scène se dévoile et conformément à la promesse affichée en lettres géante “GUTSY”, le groupe donne ses tripes une fois encore. Mais cette fois il manque un truc, O’Keeffe n’est pas monté sur un pylône, n’a pas lui-même actionné la sirène et je ne l’ai même pas vu s’exploser sa canette de bière sur le crâne. A l’image du lancer de gobelets de bière dans la foule, un concert que j’ai trouvé un peu long mais dont le final sur Live It Up et Runnin’ Wild reste irrésistible. Du coup j’ai presque pas regretté d’avoir manqué CHAT PILE.
Notez que cet avis sur Airbourne n’a pas mentionné AC/DC ni l’Australie. De rien.
TILL LINDEMANN - 1 - Mainstage
Pendant qu’on machouille, on assiste de loin à l’une des polémiques du festival. Ben Barbaud a refusé Marilyn Manson mais Till Linderman, lui, performe bien. Ce poête de l’indus a été accusé de viol et agression sexuelle puis blanchi faute de preuve. Il a donc logiquement choisi de… SUR-SEXUALISER ses shows. Le batteur arrive en 95-D, les poses lascives se succèdent et le chanteur se frotte continuellement le schwanz sur le micro. C’est de mauvais goût mais moins mauvais que la musique vraisemblablement composé en sniffant du viagra. Je me demande d’ailleurs comment font les organisateurs pour ce type de projet car même s’il monte sur scène pour chier dans une bassine en hurlant “Mein Kacka ist für Sie!”, tu peux pas envoyer le chanteur de Rammstein à 11:00 sous l’Altar.
MONKEY3 - 3 - Valley
Une nouvelle polémique nous attend devant les Monkey3 puisqu’en fait ils sont quatre. Le premier coucher de soleil sur la Valley donne une saveur particulière à la musique hypnotique du groupe. Les bières descendent accompagnant le mouvement du soleil et de mes paupières qui se ferment pour faciliter mon voyage dans la musique. Le groupe ne dit pas un mot entre les chansons et mes yeux se ferment pour me laisser transporter dans la musique. Tout devient liquide. La musique s’infiltre, rampe sous la peau, t’attrape par le bassin. Le concert devient sensuel, quasi sexuel. Icarus est un moment magique. Et puis… rien. Rien de plus. Enfin si ces petits bâtards ont continué à nous chauffer à grand renfort de crescendo et de Rackman mais sans jamais nous délivrer par un final. Monkey3 c’est quatre mecs qui te chauffent, te chauffent mais te font jamais jouir.
Sunn O))) - 4 - Temple
Une nouvelle transhumance nous transporte jusqu’à la Temple où nous attend moins un concert qu’un bug sonore. Le voyage le plus singulier de toute mon expérience. En approchant, aucun doute : le concert n’a pas encore commencé. Seul un long râle saturé s’échappe de la tente : NNNNNNNNNNNNNNMMMMMMMMMNNNNNNHHHHH ! La tente est vide ou presque, enfin vide, physiquement parce que musicalement, c’est tout l’inverse. J’entre. La fumée m’avale et je découvre deux silhouettes encapuchonnées noyées dans la brume. Leurs mouvements sont lents et ils touchent leurs guitares, à peine. Derrière eux, un demi-cercle d’enceintes façon autel païen. Monkey3 nous avait envoûté, ici on est écrasé, aplatis.
Je ferme les yeux. Mon cerveau fuit. Je pense aux courses que j’ai à faire en rentrant, à ma fille qui ne dépasserait pas de la couche de brume. Mon esprit s’éloigne encore. Pourquoi suis-je ici ? Je m’emmerde en fait. Les quelques égarés qui m’accompagnent se demandent-ils aussi ce qu’ils font là ? Ce groupe est il une erreur ou une arnaque ? Sont ils mêmes musiciens ? A quoi sert la sécu sur ce concert ? Un slameur ne serait ni porté, ni vu alors… A rien en fait. Rien, le vide. Comme les cours de guitare qu’ont suivi les membres du groupe. Sont ils même musiciens ? Sont ils même eux ? Je suis en train de me faire enfumer… Je souris tout seul à cette vanne minable en me demandant combien des autres autour de moi y ont pensé aussi. Les autres… on est ici ensemble à vivre le même concert mais vit-on vraiment la même chose ? On reste tout le temps inaccessibles aux autres finalement. Est-ce qu’un micro posé près de Saturne sonne comme du Sunn O))) ? La forme la plus élevée de l’art est elle forcément inaccessible (et dans ce cas avec Sunn O, pfffff on est haut) ou est-ce juste une connerie élitiste ? Les chansons se mélangent, le temps est long. Le concert monte encore en intensité et le duo brandit ses guitares en l’air. Mes bras s’élèvent alors dans les airs les mains tendues vers le ciel et je me met à gueuler comme une bête. Fort. Longtemps. D’autres cris autour de moi. Cinq jours plus tard je comprends toujours pas ce qui s’est passé. Le concert s’achève, je me retourne. La tente et sa centaine de curieux de début de concert s’est transformée en une marée humaine de bien 60 personnes. Je ressors et retrouve un pote resté discuter à l’extérieur : “t’a bien aimé ? ça fait vibrer les couilles hein !”. L’autre est inaccessible.
Korn - 3 - MainStage
Encore un peu sonné par la messe drone, je renonce aux gobelins orange pour rester avec les copains et retrouver un amour de jeunesse : Korn. LE groupe que je voulais voir pour mon premier Hellfest.
Pour ma génération, il y avait deux portes d’entrée au métal.
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La noble : papa écoutait Led Zep, Metallica ou Scorpions, et on a glissé naturellement dans la marmite, élevé au bon grain.
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Et puis… l’autre. La honteuse. Celle que nous forçait dans la gorge MTV qu’un pote avait à la maison : SOAD, Slipknot, Korn, Marilyn Manson à la chaîne. On a mordu, on a avalé et on a aimé ça. Mais déjà à l’époque, on sentait que ce goût-là ne vieillirait pas bien. On savait déjà que les vrais allaient nous mépriser et que le rap allait emmener tous les autres avec lui.
Vingt ans plus tard, je me suis éloigné du nu Metal mais j’en garderai toujours une affection particulière. C’est donc une Grimbergen de Proust que je déguste sur la plaine cette nuit. Certes mon cerveau n’a pas reconnu tous les morceaux d’Issues que je ponçais pourtant dans ma chambre mais l’espace d’une soirée ADIDAS n’était plus une marque de basket et la cornemuse l’accessoire d’un écossais. Cette playlist était dingue et ma voix est déjà foutue. Déçu d’avoir été trop tard pour le Are you Readyyyyyy ! pas d’être venu.
Alcest - 1 - Temple
J’abandonne les copains qui font un pas de côté (musicalement au moins deux) vers la MS2 pour le garçon escort électrique et retourne seul sous la Temple. Derrière Neige, un grand héron se dessine dans la brume. La scénographie s’accorde parfaitement avec l’onirisme du groupe. J’aime Alcest et mon fils s’est souvent endormi “Sur l’océan couleur de fer”. Malheureusement je suis vidé, aussi réceptif qu’un 3310 au cœur de la Creuse en mode avion, je quitte.
VENDREDI
Au réveil, verdict unanime: j’ai loupé “un truc mais un truc”. Electric Callboy a retourné la Mainstage justifiant ce faisant une popularité dont témoignait la foule de tee-shirt à leur effigie. Et ben vous savez quoi le vrai enfer du Hellfest c’est pas la foule, les téléphones devant les TA, la boule de glace à 3,90 ou les Blandines, non l’enfer du Hellfest c’est de devoir faire des choix. C’est aussi ce qu’il le rend si beau. Une tragédie grecque sous ampli et double pédale.
CASTLE RAT - 3 - Valley
J’avais trouvé l’album sympa, sans plus. En arrivant sur scène… héhé moi et les boys on a tout de suite compris où était le plus. A 11:40 sur la Valley il fait déjà chaud et sur scène aussi car la chanteuse a plus de cheveux que de vêtements. Le show tient de la prestation théâtrale autant qu’un concert. Les musiciens déguisés sont les acteurs d’une histoire fantastico-médiévale avec duel à l’épée, résurrection par potion, et une charmante Rat Reaperess qui se balade armée d’une faux à moitié à poil. On comprend pas tout. Mais on est à fond. Nous partons dans une quête pour sauver le royaume de notre dominatrice Donjon et Dragon : “The fate of the realm rests in your hands Will you do as I say ?!”. Nous on était bien d’accord et nous vlà à gueuler “IN THIS REALM !!!” chaque fois qu’elle nous le demande. Le groupe fait preuve d’une étonnante maturité et je suis complètement pris dans ce show doom à l’esthétique rétro kitsch. La chanteuse prouve qu’elle est plus qu’une meuf avec les nichons libérées et guitariste et bassiste haranguent la foule comme des démons, faisant de chaque chanson un spectacle.
Tout au long du set, une silhouette tapie en bord de scène griffonnait frénétiquement dans un carnet, fascinée par la façon dont la Rat Queen a triomphé des rats. Préparez vous : au prochain conseil municipal Anne Hidalgo débarque en crop-top cotte de maille.
BELORE - 1 - Temple
Nous retrouvons devant la Temple des copains qui nous entraînent sur du black atmosphérique aussi accessible que mélodique. Malgré leur tendance à nous parler anglais parce que c’est plus cool, le groupe est bien de chez nous. Je ne les connais pas du tout et ce n’est pas vraiment ma came. Le concert m’a laissé peu de souvenirs mais il me semble que le chanteur nous a carrément dit d’aller acheter ses tee-shirts. Par chance pour moi les copains ont du mal à rentrer dedans aussi alors on a dit flûte et on est parti (marrant parce que le groupe joue de la flûte en fait).
THE NIGHT ETERNAL - 1 - Temple
Cette fois c’est moi qui entraine sous l’Altar car les bangers In Tartarus, Moonlit Cross ou Prince of Darkness m’avaient immédiatement accroché dans ma playlist pré-Hellfest. Malheureusement la tente est quasi vide et le concert de la nuit éternelle nous paraît effectivement très long. Nous partons donc vers le bar central où nous faisons une infidélité à Grimbergen en découvrant l’excellent « Basil Fizz ». Le Hellfest sait offrir des bonnes surprises pour compenser les déceptions (même si 13 balles putain). Puisqu’on est là on regarde un peu AMIRA ELFEKI, que le dircom du festival avouait être sa priorité de l’année (cf. l’excellente chaine Youtube MusInc). Ben si c’est le futur du Hellfest, pas sûr que ce soit le mien.
SKILTRON - 1 - Temple
Il y a du monde pour le folk paien métal d’amérique du sud. C’est dansant et à cette heure, les jambes et le foie sont échauffés. Alors ça gigote joyeusement sur le son de la cornemuse. Je suis pas franchement emballé mais reste avec le groupe qui semble apprécier. Les argentins finissent par se retirer et un voyage au Food court m’envoie vers l’Inde pour une assiette à 13€. Cher ? Oui. Bon ? Aussi. Et dégustée sur le rebord de la fontaine centrale c’est parfait.
LION’S LAW - 2 - WARZONE
Nous arrivons un peu tard pour la loi du lion mais c’est une bénédiction puisqu’on atterrit pile sous le brumisateur géant de la Warzone. Les gars sont français, massifs, tatoués avec l’air de s’être échappés d’un abattoir clandestin. Ils envoient exactement ce qu’on attend d’eux.
THE REAL MCKENZIES - 1 - Warzone
Tous les ans y’en a un. En 2025 c’est THE REAL MCKENZIES qui s’y colle. Je suis pas le seul à aimer mon punk celtique bien chaud et la Warzone est blindée sous 40°. Tout le monde ne supporte pas la bière, la chaleur et l’odeur de son voisin aux niveaux auxquels le Hellfest les propose et à côté de nous, une petite échauffourée entre deux gaillard pas fin (d’air et de corps) éclate. Malheureusement quelques chevaliers blancs en kilt calment tout le monde et nous privent d’un spectacle que la scène peine à délivrer. On est loin et d’ici le concert semble mal mixé et la voix sonner faux.
THE HU - 3 - Mainstage
800 ans plus tard les mongols ont enfin atteint l’Atlantique ! Pour faire face aux descendants de Gengis Khan les plaines de la Mainstage sont noires de monde. La curiosité (pardon pour ce mot obsolète) la hype est immense à l’image du buste de guerrier mongol qui campe au centre de la scène. Les musiciens sont armés de leurs “Morin khuur” (merci Wiki) à la volute rouge et bleu et du chant khöömii remplace les borborygmes occidentaux. Le set débute et malgré l’énergie, j’y arrive pas. Je veux bien saluer la démarche, l’originalité, le folklore… mais au bout de trois morceaux, tout sonne pareil. Je dérive. Comment on dit mouaif en mongol ? Et la grande roue. Elle a été repeinte non ? Tant pis. J’irai le lendemain faire un tour au merch artiste pour découvrir que The Hu vend son tee-shirt 45€. J’ai dit non, faut pas me prendre pour un mongol. hu hu hu.
MUSE - 3 - Mainstage
Nous nous posons près de la MS1 pour déguster un sandwich raclette à peine plus chaud que l’air ambiant. Brisés par la chaleur et l’alcool, nous restons assis tout au long du concert de WITHIN TEMPTATION. C’est pourtant un groupe que je préfère voir qu’entendre.
La pendule et le thermomètre croisent enfin leur course et à 23 heures, le groupe ayant déchaîné les puristes débarque sur scène… Derrière moi, la foule est immense et on se fait une joie. C’est donc avec une certaine incompréhension que je les vois se lancer sur une soupe berceuse de laquelle émerge difficilement la voix de Matthew Bellamy. C’est pas comme si les mecs avaient 5, 6 bangers imparables qui leur aurait permis de lancer proprement le show… L’incompréhension se mue en désillusion au fur et à mesure des chansons. Bellamy y met certainement de l’attitude, il y a de l’envie mais à quoi bon changer de guitare à chaque chanson puisqu’il en tire autant que du air guitare ? Outre ma déception personnelle j’ai mal pour le groupe (bon les mecs ont probablement pris leur millions donc l’empathie est limitée mais quand même). Soudain, une guitare atrophiée tente un riff. Je me tourne à droite “c’est pas Gojira ça ? Je vois mon voisin pensif. Quelques accords plus tard : si sûr, ils font Stranded. Je frissonne, comment va-t-il chanter ? Je sens le massacre arriver mais heureusement Muse sait que les blagues les plus courtes… alors ils s’arrêtent à l’intro. Les intros parlons en… Elles précèdent chaque chanson avec une logique qui m’a systématiquement échappée. Ainsi d’un discours sur la liberté en lettre rouge sur des écrans géants qui se transforment en sorte de drone de surveillance qui m’ont rappelé 1964 d’Orwell. Ou celle débutant via un étrange pianotement sur une guitare: je me penche à nouveau vers mon pote “c’est gênant là” Hochement de tête, grimace. Plus ça s’enchaine plus c’est WTF à l’image d’un loop électro pas désagréable mais dont on se demande vraiment ce qu’il vient foutre là d’autant qu’il est suivi d’une reprise d’Ennio Morricone. Je me dis que les subtilités m’échappent et je vois bien que leur setlist est énervée, je reste dans le concert. Et heureusement car l’arrivée des Time is Running Out, Hysteria et Uprising “piggy song !” nous permettent de nous arracher la voix. Point d’orgue: Supermassive blackhole m’a toujours semblée un cran au dessus en termes de profondeur, de puissance et là encore elle n’a pas déçu. Je note quelques slammeurs qui se risquent à descendre vers la scène pour quasi autant de chute. Pas sûr que tout le monde ait les codes métal parmi la foule. Autour de moi se crée une chenille dont je ne peux m’assurer du second degré. Le concert se termine sans aucune interaction et des adieux expéditifs. Un des concerts les plus étrangement construits auquel j’ai assisté.
HEILUNG - 4 - Mainstage
Le thermomètre est tombé avec la nuit mais consciencieux, nous faisons un détour par le bar pour continuer à nous hydrater. Faut dire que j’ai investi dans un porte gobelet à DEUX EUROS CINQUANTE pour transporter ma bière sans les mains alors je rentabilise. Je descends vers la MS2 traversant une foule disparate.
Devant moi les écrans géants sont hypnotiques. Entre ciné-concert et rite shamanique, chaque plan pourrait être tiré d’un film de Robert Eggers. Sur scène, masques, tatouages rituels, runes bleutées, seins nus et torses peints nous transportent ailleurs. C’est visuellement incroyable mais je ferme rapidement les yeux pour me concentrer sur la musique et me laisser envahir par les percussions. A côté de moi ma femme sent ses jambes frémir d’elles-même. L’expérience est assez incroyable et je me dis que les religions monothéistes en écrasant les croyances primitives sont criminels d’avoir ainsi appauvri la richesse spirituelle de l’humanité. Les chansons s’enchaînent et nous entrainent, nous sommes tous possédés par des forces qui nous dépassent et le concert s’achève avec un regret: ne pas être sur scène avec eux et une dose de MDMA.
Des obligations familiales nous contraignent ensuite à rejoindre le parking ouest ce qui est fait en une petite demie heure. L’image est saisissante à notre arrivée, le parking est quasi vide. Je savais que d’année en année, le camping perdait des festivaliers et qu’un nombre croissant reprennent tous les soirs leur voiture pour aller chercher un lit (et une piscine) sur Clisson ou aux alentours mais je n’imaginais pas à quel point.
SAMEDI
Nous arrivons au camping trop tard pour Agriculture, Conan et Nasty. La terreur du jour s’appelle Louis Bodin et une partie du groupe n’a pas bougé. On s’assoit, on tend le bras vers la glacière et quand on se relève il est 20:00.
DEAFHEAVEN - 5 - Temple
Dream House est la première chanson qu’a jamais entendue mon fils (et également la dernière car depuis, il est sourd). Autant vous dire que j’avais une certaine attente, surtout après leur dernier album, surtout 8 ans après leur dernier passage. Pas de suspense : l’attente était au niveau de la prestation. Je souffre vraiment à traduire en mot l’expérience, sa beauté viscérale, son intensité. George Clarke est magnétique, son corps qui se tord tient du punk davantage que du black, la façon qu’il a de crier dans son micro, d’être dans l’absolu, juste un vaisseau de chair qui déchire ses cordes vocales… Je regrette juste ses demandes de circle pit, hors sujet, mais ils étaient derrière moi donc je m’en tape finalement. Sur le pont de Dream House, les novices ne peuvent contenir leurs cris de bonheur mais pour la plupart nous savons, nous attendons dans le creux du silence. Celui qui suit Deafheaven est encore de lui. Nous sommes ensemble, 1000 possédés parmi la masse de festivaliers, un îlot de bonheur comme le Hellfest sait en donner. Et quand résonne la batterie nos bras se lèvent sur nos paupières baissées et nous hurlons. Tant que je vivrais ces émotions, je reviendrais.
Après ça ? J’ai erré. Une bière, une box de mémé patate. Je tente HAVE A NICE LIFE mais non. Un troupeau de Blandines dans l’herbe synthétique verte paisse calmement leur cornets de frites. Elles discutent, elles ont le sourire. C’est beau quand tout le monde est heureux. Le Hellfest fait ça. Je reviens sous l’altar. On m’a conseillé VOLA. Me demande rapidement pourquoi. Je met rapidement fin à cette non rencontre.
Abbath - 2 - Temple
La légende du black norvégien a certainement des bonnes raisons de l’être. Il délivre du black à l’ancienne, rapide et violent dans un show théâtralisé avec un maquillage qui révèle sa passion secrète pour les pandas. C’est très statique et moi non plus je n’ai pas beaucoup bougé sur ce concert.
RUSSIAN CIRCLES - 3 - Valley
Qu’elle est belle l’expérience de la Valley à l’air libre dans la fraîcheur de la nuit. Encore plus quand Russian Circles te tient par la nuque dans une tension sourde, une sensation que quelque chose va céder. Il manquait juste un je ne sais quoi pour rendre ce concert exceptionnel.
TURNSTILE - 3 - Warzone
La Warzone est un micro climat au sein d’un festival fournaise. Certains n’en sortent jamais, cachés de la foule des mainstages, vivant en autarcie entre miradors et murs d’amplis, décérébrés ne survivant que de houblon pendant 4 jours. Alors quand Turnstile débarque c’est l’émeute. Le chanteur c’est ce mec insupportable en soirée, charismatique, beau comme un dieu, sympa, talentueux: le mec nous met tarte sur tarte et on adore. Mais voilà. Un concert, c’est aussi ce qui se passe autour de toi.
Et moi, j’étais mal placé, trop à droite. Et surtout, mal voisiné. Y’avait un petit groupe. Vous savez le trapu costaud avec des jambes comme des troncs qui se prend pour un chevalier blanc en concert. Posture défensive, hyper-vigilance, le front est bas et ses yeux scrutent la fosse plus que la scène. Il a les bras autour de sa copine façon pare-choc et il se pissera dessus plutôt que d’abandonner le job qu’il s’est auto-attribué. Tu sens bien que derrière cette ultra virilisation médiévale, c’est juste un mec qu’a jamais géré l’abandon de sa maman et a peur que sa meuf se barre. Alors il l’enferme et repousse dès que ça s’approche. Lui il pense que c’est du respect mais en fait, ça casse l’énergie. Ça m’a un peu ruiné le concert. Faut dire aussi qu’à stheure j’étais une huître oubliée au soleil. Concernant la musique je comprends complètement l’engouement populaire: c’est du hardcore punk mélodique très catchy avec des refrains à chanter entre potes et, ça m’a encore plus frappé pendant le concert, c’est hyper dansant, vraiment. Je comprends par contre mal l’unanimité dont Turnstile bénéficie, les vieux puristes hardcore valident vraiment cette pop-punk vitaminée ?
MICHEL MERCURY - Metal Corner
Nous arrivons au Métal corner et je me sens comme la mousse d’une pinte de bière: du bonheur prêt à s’envoler. Sous la tente, c’est Leclerc de Gétigné le samedi, bruyant, bondé, grouillant. Ça braille Bohemian Rhapsody et nous aussi.
Soudain au fond, presque irréel, j’aperçois l’icône inspirant cette immense ferveur, ses cheveux sont blonds, ses lunettes roses et tout son corps est couvert de 1000 paillettes : MICHEL MERCURY. Un demi-dieu en tongs. Déjouant nos attentes, cet artiste sans compromis enchaîne Queen avec “A la queue leu leu” sans même un mouillage de nuque. C’est l’ébullition dans la tente: nous attrapons les épaules devant nous et bientôt c’est un centipède géant qui s’avance et serpente, agglutinant toujours plus de fidèles. Nous avançons vers la lumière, vers MICHEL.
L’air pue, les décibels déchirent nos tympans et les stroboscopes nos yeux. Mais MICHEL est là. De plus en plus près. J’arrive aux barrières qui séparent le sépare de nous autres mortels. J’ai envie de le toucher mais déjà il repart vers ses platines. La chanson n’a même pas le temps de finir, MICHEL en a déjà mis une autre. “Trop fort MICHEL !” que je lui crie. Le concert continue: tout devient simple, limpide. Même le concert de Sunn O))) m’apparaît désormais évident. Puis MICHEL parle. Il nous parle.
« J’ai promis à des Parisiens que je vous ferais danser sur une musique de camping. »
Follow the leader résonne et ce que demande MICHEL, nous exécutons. La chorégraphie est ambitieuse mais ce soir rien n’est impossible. Nos efforts sont récompensés, MICHEL nous sourit. Extase. La tente explose. Le monde peut finir maintenant.
Un top noir de femme fend l’air, hommage textile lancé vers l’idole. Invitation à davantage. Il m’atterrit sur l’épaule. Je le fais tourner, tourner comme Roger sa serviette au remariage de Sylvie. La setlist de MICHEL post-moderne-du-futur est évidemment un sans faute. Dans le déluge des enfers résonne soudain: Sous le soleil des Tropiques. Je hurle au premier rang “ON FERME TOUS LES YEUX”. Je suis obéit par les plus fervents, nos pas de danse deviennent incertains, les peaux se touchent, l’expérience devient quasi mystique. Je ne danse plus, je flotte dans un jus collectif, moite et braillant. Le concert devient tellement inoubliable que j’ai un trou noir. Lorsque je reprend conscience, je suis encore devant et mon bondissant mètre quatre-vingt attire enfin l’attention de mon Dieu. Alors qu’il pose sur moi son regard, je hurle : “LA DANSE DES CANARDS !!! Met la DANSE DES CANARDS”. Il détourne les yeux et retourne vers ses platines. Alors que je nous vois déjà tous accroupis à glapir “COIN COIN !!!”, trou noir à nouveau. Concert inoubliable. Merci MICHEL
DIMANCHE
“Allez ! on pousse ! encore !”, “on passe sur planche statique”, “les niveaux 1 vous pouvez vous arrêter”. Je passe ma tête de hibou par l’entrée de la tente, nos voisins suent et souffrent: ils font du renforcement musculaire. Je souffre aussi : ils ont mis du 5FDP pour se donner du courage. La prof leur parle comme s’ils avaient quelque chose à expier, je soupçonne la Métal mission d’être passée de bonne heure.
“Vous allez voir Reverse ce soir ?” Mon cerveau affiche erreur #404 avant de se rappeler ma playlist pré-Hellfest. C’est Falling In reverse, un mélange improbable des pires sous-genres que la musique alternative ait jamais chié : du rap-rock de caïd écrivant comme un collégien attardé avec de la pop-punk débile pour ados sous Ritaline et du metalcore fluo façon MySpace 2007… Le tout avec la profondeur d’un film Fast & Furious coupé en thread TikTok. Le chanteur est un vrai coxxx mais son pire crime c’est sa musique. Je réponds donc “heu, on a pas prévu” et me trouve vieux.
Heureusement la température a baissé de 10° et cette journée gagne en concert ce qu’elle perd en degré : go !
BLACK BILE - 3 - Valley
Les mecs viennent de Lorient et on sent le traumatisme. Y’avait qu’à voir les longs regards fixes et vides que posait la chanteuse sur l’assistance. D’ailleurs à un moment t’as le batteur qui envoie valdinguer sa cymbale moi j’ai tout de suite vu l’appel à l’aide, mais immédiatement le staff et le manager sont venus remettre tout en ordre. Faire comme si de rien n’était. Musicalement c’est très mélancolique. Des nappes éthérées traversées de tempêtes et de hurlements. Beau et violent même si le concept trouve vite ses limites, à moins que mes propres limites m’empêchent d’apprécier la variété proposée.
GRAVEKVLT - 3 - Temple
Autant j’avais été convaincu par l’univers et la musique de BLACK BILE ici c’est la prestation qui épate. Les premiers étaient appliqués, GRAVEKVULT sont des “naturels”: voix caverneuse, lunettes de soleil et moustache, les riffs déferlent sans répit et le chanteur maîtrise tous les codes pour motiver sa foule en plus de dégager un truc sympas. Sur une enceinte à l’arrière, le drapeau de la Palestine.
LEV RADAGAN - 2 - Valley
Vu par hasard, le groupe est “From Berlin China France Mexico”. Le Front man est le genre de mec que tu veux pas présenter à ta femme: beau gosse sympa avec un corps de surfeur, il a même un skateboard en guise de guitare. Le concert est un show et deux demoiselles aux déhanchés remarquables le clôturent en venant peindre de rouge le premier rang.
THE CEMETARY GIRLZ - 1 - Temple
Tromperie sur la marchandise ! Ce ne sont pas des filles et ce n’est pas ma came non plus. On se dandine mollement d’une jambe sur l’autre avant d’abandonner. En sortant je croise le tee-shirt noir le plus drôle du fest: No Pain, No saucisson.
UNTO OTHERS - 1 - Temple
Après avoir dévoré quelques fantômes sur les Pac Man de la Purple House nous allons en chercher d’autres sous la Temple. UNTO OTHERS (à ne pas confondre avec INTO OTTERS qui relève d’une mignone zoophilie) ressemble à des mecs à qui on piquait le goûter à la recré et qui depuis, se sont bien rattrapé. Leur heavy est entraînant et a un futur potentiel sur la Mainstage mais n’a pas provoqué grand-chose en moi. Je retiens de nos 4 joufflues l’expressif guitariste à la mèche blonde et moue mutine, mon chouchou !
Lorna Shore - 3 - Mainstage
Conseillé par le patron de bar de mon village, l’arrivée de Lorna Shore dans mon Running Order avait créé un nouveau clash avec MESSA. Vu les styles un dread différent, je laissais à mon corps le soin de décider au dernier moment. Mon corps avait envie de bouger, alors Go ! La plaine est blindée mais je progresse à coup de “pardon, je vais à la bagarre”. Alors qu’en fait c’est la guerre qui m’attend. Malgré un physique d’ado maigrelet Will Ramos gueule comme un démon. D’ailleurs j’y connais rien mais si j’étais sa maman je lui dirai de faire attention à ses cordes vocales parce que entre les EHAAHAHAHHAHHAAAHAHAAAAWRRARH et les RAEREWHHHERREARRERRR !!! il risque de se faire mal.
L’enfer est pavé de bonnes intentions et j’y arrive (aux pavés) à la faveur d’un circle pit dont je m’éjecte juste derrière les barrières. Comme il fait pas assez chaud, des flammes s’échappent régulièrement de la scène et cette fois on y est (en enfer). C’est le dernier jour alors pas de calcul, je donne, je prend (des coups d’épaule un peu et du plaisir beaucoup) et me retrouve 10 ans plus jeune. Le show est monumental, le pit explose à chaque chanson et au lieu de grosses baffes on prend d’énormes tacles dans la tronche (c’est un Ramos aussi…). Entre chaque chanson, le gremlins qui tient lieu de chanteur redevient un gendre modèle, tatoué, souriant et sympa. Alors qu’il annonce la dernière chanson et un “We are Lorney Shooorrrrreee” qui fout les frissons je me souviens: avant de m’enfoncer dans la foule j’avais fixé un rdv. Je sors donc en slam et remonte côté gauche toute la plaine.
SHAÂRGOTH / Temple
“On se retrouve devant les barrières pour Shaargoth, à 17:00 sous la Temple y’aura pas grand monde” avais-je lancé au groupe avant de me perdre dans du deathcore…
Sauf qu’en arrivant, la tente dégorge de tee-shirt noirs comme un V8 d’huile poisseuse. Bon. On change pas une technique qui marche et à nouveau “Pardon, je vais à la bagarre”. Le festivalier n’est jamais aussi généreux que lorsqu’il voit un débile déjà ruisselant s’enfoncer dans une étuve surpeuplée à 40° et je me retrouve rapidement dans un univers parallèle mad maxien noir et vert.
La fosse est un bordel innommable et je signe tout de suite le contrat : je ne suis pas ici pour écouter, je suis ici pour devenir un animal. La scénographie est bluffante, le groupe est maquillé, costumé accompagné par des bestioles étranges qui renforcent l’immersion.
Wall Of Death, Circle Pit, Jump the fuck up Slipknotien : toutes les figures de style imposées y passent, réclamées par un front man charismatique. Je me fais la réflexion que tout ça est un peu trop calculé, calibré mais le 45 d’un slameur non annoncé a tôt fait d’évacuer ces horripilants derniers neurones. Je ressors en slam complètement atomisé du concert. Malheureusement Cattle Decapitation s’est désisté. C’est dommage car le chef d’œuvre absolu qu’est Just another Body est rapidement devenu l’une des chansons favorites de mes voisins du dessous qui n’hésite pas à scander le rythme à grand coup de tapes dans leur plafond.
HEALTH - 4 - Valley
Le métal nous habitue à du chanteur musculeux, particulièrement au niveau du cou, des tatouages, des cheveux longs et une barbe. Pour Jake Duzsik, le chanteur de Health c’est tout l’inverse: un petit bonhomme sans charisme avec une tête de fouine. Il jouerait le traître dans n’importe quel film, fourbe comme sa petite taille le laisse deviner. Tout au long du concert, le mec semble aussi éthéré que sa musique. Et pourtant alors que le concert revient doucement sur terre, il nous rappelle la difficulté qu’ont les humains à communiquer ce qu’ils ressentent et nous confie que malgré son langage corporel il est heureux d’être ici et même jaloux des front man qui gueulent « Hellfest are you ready ?!? » et autres “Do you want MORE !”. Pour tous les autistes et autres esclaves de leur propre corps, Merci Jacob. Afin de valider son leader (et après un probable cachet d’XTC), le bassiste vient nous slamer dessus après le concert avant de nous partager sa sueur et ses sourires à grands renforts de calins. Ma femme repartira avec la baguette d’un batteur qui en aura fait des croix tout le concert.
Jerry Cantrel - 4 - Valley
Quand la nuit tombe sur la Valley c’est ocre, c’est beau et ça fait miroiter ma Grimbergen. Alors je suis heureux qu’il y ait pas un mec pour gueuler sur l’absence de Tom. Par contre Jerry est venu avec Greg Puciato (The Dillinger Escape Plan), bien. C’est mélancolique, sombre et je suis surpris que ça chante et slam dès la deuxième chanson. On est dans une zone floue entre rêve, bière et ambiance de fin de fest. Pendant le set, je vois le mec devant moi taper l’épaule du barbu devant lui et ce dernier d’arrêter de filmer avec son téléphone. Je l’en remercie avec un pouce levé (y’a pas mal de bruit autour de nous). Deux chansons plus tard, il sort lui-même son Iphone pour l’intro de I Want Blood. L’autre est innaccessible.
Il est désormais temps de rejoindre la MS, ses kilos de viande au mètre carré, ses pancartes “Chester wood bi proude” et ses “A POIIIIIIIIIL !!” suivi de ricanements beaufs.
LINKIN PARK - 4 - Mainstage
Je faisais parti de ceux qui faisait la chenille en 2017 devant Linkin Park tellement le show était minable. Bon vu ce qu’avait ensuite fait Chester, je m’étais promis cette fois de ne pas partir avant la fin. Nan en fait, j’avais prévu exactement l’inverse, abandonner mon groupe et filer à l’allemande voir EISBRECHER si les ricains n’étaient pas au niveau. Mais la ricaine m’a fait rester.
Je n’ai jamais été très fan de Linkin Park, trop de rap, même si Hybrid Theory et Meteora et leurs tubes sont cultes. Ce soir je les ai redécouvert, bluffé par les capacités vocales d’Emily Armstrong dont chaque scream m’a transpercé. Il y a une alliance de puissance et de fragilité qui m’a vraiment rendu excitant le concert tant chaque nouveau cri me surprenait. Sinon même si j’ai bien aimé l’idée de faire lentement défiler la caméra devant le premier rang pour détecter les fans de JUL, j’aurais préféré moins de coupures entre les chansons. Mais cela ne m’a pas gâché le plaisir, ni la cohue pour sortir, ni les 2heures pour sortir du parking.
J’étais venu en pensant qu’il s’agissait de mon dernier Hellfest sur 4 jours. Plus sûr désormais.
Mes concerts de cette édition
Deafheaven
Heilung
Slomosa
Sun O)))
*Les 4 infos sont vraies.