Durant les 80’s, j’avais un copain qui achetait tout ce qui paraissait extrême, parfois juste à l’allure de la pochette. Ca m’arrangeait, je recopiais tout sur cassette, et dans le tas, il y a quelques albums que j’apprécie encore. Dont celui d’aujourd’hui.
Replaçons les choses dans leur contexte : le speed, qu’on n’appelle pas encore thrash, vient de pointer le bout de son nez. Dans la presse metal (Enfer, Metal Attack, puis bientôt Hard Force), on sent un jeu d’équilibre entre les « anciens » et les modernes, ce qui donne parfois des chroniques qui descendent des disques devenus des classiques, ou à l’inverse qui encensent des productions largement oubliées depuis.
Je vous livre celle-ci, qui m’a marquée, dans Enfer en 1985 : « prenez quatre plombiers ou quincaillers. Enfermez-les dans un studio pour un court laps de temps avec pour toute nourriture une basse, une guitare, un micro et une batterie. Fermez-bien la porte à double-tour, sans oublier d’y inscrire « défense de nourrir les humanos ». Passez de temps en temps, en donnant de grands coups de pompe dans la porte pour exciter ce qui reste de vie à l’intérieur, en n’omettant pas les insultes de rigueur qui correspondent à la vigueur des coups engendrés par vos augustes rangers frappant cette pauvre porte !
Ca y est, l’expérience va pouvoir commencer ! Les quatre sauvages ayant entrepris d’apprendre à se servir des instruments laissés pour les besoins de l’expérience vont pouvoir être lâchés. Nous appellerons tout ceci « the Morsüre syndrom » (en anglais, parce que ça fait plus classe).
Le hasard et la nécessité du mimétisme entre l’homme et l’instrument ont déterminé la nomenclature finale : Franck aura une batterie, Didier a pris le micro, Eric la basse et Loran la guitare.
Tel un disque normalement constitué, l’expérience se déroule en 10 étapes : le chanteur porte le n°1, le bassiste le n°2, le guitariste le n°3 et le batteur le n°4. Les portes s’ouvrent. Les quatre forcenés s’élancent dans une course folle. Les chronos sont partis en même temps qu’eux. Cela va très vite, on peut les suivre à la lunette à infrarouge, et dans la première course de « M.A.D. » c’est sans contexte le n°1 qui l’emporte. Les quatre fiers coursiers repartent de plus belle, et enchaînent « no moral », « Ahriman’s heart », et tant d’autres pour arriver sur le célèbre bridge de « Vreder strack ». Retour au chrono et aux résultats. Dans la première, c’est le chanteur qui gagne, ainsi que dans la quatrième, cinquième et huitième course. Par contre, pour ce qui est des courses n°2, 6, 9 et 10, on peut dire que c’est le batteur qui a fièrement triomphé, distançant largement ses concurrents.
Seule la troisième course a été remplacée par le bassiste. Pour la septième, on attend encore le résultat. Il a fallu, en effet, avoir recours à la photo pour départager le guitariste et le bassiste, ceux-ci continuant d’ailleurs à s’expliquer violemment dans les vestiaires.
Bilan de cette expérience, il fallait jouer les 1421143144. Ceux qui ont joué les bons numéros gagnent une pochette d’allumettes aux armes de Morsure dédicacée par le Dr Klein. »
La chronique dans le Hard Force n’était pas meilleure apparemment (c’est lépoque où c’était encore un fanzine, je ne l’ai pas). Il n’y a que dans Metal Attack que le disque a été défendu, mais Gil Tadic, l’un des journalistes, était le frère du guitariste : « Acceleration Process établit de façon définitive Morsüre comme successeur de Slayer au sommet du speed ! ». Rien que ça. En plus d’une production assez abominable, le disque souffrira longtemps d’une suspicion d’accélération des bandes.
N’empêche que presque 40 ans après je me souviens encore des morceaux et que j’estime que ce disque était un précurseur du grind et du techno-thrash qui sont arrivés un peu après.
Pour ceux qui veulent en savoir davantage, je suis tombé sur cette chronique : MORSÜRE (FRA) - Acceleration Process (1985) :: METAL IMPACT :: L ultime Webzine orienté Metal qui se renouvelle au quotidien