Je vais à des concerts pour plein de raisons, mais la première d’entre elles, c’est ce sentiment que j’éprouve quand les portes se ferment, que la lumière s’éteint, que le groupe entre sur scène et que la musique envahit tout. Je suis dans un cocon, je ne laisse entrer que cette musique et parfois, la transe arrive.
Je pourrais étrangler les mecs ou les nanas qui sont parfois derrière moi et qui discutent, le plus souvent en hurlant, pendant le concert.
Sérieusement.
Pour moi, les meilleurs concerts sont ceux où j’ai les yeux fermés. Je suis là, mais je suis ailleurs.
Parfois, une petite transe arrive et c’est un bon concert. Le monde a été tenu à distance pendant un certain temps et c’est toujours ça de pris.
Parfois, la transe est forte. Très forte.
La 1ère fois que ça m’est arrivé, c’était dans la belle acoustique de l’Auditorium de Lyon et c’était Sigur Ròs. Pendant le concert, si quelqu’un avait eu l’idée de venir me voir et de me demander de décliner mon identité (nom, prénom, adresse et date de naissance), j’aurais tout simplement été incapable de répondre. Je n’habitais dans ce genre de réalité.
Ça m’est arrivé d’autres fois, parfois sans que je m’y attende : Akron Family, Sigur Ròs une 2ème fois, 67,5 minut Projekt (de la techno minimaliste), Sigur Ròs encore, James Holden & Camilo Tirado, Oranssi Pazuzu au HF…
Et puis Pharoah Sanders. Nuits Sonores à Lyon. Il ne jouait pas longtemps et je n’avais pris mon billet presque que pour lui. Je rêvais d’entendre un morceau, tout en sachant que j’avais très peu de chances d’être exaucé. Il l’a joué.
J’étais à la barrière. J’ai fermé les yeux. J’ai été traversé par chaque note de chaque instrument. Quand le morceau s’est terminé, j’ai très lentement émergé et je me suis aperçu qu’il s’était passé une bonne vingtaine de minutes entre le début et la fin du morceau. Pour moi, cela avait été un instant, et une éternité en même temps.
Le morceau ? The creator has a master plan.
(Bardo Pond en a d’ailleurs fait une très belle version).
Le voici, joué ailleurs.