Up!
Suite à [url=http://www.hellfest-forum.fr/viewtopic.php?pid=945604#p945604]ce post que je n’ai pas eu le temps de développer, je m’y prends maintenant dans le topic adéquat.
Le concert qui m’a le plus marqué est :
NINE INCH NAILS
07/07/2000
Festival Les Eurockéennes de Belfort
• Avant :
J’étais allé voir NIN une première fois quelques mois plus tôt lors de son passage au Zenith de Paris dans le cadre d’une première tournée de promotion pour l’album The Fragile. Le concert m’avait fait une si forte impression que je me suis empressé d’acquérir toute la discographie du groupe. Je l’ai ensuite bien potassée en prévision de leur venue aux Eurocks qui, contrairement à ma première année de fac, m’était impensable de rater. Je n’avais pas encore 20 ans, j’étais seul, libre, je ne me suis posé aucune question, j’ai foncé. J’y suis allé en train au départ d’Orléans puis j’ai pris la navette pour me conduire sur le site. Une fois sur place, il m’a fallu poireauter toute la journée en subissant la musique des autres : Alanis Morrissette… Oomph!.. Muse qui avait pris un melon pas possible en seulement quelques mois… Slayer (dont je n’étais pas du tout fan à cette époque) qu’il m’a fallu quitter après 15mn de show pour rejoindre le chapiteau sous lequel Nine Inch Nails allait se produire.
• Pendant :
Quelques minutes à peine après avoir fini de jouer des coudes pour atteindre les premiers rangs, les premières notes de la première chanson du premier album de Nine Inch Nails retentissent. Reznor déboule en trombe, furieux et déterminé, le visage grimé de blanc, le regard noir et comme le reste du groupe, les fringues entièrement recouvertes de farine. Sous cette allure terrifiante que je ne lui connaissais pas, il harangue directement son public en l’insultant. Je m’étais préparé à revoir le même genre de prestation qui m’avait séduit à Paris, c’est à dire un truc musclé, relativement calme (c’est à dire avec un seul coup de sang du monsieur) mais techniquement millimétré, avec une scénographie un peu retravaillée, mais pas du tout à un tel choc ! Ce n’était pas le même homme que j’avais vu huit mois plus tôt sur la scène du Zenith parisien, celui que la presse avait décrit comme assagi et nouveau. Non, c’était le Trent Reznor torturé et violent de Woodstock '94, ce fameux festival durant lequel il donna un spectacle génialement chaotique à mille lieues de l’esprit Peace & Love originel qui le fit entrer dans la légende. J’en avais vu seulement un court extrait à la télévision et j’en croyais pas mes yeux. J’allais assister à un show dantesque particulièrement destroy et intense. Le groupe avait concocté une setlist spéciale pour cette tournée des festivals d’été européens réunissant les morceaux les plus agressifs de son répertoire et traversée par de rares accalmies. Reznor était plein d’énergie, il dégageait en plus un charisme phénoménal ! Déchainé comme pas possible, il se montrait virulent non seulement avec son matériel (j’ai pas compté les guitares et les micros volants) mais aussi avec ses musiciens. Pour autant, la prestation n’était pas du tout négligée, c’était même carrément fantastique ! J’étais sur mon nuage pendant les 80mn du show. Je peux le dire : c’est comme si le groupe s’était appliqué à donner exactement le concert que je n’avais pas osé rêver. À la sortie, j’étais complètement rincé et groggy… mais super heureux de la vie ! Et aussi un peu beaucoup déboussolé : Où allais-je dormir vu que j’avais rien prévu pour la nuit ? Que pouvais-je maintenant espérer vivre de plus fort que ça ? (*)
• Après :
Je suis devenu un putain de fan hardcore. La première chose que j’ai faite quand internet est arrivé dans mon foyer, c’est taper « nine inch nails belfort mp3 » dans Lycos. J’ai ainsi fait la connaissance virtuelle d’autres fans français bien plus hardcore que moi. Ils avaient créé un fan club et rassemblé déjà pas mal de documentation sur le show. Ainsi, j’ai appris plusieurs infos qui ont ébranlé mon ressenti :
- Reznor a fait une overdose une semaine plus tôt à Londres. Il avait donc rechuté malgré sa soi-disante renaissance médiatisée à la sortie de The Fragile…
- Belfort était une des 3 dernières dates de la tournée. La casse du matériel était prévue et il en restait suffisamment à bousiller pour cette date. Charlie Clouser aurait changé 3x de claviers pendant le concert. Il aurait même flingué le premier dès le premier morceau…
- Tout était minutieusement préparé. On aurait dit le chaos mais en réalité très peu de place était accordé à la spontanéité. Reznor balance les mêmes propos injurieux en intro et exécute souvent les mêmes gestes aux mêmes instants d’une soirée à l’autre.
J’ai revu NIN une dizaine de fois depuis ce jour, en France comme à l’étranger. Même si j’ai passé d’autres moments inoubliables dans mon parcours de ninnie, aucun n’a jamais égalé en terme d’intensité et d’émotion ce concert de Belfort 2000. C’est ma référence absolue.
J’ai écouté des centaines de bootlegs de leurs performances par la suite et il se trouve que la version de Terrible Lie jouée ce soir-là est de toutes ma préférée. Il faut dire, de l’aveux même de Reznor et du groupe, que c’était une de leurs meilleures prestations cet été-là. La tournée proposait une setlist particulière, je l’ai dit, mais pas seulement : pour l’occasion, le groupe avait retravaillé leur son live par rapport à la tournée américaine (baptisée Fragility v2.0 et gravée pour la postérité sur le DVD And All That Could Have Been). Je ne sais pas comment qualifier ce son autrement que comme « destroy », « analogique » ou « synthétique ». En tout cas, je l’identifie facilement quand j’entends un extrait de cette tournée. NIN n’a jamais plus sonné pareil. Danny Lohner (basse/clavier), Robin Finck (guitare) et Charlie Clouser (claviers/machines) se sont cassés puis Reznor a reconstitué un nouveau groupe pour joueur une nouvelle musique, moins violente.
• EN BONUS :
- Les 9mn de vidéo diffusées sur MCM (Terrible Lie + March Of The Pigs) :
https://www.youtube.com/watch?v=3l2aDW0cpLI
- La setlist et le bootleg complet en audio [url=https://www.ninlive.com/shows/2000/20000707.html]ICI.
- Eh bein, croyez-le ou non, mais 4 ou 5 nuits plus tard j’étais dans un club à Bangkok devant un spectacle fascinant de thaïlandaises qui aspiraient tout leur Coca à la paille par leur vagin !