Il y a un terme qui n’a pas été formulé dans vos réponses, c’est le mot passion.
Quand un type part à la pêche au « groupe le plus underground possible », ce qui l’anime avant tout c’est sa passion de la musique, c’est à dire un intérêt qui peut être sans limite et qui tombe parfois dans le radicalisme, voir l’extrémisme. Il souhaite surtout développer ses connaissances sur le sujet et comprendre tout ce qui peut lui échapper. Il s’agit d’une quête individuelle et personnelle, qui n’a, à mon humble avis, rien à voir avec son rapport à l’autre. Je suis surpris de lire les réponses des intervenants précédents qui semblent en dire plus sur eux finalement que sur les personnes dont ils parlent. « se démarquer », « faire chier les autres », « narcissisant », « élite », « délire élitiste »,… comme si le regard de l’autre comptait par dessus tout et qu’il s’agissait ni plus ni moins que d’une histoire d’égo qu’il fallait valoriser aux yeux de ses congénères !
Sylosis_7 lance ce débat sur la musique métal extrême, mais ce phénomène existe dans toutes les musiques et ses sous-genres, ce n’est pas particulièrement propre à ce milieu (qui est par contre particulièrement égocentrique en comparaison à ceux que j’ai pu fréquenter. On dirait que c’est toujours « à celui qui pissera le plus loin » ici :rolleyes: ).
Pour comprendre pourquoi certains ensuite « chient totalement sur les groupes dits mainstream ou qui le sont devenus avec le temps/le succès », encore une fois c’est lié à leur passion. L’intensité de leur haine actuelle égale l’intensité de leur adoration passée envers ces dit-groupes. C’est comme la chasse aux champignons : c’est magique quand on découvre tout seul un coin fertile, ça l’est beaucoup moins quand on est 15000 dessus. Ou comme avec ta femme. Ce qui prime c’est l’intimité qu’on peut entretenir avec l’objet de sa passion. Quand ce lien se désagrège, c’est la rupture ! On souhaitait comprendre et fusionner… mais si on est 15000 sur le coup, c’est que finalement il n’y avait rien à comprendre, et la fusion est un échec. Du coup, on continue notre quête, en entretenant cette illusion, toujours plein d’espoir !
Aussi, je ne pense pas que l’évolution de la musique d’un groupe est la conséquence de son succès auprès du grand public, comme le suggère Guillaume-F, mais plutôt l’inverse : que ça en est la cause. C’est parce que leur musique a changé qu’elle a attiré plus de monde. Ta « logique » t’appartient . Avec le temps - et dieu sait que les groupes durent à notre époque (hélas) ! - il est normal de s’assagir, de se prendre moins le choux, d’aller à l’essentiel et de s’universaliser, d’où cette impression de « formatage » et de musique moins technique et plus simpliste (à ne pas confondre avec « minimaliste »). Les passionnés auront tendance à explorer des territoires plus frais et plus créatifs, pour retrouver une énergie et une vigueur propres aux artistes qui débutent, là où d’autres se satisferont toujours des mêmes trucs (comme dans la vie professionnelle ou conjugale, soit dit en passant).