Chroniques d’albums

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H2O - Nothing to Prove

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20 juin 2014, Pro-Pain joue devant un public trop peu nombreux à la Warzone pendant que Iron Maiden foule pour la première fois les terres Clissonnaises. Très fan de Heavy (et de Maiden), je décide pourtant d’esquiver le monde incroyable présent devant les Mainstages pour me diriger dans la zone de guerre. Et je prends une claque dans la tronche, celle dont je ne m’attendais pas le moins du monde à prendre. C’était, sauf si ma mémoire me joue des tours, mon tout premier concert de Hardcore. J’avais 22 ans.

Nous sommes le 19 octobre 2015. Il ne fait pas si froid pour un mois d’octobre et ce soir, au Petit Bain (Paris), H2O vient défendre son nouvel album “Use Your Voice” sorti quelques jours plus tôt chez Bridge Nine Records. Un peu plus d’un an après la claque Pro-Pain, je commence doucement mais sûrement à m’intéresser à la scène Hardcore. A l’époque, en alternance chez Orange, j’envoie un message à mon pote Julien, également alternant dans la même entreprise et qui se met aussi au Hardcore à ce moment là, via la messagerie interne de la boite en lui disant “tu viens ce soir au Petit Bain ? Je ne connais pas H2O mais à priori, c’est assez culte alors…”. Réponse : “vas-y, je prends ma place et on se voit ce soir !”.

Quelques heures plus tard, en sortant du Petit Bain, on se regarde avec Julien : “mais mais… c’était juste dingue ! L’énergie, la positivité qui se dégageait du set, l’ambiance incroyable. Putain mais c’est vraiment ça le Hardcore en live ?”. Le lendemain, je décide de lancer l’album le plus connu du groupe, le fameux “Nothing to Prove” (2008), histoire de voir ce que ça vaut en studio. Une écoute qui a clairement changé ma vie. J’avais 24 ans.

Difficile de nier l’impact qu’à eu le groupe sur la sphère Hardcore (mélodique mais pas que). Entre tubes intemporels et live ultra fédérateurs (bien que les set-lists soient plus ou moins les mêmes à chaque passage), H2O est un monstre du NYHC à la sauce mélodique. Si je devais choisir un seul et unique album du groupe parmi les 6 disponibles, je choisirais sans hésiter celui-ci. Pas le plus ancien mais peut-être celui qui contient le plus de hits de Punk Hardcore mélodique au monde (oui oui, j’ai dit “au monde”).

Entre les brûlots “1995”, “Nothing To Prove” ou “Still Here” montrant un Punk Hardcore Mélodique incisif donnant juste envie de stage dive de partout et des titres plus “Punk/Pop Punk” comme “Unconditional” ou “Sunday” tout en douceur et mélodie ensoleillée, les New Yorkais démontrent une maitrise totale du sous-genre dans lequel ils officient. Plus qu’un simple album, c’est aussi la signature d’un groupe présent dans la scène depuis 1995, qui a su se faire une place respectée parmi les patrons du genre. En effet, le nombre de guests prestigieux apparaissant sur ce skeud, sorte d’adoubement de la scène, est tout bonnement hallucinant : Roget Miret (Agnostic Front), Freddy Cricien (Madball), Lou Koller (Sick of it All), Kevin Seconds (7 Seconds) ou encore Danny Diablo (Skarhead, Crown of Thornz), pour ne citer qu’eux, font une apparition sur cet album, le plus souvent en simple “guest vocal” sur un refrain ou un choeur par exemple.

Enfin, s’il ne devait rester qu’un titre, un seul et unique pour les gouverner tous alors comment ne pas parler de “What Happened?” clôturant l’album, qui aborde de façon claire et frontale l’évolution et les dérives d’une partie de la scène musicale (“”But now, the biggest part is all about the image and not the art…fashon before passion!”) en questionnant l’auditeur directement : “What happened to the passion? What happened the reason for screaming? What happened to the music and the message that I love?”. Ce seul titre pourrait résumer l’état d’esprit que devrait avoir chaque membre de la scène Hardcore, ni plus ni moins.

L’album se termine, je suis scotché. Je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait, je suis encore en étude à ce moment-là et le travail, honnêtement, ce n’est pas ma grande passion. Mais je sais, avec certitude et conviction, que le Hardcore fera désormais partie de ma vie. J’ai toujours 24 ans à ce moment-là mais l’impression d’avoir grandi, d’être quelqu’un d’autre, d’avoir trouvé le petit truc qui me manquait.

Un mois plus tard, le 28 novembre 2015, je verrai Turnstile, pour la première fois, dans une Mécanique Ondulatoire blindée (capacité d’environ 110 personnes). A l’époque, le groupe n’avait qu’un album et des EPs au compteur et n’était pas aussi hype que maintenant… En sortant du concert avec Julien, on se regarde et on se dit : “Le Hardcore en live, c’est quand même une expérience incroyable…On ne va vraiment pas lâcher le truc de si tôt”.

On est le 2 décembre 2024, je suis au travail et je m’ennuie. Oui, le travail n’est toujours pas devenu une passion malgré les années qui passent. J’écris cette chronique comme un hommage, à mon humble niveau, à un groupe qui m’a fait devenir ce que je suis aujourd’hui. J’écoute toujours H2O, j’écoute toujours “Nothing to Prove” avec le même plaisir, le même sourire, la même envie de stage dive de partout. Julien lui, n’écoute plus trop Turnstile ni H2O. Mais il écoute Boston Stranglers, The Flex ou Take It In Blood. Il a monté un groupe de Punk Hardcore/Crossover (Forbidden Zone) et on se voit toujours en concert de façon très régulière. Et on parle encore de ces live qui nous ont marqué. Ce matin, dans le RER A, je reçois un SMS d’un autre pote, Nino, qui me dit : “t’as vu toutes les dates qu’Arak Asso a annoncé pour début 2024, c’est ouf ! Tu fais lesquels, qu’on se capte là-bas ?” Un petit sourire apparaît sur mes lèvres alors que je me rends au travail : j’ai 33 ans et je ne compte pas lâcher le Hardcore de si tôt !

Warzone

Artiste non présent en 2024

Cela fait un moment que je dois pondre cette chronique mais j’ai enfin réussi à trouver les mots pour la terminer. Désolé, elle est peut-être très personnelle et aborde finalement, assez peu, la musique en elle-même. Mais je suis content de l’avoir terminé :blush:.

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