Chroniques d’albums

En matière d’influences diverses 1000 Mods est pas mal non plus… ils piochent un peu dans toutes les époques. Le dernier va à fond dans le côté grungy et j’avoue que le trip stoner/grunge fonctionne à merveille pour moi (même s’il a dû perdre des fans pur et dur de stoner au passage).

Mais pour rester sur Godsleep, c’est clair que c’est assez intriguant, si on ne fait pas attention, on a vite l’impression d’être passé à un autre groupe. Mais j’aime beaucoup la voix.

Merci pour la chronique ! Je ne connaissais pas du tout le groupe et j’ai passé un agréable moment ce matin en l’écoutant. La voix de la chanteuse me parle totalement, les compos (comme tu l’as souligné) sont assez variées pour ne pas lasser. Je le réécouterai avec plaisir et merci pour la découverte :slight_smile: .

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chronique

A Flourishing Scourge-Sickened Seed

album

Jusqu’à aujourd’hui je n’ai écrit de chronique qu’avec pas mal de recul et beaucoup d’écoutes des albums.

Celui-ci est une exception puisqu’à l’heure à laquelle je rédige ceci, l’opus en question n’est sorti il n’y a même pas une semaine. Mais quel disque !

Tout d’abord parlons du groupe :
A Flourishing Scourge est un trio de musiciens (guitare, basse, guitare/chant) basé à Seattle (USA).
Evoluant depuis 2013, ils n’avaient sorti qu’un EP et un LP, pas forcément très bien reçu par la critique, le tout dans un registre de death metal progressif. Mais ça c’était avant.

Sickened Seed est sorti sur leur Bandcamp le mardi 24 octobre 2023 et, pour le moment, nulle part ailleurs…
Entourés de multiples musiciens additionnels, le trio de Seattle reprend du service d’une manière plutôt convaincante et ambitieuse, puisqu’ils s’offrent les services de Hannes Grossmann (ancien batteur de Obscura, Necrophagist, maintenant chez Alkaloid) derrière les futs, dont les plans seront enregistrés à Nuremberg.

L’album propose une sorte de dédale musical menant à une chute, probablement la fin du disque, laissant penser à un parallèle avec l’artwork et ses escaliers dont une partie s’est effondrée, l’auditeur sombrant dans les méandres de la mélancolie, ajoutant une profondeur supplémentaire à la musique du groupe.
D’ailleurs, cette grande mélancolie est perceptible tout le long des 8 titres que composent Sickened Seed, c’en est même le fil conducteur palpable aux multiples facettes musicales.
Il m’a fallu quelques écoutes pour y déceler de nombreuses influences, telles que Opeth ou Between The Buried and Me sur certaines parties bien agressives avec un chant orienté growl (tirant par moment vers le Black) voire scream, passages entrecoupés par des passages beaucoup plus calmes au chant clair faisant rappeler Steven Wilson et Porcupine Tree, constituant une espèce de sinusoïde musicale alternant entre violence et agressivité avec calme inquiétant et pesant. Si la grande tristesse avait probablement une forme, elle aurait certainement ce relief, le tout sublimé par des sections bien plus instrumentales et atmosphériques dans lesquelles on retrouve du piano, de la viole, du violon, du violoncelle, du clavier, de la flûte,… aux allures parfois orientales ou jazzy.

Avec ce nouvel opus, A Flourishing Scourge a créé un Frankenstein de la musique death prog : en assemblant ce qu’il semble le mieux dans différents groupes et en se les réappropriant pour en faire une entité à part entière emprunte du sentiment de mélancolie, les artistes ont assurément frappé un grand coup cette année en terme de musique extrême.

Altar

Artiste non présent en 2023

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Merci pour cette chronique (et merci pour la découverte). Elle rend bien justice à cet album, qui finira dans mon top5 2023 très certainement.

Et je ne peux qu’être d’accord :point_down:t3:

Preparez-vous a beaucoup de tristesse dans toutes les nuances de leur musique.

Merci pour le commentaire @Iko ! Déjà je vais commencer ce soir Il faut qu’on parle de Kévin, faudrait pas que je m’enfonce :sweat_smile:

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Garde le pour dans quelques chapitres, histoire d’avoir une bande-son pour ta lecture :sweat_smile:

chronique

QUEENS OF THE STONE AGE-SONGS FOR THE DEAF

album

Les reines de l’âge de pierre sont la conséquence de la dissolution de Kyuss et sont déjà sur la scène underground depuis 6 ans lorsque Songs For The Deaf sort en 2002.
Le groupe se compose alors principalement de :
Josh Homme – Chant, guitare
Nick Oliveri – Chant, basse
Mark Lanegan – Chant
Dave Grohl – Batterie
Mais aussi beaucoup de guests comme Alain Johannes ou Chris Goss.

Album qui se veut conceptuel, de nombreux interludes sont là, intercalés entre les chansons, à la manière d’un autoradio dont on change les stations au fur et à mesure où l’on avance dans le disque.
En effet Josh Homme fait une grosse référence à la route qu’il a maintes fois emprunté entre Los Angeles et ses lumières jusqu’aux étendues désertiques de Joshua Tree qui n’est autre que le berceau du groupe et la ville natale du guitariste-chanteur.
Ainsi ce disque est une invitation au voyage entre les 2 villes, passant des fastes de la cité des anges aux terres arides du désert californien.
Mais musicalement à quoi doit-on s’attendre? Eh bien du lourd, du groove, de l’énergie, le tout orchestré de manière équilibrée et intelligente.
Chaque musicien joue son rôle à la perfection, le chant est partagé à tour de rôle entre Homme, Oliveri et Lanegan, et ils chantent tous les trois très bien. D’ailleurs chacun apportera son ambiance dans sa façon d’interpréter les titres.
Ainsi les titres chantés par Oliveri seront très marqués par le punk, ceux de Lanegan par le grunge et le rock sublimés par sa voix rauque et mélancolique. Josh Homme, quant à lui, va apporter plus de fraîcheur et de légèreté aux morceaux.
Dave Grohl, fan du groupe, profite de l’occasion pour se remettre derrière les fûts au moment durant lequel Foo Fighters est en pause avant qu’ils ne sortent One by One. Le moindre que l’on puisse dire, c’est que le pari de le voir derrière les fûts est gagnant et convaincant, à tel point qu’il réalise probablement sa meilleure partition sur cet instrument de musique.
Enfin les nombreux guests ne sont pas en reste et viennent enrichir les compositions en ajoutant du cor, du clavier, de l’accordéon, de la guitare flamenca, du thérémine,…
Les morceaux sont taillés pour le live, il n’y a qu’à voir sur le net pour le vérifier.

Tout ceci converge à faire de Songs For A Deaf la véritable masterpiece de QOTSA, probablement intemporelle et sûrement inégalée de leur part. Et il fait aucun doute qu’il y aura toujours des titres de cet album qui sont joués à chaque concert par le groupe tant il est incontournable pour eux (et pour les personnes qui veulent découvrir la musique des californiens).

MainStage 1

Artiste non présent en 2023

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chronique

Machine Head-Burn My Eyes

album

On est en 1994 quand Machine Head débarque avec son premier album à la fois thrash et groovy.

Le groupe a la rage et va se charger de la transmettre dans ce qui va être la première pierre de leur discographie conséquente.

Burn My Eyes a une histoire intéressante par les anecdotes autour de cet opus.
En effet, le groupe, fondé en 1991 à Oakland, va aborder de nombreuses thématiques dures et fortes dans les chansons qui composeront l’album.
D’abord des événements locaux et nationaux comme les émeutes à Los Angeles (Oakland est située en banlieue) de 1992 suite à un passage à tabac d’un automobiliste afro-américain par des policiers blancs avec le titre au jeu de mots « Real eyes, realize, real lies » ou bien le siège de Waco au Texas en 1993 durant 51 jours qui a pris fin suite à l’assaut de l’ATF (ce qui deviendra l’action gouvernementale la plus meurtrière depuis la guerre de sécession) contre les davidiens (Davidians). Premier titre de l’album, Davidian devait être également le nom de l’album. D’ailleurs la pochette actuelle aussi devait être différente (écran de TV avec le logo du groupe).
Mais outre ces sujets, Machine Head aborde également les abus physiques et mentaux (Not But My Own, The Rage To Overcome), les addictions (I’m Your God Now), les fanatiques religieux, ou encore la misère ou la pauvreté. En outre, des personnes sans abri ont pu assister à des phases d’écriture et de répétition de cet album, ainsi le riff principal de « Old » est inspiré de cette expérience.
Concernant la musique en elle-même, la marque de fabrique de Machine Head, à savoir ses riffs avec des harmoniques naturelles, est déjà présente dans les morceaux. La section rythmique, aussi efficace soit-elle, vient s’appuyer sur le jeu de batterie de Chris Kontos, à la fois groovy, thrash, agressif et jazzy (sa façon de taper sur les cymbales en est le parfait exemple). Le chant alternant voix claire et voix criée a parfois des inspirations issues du hip hop.
Enfin l’album sera produit par Colin Richardson au studio Fantasy de Berkeley (où ont été enregistrés Let’s Go de Rancid et Dookie de Green Day).

Presque 30 ans plus tard, l’album a su se hisser au rang de classique du metal moderne, indémodable et intemporel, inspirant de nombreux groupes et de nombreux styles (comme le nu metal dans la structure et la composition des morceaux).

MainStage 1

Artiste non présent en 2023

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chronique

Morbid Angel-Blessed are the sick

album

Morbid Angel fait partie des groupes majeurs du death metal américain. Mais comme Death ou Cannibal Corpse, le quatuor floridien a su se faire un nom grâce à son son bien caractéristique du groupe.

Leur premier album, Altars of Madness, date de 1989 et à été très bien reçu par le public et la critique. Il se veut violent et chaotique, avec Pete Sandoval à la batterie, connu dans les années 80 pour être un des précurseurs des blast beats. Il n’avait pas joué de double grosse caisse avant d’intégrer Morbid Angel, il a mis 2 mois pour arriver aux tempos imposés par Altars of Madness.

On arrive en 1991 et leur second opus va changer la donne et va être complètement différent. Blessed are the sick va redéfinir le genre et le style du groupe, le disque est divisible en 2 parties. Des morceaux purement death et de nombreux interludes.
Et là où de nombreux groupes de l’époque vont se lancer dans une surenchère de vitesse et de brutalité, le quatuor va proposer des morceaux plus lents, plus mid tempo, avec quelques accès de violence brute, les rythmiques se voulant parfois rapides, le jeu de batterie devient saccadé (jeu qui inspirera sûrement Joey Jordison sur le le Vol. 3 de Slipknot).
Les soli de Trey Azaghtoth deviennent beaucoup plus mélodiques mais beaucoup plus sombres aussi, proches d’éloges funèbres. Le chant de David Vincent (pas le type de la série les Envahisseurs !) est toujours aussi guttural, efficace et intelligible. Les interludes sont riches et sublimes, on y retrouve du piano ou de la guitare acoustique.
Donc on a affaire là à un album différent du précédent mais qui n’en reste pas moins bon, avec de gros clins d’œil à la musique classique (Azaghtoth dédiera ce disque à Mozart), ainsi que des odes plus sombres vouées au Malin. Certains morceaux sont issus d’anciennes démos réenregistrées.
Enfin pour couronner le tout, la pochette du disque est une reproduction des « trésors de Satan » du peintre belge Jean Delville (19e siècle).

Cet album est devenu au fil des années un classique du death metal, tant par l’ambiance qui s’en dégage que par la qualité de ses compositions. Il est même une marque de fabrique du groupe, une de ses pierres angulaires dans une riche discographie dont les titres d’albums commencent par une lettre différente de l’alphabet. I am Morbid, composé entre autres de Vincent et Sandoval, reprendra sûrement des titres de Blessed are the sick lors de le venue au HF 2024.

Altar

Artiste non présent en 2023

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Un album majeur de la scène Death Metal et sûrement mon préféré de Morbid Angel !

Merci pour la chronique :slight_smile: .

Pareil. Et comme j’avais un peu abordé la chose sur le discord et que j’en ai fait une référence avec Fabricant, je me suis dit que le timing était parfait.

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chronique

King Gizzard And The Lizard Wizard-Petrodragonic Apocalypse; or, Dawn of Eternal Night : An Annihilation of Planet Earth and the Beginning of Merciless Damnation

album

King Gizzard And The Lizard Wizard (KGLW) est un groupe venu d’Australie.

Créé en 2010 par une bande de 7 potes qui se réunissaient dans le but de faire des jams sessions, l’occasion de faire des concerts s’est vite présentée et de fil en aiguille l’enregistrement de chansons en studio.
L’activité du groupe n’est plus à démontrer, se caractérisant par une boulimie de créativité, traduite par un nombre vertigineux de titres depuis la création du groupe. C’est bien simple, en 14 ans d’existence le groupe a sorti 25 albums, ainsi que de des EP et des enregistrements lives.
Niveau musicalité, leurs influences sont nombreuses et le style ratisse large : électro, hip hop, stoner (psyché essentiellement), metal alternatif, heavy et thrash mais toujours avec un côté progressif.
Les musiciens sont tous multi-instrumentistes et n’ont de cesse de repousser les limites de leur musique. Bien qu’en 2020, le groupe passe de 7 à 6 membres, la soif et l’envie de composer sont toujours là pour le bonheur des fans.

Petrodragonic Apocalypse est l’avant dernier album en date du groupe et se veut être un truc « pour les metaleux ».
Et en effet, le groupe n’a pas menti sur ce point. Les compositions reprennent le travail entrepris pour l’album Infest the Rat’s N’est mais avec des signatures rythmiques plus complexes et plus riches. Les chansons sont également plus longues. Toutefois on retrouve la patte du groupe et les influences stoner des australiens apparaissent parfois, comme pour rappeler que leur musique est une sorte d’hybridation de genres, incorporés dans un album qui se veut pour autant très metal. Leurs integrations fonctionnent parfaitement dans des compositions qui ne sont pas sans rappeler Tool (Motor Spirit, Dragon,Flamethrower ), Motörhead sur certains rythmes (Supercell, Gila Monster, Dragon) et Un chant, qui bien que partagé entre différents membres du groupe, se veut majoritairement proche, en terme de timbre de voix, d’un Rob Zombie.
Tout est fait et réalisé de façon cohérente et intelligente et le pari de KGLW quant au style voulu pour cet album est clairement atteint.
Entre passages agressifs et moments beaucoup plus posés et ambiants, le groupe explore un style qu’il a parfaitement intégré et assimilé. Les codes du metal sont respectés, ce qui rend les titres encore plus forts et puissants.

A la base, je ne suis pas fan de KGLW, mais forcé de constater qu’avec Petrodragonic Apocalypse, les australiens ont frappé un grand coup en 2023, et il ne fait nul doute que le groupe deviendra une cible pour le Hellfest dans les années futures.

Valley

Artiste non présent en 2024

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chronique

Morne-Engraved With Pain

album

Morne à été créé en 2005 à Boston et sort son premier album en 2009. Inspiré de la scène underground locale, le groupe a tout d’abord fait des titres aux influences crust, punk et hardcore. Au fur et à mesure de son expérience musicale, les compositions deviennent plus doom, plus sludge, plus lourdes, mais ne délaissent pas pour autant le mélange de styles des débuts.

C’est ainsi qu’en 2023, les américains sortent leur dernier disque en date, Engraved With Pain, opus qui se veut en plus de tous les styles sus-cités progressif et post. Le tout produit par un certain Kurt Ballou (de Converge, oui oui !)
Les titres respectent une recette acquise et maîtrisée depuis quelques albums déjà, à savoir de longues chansons sur lesquelles les instruments expriment une forme de tristesse qui ne laisse pas l’auditeur indifférent.
D’ailleurs, lors d’une interview récente du guitariste/chanteur, la volonté affichée du groupe est de laisser les musiciens jouer de leurs instruments de façon brute, nature, simple et décomplexée, ce qui tend à créer de l’émotion et des titres dont la durée peut être de plus de 10 min. Ainsi Engraved With Pain est composé de 4 morceaux pour une galette de 40 min.
Les thèmes abordés sont sombres, à l’image de la chanson Memories Like Stone qui parle de la perte de quelque chose d’important et des sentiments que cela entraîne, illustré par un chant aux allures complaintives et douloureuses.
La batterie est lourde, la guitare renforce le tout à coup de soli lents et larmoyants, entraînant la personne qui écoute vers la mélancolie qui reste le fil conducteur de cet album.
Seul le titre Wretched Empire a un côté plus agressif, plus indus et plus rythmé mais il s’incorpore parfaitement au reste, par souci de cohérence.

Ainsi les bostoniens ont marqué la fin de l’année 2023 par un album magistral et remarquable par son ambiance et la qualité de ses compositions, faisant de celui-ci un monolithe musical dont l’univers justifie la présence du groupe sous la Temple au Hellfest 2024.

Au-delà du style qui se veut résolument plutôt orienté Valley, l’ambiance est empreinte de tristesse et de noirceur que tout groupe de black pourrait revendiquer. Nul doute que la tente sera teintée de orange lors de leur passage en terres clissonnaises.

Temple

Artiste présent en 2024 le jeudi

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Pas encore tout écouté du lineup 2024, mais eux, je sais déjà que ce sera ma plus belle découverte. Pour moi tout y est, album parfait.
Je peux te dire que je vais assurer l’entrée jeudi après midi pour être sur de pas les rater.
Merci pour la chronique.

Merci à toi pour ton commentaire. J’espère surtout avoir fait preuve de justesse dans ma chronique. Je suis d’accord avec toi, Morne fait partie de mes immanquables cette année.

Autant j’aime faire des blagues débiles sur la Battle, autant je suis jamais à l’aise pour expliquer pourquoi j’aime tel ou tel groupe, parce que c’est toujours un peu viscéral. Je sais pas si je saurais écrire une chronique d’album.
Elle est très juste ta chronique. Son mot juste est « mélancolie ». Elle est partout sur cet album. Et on n’est pas dans la mélancolie à la Einar Solberg hein. Ici elle est servie par une prod parfaite, un son très magistralement lourd et une mélodie parfaitement brutale. Bref, j’adore cet album.

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chronique

Karnivool-Sound Awake

album

Un jour d’errance sur youtube au boulot, je clique sur Karnivool - Live at the forum je sais même plus pourquoi. Me connaissant, il est possible que c’était parce que je trouvais le nom du groupe ridicule.
Au début, il y a un speech zarbi, puis du xylophone, et puis … la basse. L’intro de Simple Boy, premier titre de ce live youtube est également premier titre de l’album Sound Awake. Ce son de basse que Jon Stockman sort de sa Warwick, c’est un éboulement, un cratère, une percussion et une caresse en même temps.
J’en laisse tomber ma souris (je suis au taf), je monte le son, je regarde, j’écoute.
Le riff de basse continue, la voix démarre en même temps qu’une guitare encore timide. Elle est cristalline, dans un registre qui flirte avec le soprano, bien loin de mes zones de confort habituelles, et contrairement à celle de Einar Solberg (ah je l’aime vraiment pas lui), elle est chaude, sincère, jamais forcée, elle emporte.
La deuxième guitare s’invite. Ca s’imbrique, ça s’harmonise, ça construit. Et puis tu te rends compte que la batterie, t’avais pas fais gaffe, mais elle est tout sauf simpliste, que derrière le tempo marqué à coups de caisse claire, il y a un espèce de truc incomptable avec la grosse caisse et des cymbales qui enveloppent. Ca break, solo bizaroide, ça monte, ça monte, ça explose, ça chante en choeur avec les deux guitaristes. Et puis ça redescend pour te bercer dans une outro toute douce.

Je vais pas plus loin, je coupe la vidéo. Je rentre chez moi et je mets l’album en full HD sur la chaine hifi.

Ce serait trop long de passer sur tous les titres en détails. Je résume quelques-uns seulement :

  • Goliath - la ligne de basse, la mélodie au chant, la fin géante comme un Goliath
  • New Day - 08:20 de montée prog, magnifique
  • Set Fire To The Hive - Oui on peut aussi pogoter sur Karnivool
  • Umbra - Je te berce, je te secoue aussi, « Wake me with a bottle across the head / I’ll sleep 'til it’s over and I’m sober again »
  • All I Know - Berceuse popisante? Tsss tsss, nan, c’est beaucoup plus que ça. Et puis j’ai beau trainer sous l’Altar pas mal, quand il chante, « It’s backwards it makes no sense », je suis tout guimauve madeleine
  • Deadman - On pourrait écrire un roman sur les 10+ minutes de cette chanson, tellement il y a de chapitres, et ils sont tous bons.

Mais c’est à mon sens la chanson de cloture, Change, qui résume bien cet album. Cinq mecs au sommet de leur art. Du prog qui te fait à la fois rêver, sauter en l’air, pleurer, taper des pieds, danser, crier. Une créativité et une originalité jamais ocultées par le m’as tu vu ou l’esbrouffe. C’est beau, c’est une maitrise technique jamais chiante et toujours prenante et émouvante.

Sound Awake est l’album qui je pense est la meilleure porte d’entrée de ce groupe. Themata le premier a de très bons titres mais péchait par trop de jeunesse et de reste de nu metal. Asymetry leur 3ème, est un pur chef d’oeuvre mais comme il est moins accessible, il pourrait en effrayer certains.
Si comme moi vous n’allez quasi jamais devant les MS, faites une exception et allez-y pour Karnivool. En live, c’est tout simplement phénoménal.

MainStage 1

Artiste présent en 2024 le vendredi

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chronique

Kill The Thrill - Autophagie

album

Magnifique comme un hiver nucléaire, a y est on a trop déconné les Russes ont vitrifié les capitales occidentales, et maintenant?
C’est la question que pose le duo Marseillais, Marylin Tognolli à la basse et Nicolas Dick au reste.
Créé en 1989, soit neuf ans après Trisomie 21, autre duo, avec lequel ils partagent une esthétique froide, une non recherche du succès, une musique exigeante, complexe, une matière sonore élégante.

Dix neuf ans ans après le très remarqué Tellurique, ils nous proposent Autophagie, recyclage d’une vie de concerts, de recherche et de chutes de studio, mais aussi inventaire de ce que nous pourrions recycler de nos sociétés, recycler le pourri pour faire autre chose, parce que reconstruire on ne saura pas.

Tout va bien se terminer disent-ils mais c’est pas pour tout de suite, il va falloir enterrer nos cœurs bien profond, pour qu’ils puissent germer au printemps, vous savez ce qui arrive après l’hiver!
Oui même si un hiver nucléaire est long, très long, la vie repartira.

Si votre truc c’est l’insouciance et la joie, passez votre chemin, ici c’est la lucidité, même quand le thème est presque guilleret comme dans A La Dérive, c’est à coups de schlass dans le bide qu’ils vous lardent.

N’ayez pas peur tout ça est inexorable, « des temps viendront, ils sont là »!
En attendant la fin annoncée qui permettra le début, voici un album puissant, étourdissant de beauté, de maitrise, et, écoutez le, tous comptes faits empli d’espoir!

As-tu déjà donné de l’air à une personne inanimée, dans la bouche?

Valley

Artiste non présent en 2024

Commencez peut-être par A La Dérive, le moins aride musicalement, un texte magnifique

Et mon titre préféré pour le moment, j’écoute cet album cinq six fois par jour depuis quelques semaines, Je Suis Là, un manifeste formidable, un appel à contempler les choses telles qu’elles sont, sans renoncer le moins du monde:

Et si vous voulez vous faire une idée juste du programme, qualité des texte

Et la vermine est arrivée
Entourant tout pour consommer
Creusant la chair, tranchant les nerfs
Une fois passée, les ont tués

Complexité des nappes, élégance des arrangements, et solastalgie sublimée par la basse et lumière d’espoir, bon d’accord lointaine minuscule lueur, le microcycle est commencé

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Haha je l’avais pas vu venir cette chronique, mais content que tu l’aies faite.

Merci à toi @Bozzo24 pour t’être prêté au jeu, je vais (re)tenter l’album que tu as abordé.

Ba vous êtes en forme pour les chroniques dis donc ! Merci à tous :slight_smile: