Hania Rani – Salle Pleyel – 4 avril 2025
Un petit report qui change un peu, avec le concert / Récital d’Hania Rani, nouvelle superstar du piano doux, typé ambient, idéal pour les bandes-originales de film.
L’occasion de revoir également la Salle Pleyel, jolie salle de concert à l’acoustique parfaite, aux portiers odieux et aux hôtesses qui t’indiquent que, oui, on fait rentrer tout le monde mais que non, que dans le couloir, la salle n’ouvrira que dans 30 minutes, mais il y a un bar. Outre ce léger et désagréable contretemps, à l’heure décidée par l’ouvreuse et donc à l’heure indiquée du début de la première partie, il est possible d’intégrer le magnifique ascenseur en bois et laiton belle époque pour arriver au 6ème étage, trouver son siège et patienter sagement dans une atmosphère propice au classique.
Rapidement, les lumières s’éteignent pour le 30% de gens présents dans la salle (et les autres qui s’installent) et la première partie arrive. Jack Wyllie. Membre du Portico Quartet, ce multi-instrumentiste, ici essentiellement au Moog / Looper avec une touche de Saxophone, vient présenter son nouveau projet Paradise Cinema. Sensible aux sonorités du quartet, mais aussi aux larges nappes sonores, je suis ici totalement happé. Quelques rythmes, des bruits de feuilles et des nappes de synthés et de saxo, jamais plaintives, toujours en montées et descentes progressives, vont s’offrir à nous pendant une bonne trentaine de minutes. Quelques moments d’euphorie, une sorte de chaos organisé, qui retombe très rapidement dans une belle torpeur élégante. Voila définitivement un album dont je n’avais jamais entendu parler qui va rejoindre la playlist de suite.
Après 20 minutes de pause, arrive Hania Rani, sans parole mais avec un large orchestre. Elle est placée devant son piano, à son dos, un second, et sur sa gauche, une large variété de synthés. Sur le côté, un quintet à cordes et, autour d’Hania, un orchestre pop plus classique, avec un moog, une batterie, et le tandem guitare / basse. Je m’attendais à un récital de piano assez classique, et, finalement, les nappes synthés prennent largement le pas, et l’orchestration classique ou pop jouent parfois ensemble, parfois non, se répondent, et tout fonctionne parfaitement. On retrouve, dès le début, quelques morceaux connus, comme le dancing with ghosts. En live, on est surpris par la proximité de sa voix avec celle d’Agnes Obel. Cependant, s’il fallait trouver des équivalents, on est ici clairement plus sur Nils Frahm, qui viendrait ajouter de temps à autre une orchestration « à la Yann Tiersen ». Une petite prise de parole, simple et malhabile au bout d’une trentaine de minutes, et on repart pour une quinzaine de morceaux, enchainés sans pause, sans coupure sans temps morts. Vient le moment de saluer, la foule applaudit, réclame un rappel, le groupe revient, remercie et confirme qu’il n’y en aura pas. Et il n’y en avait pas besoin.
Deux petites heures, en comptant la première partie, hors du temps. La dernière fois que j’ai ressenti un aussi joli moment, c’était Nils Frahm, justement, et, avant, Jonsi (de Sigur Ros) ou Pierre Henri. Je suis resté deux minutes à la sortie sans mon casque, suffisamment pour entendre ricaner le public du vendredi soir (oui, elle est très expressive sur scène), je l’ai donc rapidement remis.