Hier s’ouvrait à Lyon le festival des Hallucinations Collectives. Une édition bien particulière, puisque le festoche devait se tenir initialement en avril, pour les raisons que nous connaissons tous il a été une première fois repoussée en juillet, et vue l’évolution de la situation les organisateurs ont finalement décidé de repousser en septembre. Du coup, les invités initialement prévues (dont Xavier Gens) ne pourront pas être présent, et le public n’aura pas la possibilité de voter concernant les films en compétition. Mais que cela ne tienne, le festival se tient bien. Et en séance d’ouverture, nous avons droit à Color Out Of Space de Richard Stanley, qui est en compétition. Le film a déjà été diffusé au PIFFF l’année dernière, c’était au tour des Hallus hier.
Le pitch : la famille Gardner habite dans une grande ferme d’un petit bled. La mère (Joely Richardson) sort juste d’un traitement pour un cancer. Le père (Nicolas Cage) ancien hippie a eu une relation assez conflictuelle avec son père, et n’aurait jamais imaginé un jour reprendre la ferme familiale, pour y élever des Alpagas (!). Leur fille (Madeleine Arthur) est un peu sorcière, leur plus grand fils (Brendan Meyer) un peu fumeur d’herbe, et il y a aussi le petit Jack (Jullian Hilliard). Sur la grande propriété vie aussi en ermite le vieil Ezra (Tommu Chong), un peu illuminé, hippie, et attachant. La maire de la ville souhaiterait mettre la main sur la propriété car elle a pour projet de construire un immense barrage, afin d’inonder tout le secteur pour créer un bassin d’eau et alimenter toute la vallée. Du coup, un hydrologue (Elliot Knight) est mandaté pour faire tout un tas d’analyse dans le coin. Un soir, une étrange météorite tombe sur la propriété des Gardner, accompagné d’une étrange lueur mauve. A partir de là, un enchainement d’évènement inquiétants va plonger la famille dans un véritable cauchemar.
Adaptation libre d’une nouvelle de Lovecraft, le film est une sacrée réussite pour moi. Déjà, adapter Lovecraft, ca n’est pas forcément le plus simple. J’ai essayé de relire l’auteur récemment, et j’avoue que j’ai eu beaucoup de mal, c’est hyper descriptif, la narration est très particulière, mais je lui reconnais volontiers son influence majeure sur l’horreur moderne, qu’elle soit littéraire où cinématographique.
Richard Stanley a débuté sa carrière dans les années 80, et a finalement une filmographie assez réduite. La première chose que l’on peut dire concernant Color Out Of Space, c’est qu’il est totalement maitrisé en terme de réalisation. Les images sont splendides, les plans très maitrisés, et ont en prend pleins les yeux au niveaux des couleurs. C’est absolument magnifique visuellement.
On est dans un film d’horreur « à l’ancienne », ne jouant pas sur tous les artifices tant utilisés dans le cinéma moderne (un seul jump scare sur tout le métrage), et même s’il y a forcément des effets numériques, le cinéaste n’en abuse pas, et il y a aussi beaucoup d’effets protésiques à l’ancienne. On pense à The Thing lors d’une scène avec les Alpagas qui peut rappeler un peu la scène du chenil. Et je dois avouer que ça fait grave plaisir.
Un autre des très gros points du film, c’est le son : on en prend pleins les oreilles, surtout qu’ils avaient décidé de pousser un peu les décibels hier au Coemedia. Du coup, on est en total immersion avec ce qui se passe à l’écran. La musique est très réussie, mélangeant de la musique somme tout assez classique (orchestre) et de la musique électro. On y crédite aussi du Black Metal (Mayhem et Burzum), mais là je pense que c’est quand la fille écoute de la musique au casque, donc on entend que le son sortant du casque sur ses oreilles.
En terme d’acteur, Nicolas Cage défonce tout pour moi. Alors oui, il est de bon ton de se moquer de cet acteur, et il est vrai qu’il tourne plus généralement dans des bouses que dans des chefs d’œuvre. Mais c’est oublier un peu vite sa capacité à dépasser ses limites, à péter réellement les plombs à l’écran, en faisant tomber toutes ses barrières, et c’est assez rare pour être souligné. Je l’ai trouvé particulièrement convaincant dans son rôle et les autres acteurs s’en sortent aussi très bien.
En terme d’horreur, il y a une ou deux scènes gores, sans tomber dans l’outrage, l’ambiance est particulièrement soignée, dès lors que les éléments se déchainent le film est particulièrement angoissant. Les créatures sont assez réussies aussi j’ai trouvé, notamment la créature mère - fils.
Au final on a film qui tient solidement la route, et je suis particulièrement content d’avoir pu le voir sur grand écran, sachant qu’il est très improbable qu’une sortie en salle arrive, vue que le film déboule sur Amazon Prime la semaine prochaine. Mais clairement, c’est un film totalement taillé pour le grand écran, que ce soit au niveau du son que de l’image, et aucun système de home cinéma ne pourra jamais rendre aussi bien que l’expérience que j’ai vécu hier. Mais si vous avez Amazon Prime, n’hésitez quand même pas à le regarder, même sur petit écran ce sera du tout bon.