HELLFEST 2026 - Focus sur les groupes

Non je connaissais pas la « blague ». Après je suis pas dans la négation des courants hein mais j ai parfois l’impression que ça en fait un peu trop. Mais je suis peut être trop simpliste c’est vrai…

Il peut y avoir par moment un excès de zèle c’est vrai mais tout réduire au simple Rock est l’excès inverse :wink:

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@MattRibat , je ne pense pas que ce topic soir le bon pour lancer une discussion autour des étiquettes musicales (ni même l’endroit pour dire que tel ou tel courant musical te fait vomir, surtout lorsque cette remarque survient après qu’une personne ait pris de son temps pour partager et faire découvrir un groupe) :wink: .

La taverne se prette mieux à ce genre de discussion, mais garde tout de même à l’esprit qu’un forum permet de prendre le temps de formuler ses propos afin de trouver le ton et les mots justes, et ainsi éviter ce genre d’amalgames entre la classification des sous genres et l’élitisme. Si tu souhaites répondre à ce message, je t’invite à le faire en Taverne :slight_smile:

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J’aimerai beaucoup aussi, tant qu’a avoir un créneau large de tête d’affiche, qu’ils fassent d’autres classiques que j’appellerai « d’album ». Des Mota, Cool to hate, LAPD, … Plus d’Ignition / Smash / Ixnay.

Quand je vois qu’à l’a Défense Arena ils jouent 4 covers çà fait un peu chier vu le matériel qu’ils ont. En espérant qu’ils fassent un vrai set différent en tant que tête d’affiche.

Même 5 donc 4 de suite ! C’est clairement trop, il vaut mieux jouer des raretés. Limp Bizkit fait beaucoup de covers aussi

Je voudrais vous rappeler le plus gentiment possible qu’ici ce n’est pas un topic de discussion d’étiquettes, de souhaits ou de couleur de chaussettes, il s’agit de donner des informations factuelles sur un des groupes programmés.

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Introduction à l’introduction :

Mon focus est non conventionnel en tous cas dans la forme. Pour ceux qui ne veulent pas lire mon délire personnel et seulement avoir quelques informations sur le groupe qui a retenu mon attention. Je vous invite à sauter la partie introduction et contexte même s’il y a quelques éléments qui donnent des indices sur le groupe retenu.

Introduction et contexte :

Lors de mon séjour à KUFSTEIN pour appréhender le cas PERCHTA, en me baladant sur les bords de l’INN avant une visite studieuse au BRMST, je remarquais sur l’autre rive une demoiselle entourée de quatre messieurs qui marchaient d’un pas rapide. Intrigué par cette intrigante, je demandais à un autochtone s’il connaissait cette personne (Dans un tyrolien efficace… Merci Acadomia +4 points en moyenne).

Visiblement étonné par mon aisance linguistique, le villageois m’a fait répéter plusieurs fois, ne se lassant, visiblement pas, de mon accent quasi parfait. Je dis « quasi » car sa première réponse fut de m’envoyer me renseigner auprès de l’office de tourisme, sa deuxième de m’indiquer l’hôtel le plus proche, et sa troisième de me dire que la baignade était interdite dans l’INN…

A force de recoupements et de déductions, il comprit enfin le sens de ma question (pas très futé le monsieur) et j’obtenais enfin ma réponse.

Il s’agissait de la princesse Emmanuelle descendante directe de l’empereur Maximilien, cousine par alliance de Sissi et fille du maire actuel Martin Krumschnabel.

Arrivé au BRMST, quelle surprise ! La princesse dans son fauteuil en osier faisait des recherches sur la faune et la flore de sa douce contrée.

Je m’installais non loin d’elle et décidait d’entreprendre la conversation. De fil en aiguille et d’incompréhension en incompréhension, la confiance était établie et je crois pouvoir dire que l’étincelle dans se yeux bleu lagon (petit indice pour la suite) montrait qu’elle n’était pas insensible à mon charme (j’étais pour ma part conquis par sa beauté).

Notre relation prenait une tournure fort agréable même si j’eusse aimé que notre relation intime soit plus extime.

Passant sous les fenêtres de sa somptueuse demeure, je la découvrais au balcon les yeux fixant l’horizon.

Hey Manu tu descends !!!

Pourquoi faire ?

Tu me semble bien pensive Manu ?

C’est pour cela que Manureva à haute voix.

Elle finit par me dire que certes, ces verts pâturages étaient importants à ses yeux mais qu’elle se languissait de découvrir d’autres odeurs, d’autres lumières, d’autres coutumes, d’autres dialectes (que je maitrise aussi).

La dame souhaite aller à TAHITI, rien que ça !!!

Je recharge ma Delorèan Picasso mc-12 pour pouvoir faire les 16286 km qui vont répondre à une de mes questions existentielles. Pourquoi les douches de Tahiti sont-elles mondialement connues ?

Arrivés sur place, nous sommes subjugués par ce décor de carte postale. Le lagon aux eaux bleu turquoise nous tendait les bras. Munis de nos masques et tubas nous découvrions une faune aquatique abondante. Devant nous un banc d’Abudefduf Sexfasciatus, à droite une cohorte d’Acanthutus Achiles, a notre gauche quelques Amphiprions Chrisopterus. Plus loin nous rencontrons des Ruvettus Pretosius autrement appelés poisson PURGE du fait des problèmes intestinaux qu’il provoque s’il est mal préparé. Autant vous dire que nous allons éviter de le consommer.

C’est ce poisson que les Tahitiens appellent URAVENA.

Mais dis donc dis donc, ce ne serait pas le nom d’un groupe qui est à l’affiche de l’édition 2026 ?

URAVENA

URANEVA, est un groupe thrash métal, Folk métal pionniers du métal polynésien.

On connait très peu de choses sur ce groupe mais ils se seraient rassemblés en 2016 avec une grosse partie des membres d’un groupe local « Varua Ino », célèbre pour leur chanson culte en polynesie “Anavai”.

Ils revendiquent une inspiration liée à des groupes tels que Pantera, Metallica ou bien Sepultura

Leur visuel :

On peut bien voir la reprise dans le V de leur poisson pilote

L’expérience et le talent de ces membres fondateurs ont permis à Uraneva de devenir un groupe de premier plan dans le monde du métal polynésien. Le groupe a contribué à faire connaître ce genre musical au grand public et a inspiré de nombreux autres groupes à se lancer dans la musique métal.

Ses membres fondateurs

  • .Roura (Chant/Guitare rythmique)
  • J-P (Chant/Tō’ere)
  • Tamihau (Guitare Solo)
  • Régis (Basse)
  • Vetea (Batterie)

Leur album

Moana 2023

“Fare 'Āuri”, “Te taime” ou encore “'Aiū Ma”, où la voix de Roura n’a rien à envier à celle d’un Max Cavalera (Sepultura, Soulfly), époque Orgasmatron.

Pourquoi aller les voir

Le groupe risque fort de vous mettre une petite claquinette au saut du lit car les quelques prestations live de mauvaise qualité que j’ai pu voir sont bourrées d’énergie.

Ils seront les premiers polynésiens à fouler la mainstage des terres clissonaises et toute la population est fière de son groupe.

Je serai certainement aux tables Papillon pour ne pas sacrifier au rituel de la première bière en regardant ce groupe.

C’est tout pour le moment

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ça a été mon écoute de ce matin, très bien accroché, envie d’y aller mais je dois déjà me lever tôt pour silhouette le dimanche, on verra la forme du vendredi qui sera une journée très intense
Belle découverte en tout cas.

FOCUS

BAD OMENS

album

Du Sous-Sol au Sommet du Monde

From Man Vs. Self to… Glass Houses

L’histoire débute en 2013, non pas en studio californien hors de prix, mais dans la chambre d'un gamin de Richmond, Virginie. Noah Sebastian, alors guitariste pour un groupe local nommé Immoralist, étouffe. La musique, c'est sa passion, mais il veut le contrôle total. Il commence à composer en secret sur son ordinateur, lançant un projet solo d'abord baptisé « Man Vs. Self ». Mais le rock, c'est comme le s*xe, c'est mieux à plusieurs. En 2015, il rappelle ses vieux potes : Nicholas Ruffilo, le guitariste touche-à-tout, et Vincent Riquier, le bassiste. C'est ce dernier qui fait jouer son carnet d'adresses pour dénicher la perle rare : Joakim « Jolly » Karlsson, un guitariste suédois rencontré en tournée, qui n'hésite pas à traverser l'Atlantique pour rejoindre la bande. Pour la batterie ? C'est sur Internet que ça se passe : Nick Folio envoie une démo vidéo qui met tout le monde d'accord. Le groupe enregistre alors ses premiers sons dans le sous-sol du batteur. La démo impressionne et le label Sumerian Records (la maison du groupe Asking Alexandria) les signe direct. Si initialement, le groupe devait s'appeler « Glass Houses » (titre de leur premier single), ils trouvent que ce nom manque de punch, alors, ils inversent les titres. La chanson s'appellera Glass Houses, et le groupe… Bad Omens. Une nouvelle histoire commence alors…

2016 – 2024 : Une discographie qui bouscule les codes

En moins de dix ans, Bad Omens a sorti :
  • Trois albums studios
  • Une série de Comics
  • Une bande originale (OST) pour aller avec les comics

Des singles de platine grâce à une fan base venue de TikTok

2016–2018 : The Worst in Me & Sempiternal 2.0 ?

Leur premier album éponyme débarque en 2016. C'est sombre, c'est lourd, c'est efficace. Le single The Worst in Me affole les compteurs YouTube. Mais la critique, parfois cruelle, ne les rate pas. On les traite de « clones » de Bring Me The Horizon, comparant l'album à Sempiternal. Noah encaisse mais ne plie pas. Le groupe part sur les routes, enchaîne les premières parties prestigieuses (Parkway Drive, Bullet For My Valentine) et prouve que sur scène, c'est du solide. Mais le business de la musique est impitoyable. Fin 2018, c'est le clash. Bad Omens claque la porte d'une tournée avec Senses Fail et The Amity Affliction. La rumeur enfle sur les réseaux sociaux : ils seraient partis parce que leur logo était imprimé « trop petit » sur l'affiche promotionnelle. Les moqueries pleuvent, on les traite de divas. La réponse du groupe ? Un coup de génie marketing : ils sortent un t-shirt officiel avec leur nom écrit en taille microscopique. Les fans adorent. Bad Omens et Noah Sebastien ont certes de l'égo mais aussi de l'humour.

2018–2020 : Limits & Départ

C’est sur les routes que les tensions physiques se font sentir. Vincent Riquier, le bassiste et membre fondateur, souffre le martyre à cause d'une grave blessure au dos. La vie en V.A.N. n'est plus possible pour lui. En Juillet 2018, il quitte le navire, laissant ses potes continuer à quatre. Nick Ruffilo, le couteau suisse du groupe, reprend la basse. Leur deuxième album, Finding God Before God Finds Me (2019), est celui de la revanche. Fini le simple metalcore, le groupe explore des sonorités plus "indus" et mélodiques. Le titre Limits devient l'hymne de cette période. Les paroles sont une réponse cinglante aux moqueries de l'année passée. C’est un carton radio. Le groupe y hurle sa détermination : personne ne traînera son nom dans la boue.

2020–2023 : The Death of Peace of Mind

La pandémie met le monde à l'arrêt, mais pour Noah, c'est une bénédiction déguisée. Enfermé dans son home-studio, il décide de tout casser. Il écoute de la pop, du R&B, de l'électro. Il expérimente sans limite, allant jusqu'à sampler le bruit de son aspirateur pour créer la ligne de basse vrombissante du morceau The Death of Peace of Mind ! (Critique facile : Peut-on alors dire que Bad Omens, c'est que du vent .) L'album sort en 2022 et c'est un carton. Le titre Just Pretend, une ballade rock puissante qu'il a écrite à la base pour parodier le rock radio, devient viral sur TikTok. Des millions de jeunes découvrent le groupe. Les "metalleux" râlent, accusant le groupe de devenir "commercial" ou "pour les filles", mais les chiffres sont là : Bad Omens remplit les salles. Le "Culte" est né.

2024 : Concrete Jungle & Burnout

Bad Omens ne veut pas juste faire de la musique, ils veulent créer un monde. En 2024, ils lancent Concrete Jungle (de l'éponyme premier morceau de l'album The Death of Piece of Mind), un projet fou qui mêle une bande originale (avec des featurings de Poppy, Health...) et une série de comics où le groupe est réimaginé en syndicat du crime dans une ville dystopique. Mais à force de tirer sur la corde, elle casse. Enchaînant les tournées mondiales sans pause, Noah Sebastian atteint ses limites mentales. Les derniers concerts d'Avril sont catastrophiques et le 23 Mai 2024, le couperet tombe : le groupe annule toute sa tournée européenne d'été, y compris leur passage sur la Mainstage du Hellfest 2024. Dans un communiqué honnête, Noah avoue souffrir d'un « burnout extrême ». Une décision courageuse saluée par les fans, rappelant tragiquement que derrière les musiciens sur scène, il y a des humains fragiles.

2025 : La Résurrection et l'Ère « Specter »

Après le silence nécessaire de 2024, le groupe prouve qu'il n'était pas mort. Dès le début de l'année, ils reprennent la route en Australie pour une tournée aux côtés de Poppy, prouvant que les batteries sont rechargées. Mais c'est en studio que la magie opère à nouveau. En Août 2025, Bad Omens lâche Specter, un nouveau single obsédant et atmosphérique qui marque leur première sortie solo depuis l'album précédent. La machine est relancée. Ils enchaînent à l'automne avec Dying To Love en Octobre puis Left For Good en Novembre, confirmant que le groupe travaille sur un successeur, tout aussi mélancolique, à The Death of Peace of Mind . Et pour ceux qui avaient raté le coche l'année précédente, Bad Omens revient sur le vieux continent avec la tournée européenne Do You Feel Love en cette fin d'année 2025, remplissant les salles de Dublin à Paris... et un passage par Clisson en 2026.

Line-Up Actuel

  • Noah Sebastian : Chant, production et compositeur.
  • Joakim « Jolly » Karlsson : La touche suédoise. Guitare, chœurs.
  • Nicholas Ruffilo : Basse, guitare.
  • Nick Folio : Batterie.

Anecdotes

Made by Dyson : La basse du morceau The Death of Peace of Mind vient réellement d’un enregistrement d’aspirateur trituré sur logiciel : "Au début du confinement en 2020, je me suis lancé le défi de créer un morceau en utilisant uniquement des enregistrements d’objets du quotidien. Frapper des oreillers, secouer des clés, enregistrer et accorder la basse fréquence d’un aspirateur sur un Do pour en faire un sampler sur plusieurs octaves. Ce genre de choses.

Après quelques heures à bidouiller dans mon DAW [station audio numérique], j’avais créé une instrumentale avec tous ces sons. À partir de là, j’ai simplement mis des sections en boucle et improvisé des mélodies en freestyle avec les mots ou les bruits incohérents qui me venaient à l’esprit. Après d’innombrables boucles, les bruits sont devenus des voyelles, qui sont devenues des consonnes, puis des mots qui semblaient finalement très naturels par rapport au cœur sombre, sec et sensuel de l’instrumentale, et qui n’ont pas nécessité beaucoup de retouches une fois la véritable instrumentation construite autour d’eux."

Trollage en règle : Le t-shirt avec le logo minuscule vendu après la polémique de 2018 est aujourd’hui une pièce de collection rare.

Un pote à Squeezie : Avant d’être chanteur d’un groupe mondialement connu, Noah passait ses soirées sur Twitch à composer en direct devant une poignée de fans.

Pourquoi on aime ?

  • Pour la voix caméléon de Noah Sebastian, capable de passer de la pop douce au hurlement guttural.
  • Pour le mélange audacieux de riffs metal et de beats électro.
  • Pour l’esthétique Cyberpunk ultra-léchée de leurs clips et de leur merch.
  • Pour les paroles qui parlent de santé mentale sans filtre.

Pourquoi on peut détester ?

  • Parce que c’est - encore une fois comme tous les groupes dont je fais le focus - un peu surproduit et « propre ».
  • Parce que le virage Pop/R&B a déçu les fans de la première heure adeptes de gros son.
  • Parce que les cris stridents des nouvelles fans venues de TikTok couvrent parfois la musique en concert.

MainStage 2

Artiste présent en 2026

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FOCUS

Architects

album

"Counting the Days" to the success

Tout commence en 2004 avec deux frères jumeaux de Brighton, station balnéaire du East Sussex dans le sud de l’Angleterre : Tom Searle, le guitariste, et Dan Searle, le batteur. La musique étant leur passion, ils fondent un premier projet nommé Inharmonic, puis Counting the Days. Avec des moyens limités, ils recrutent Matt Johnson au chant et Tim Hillier-Brook à la guitare rythmique. Ils enregistrent une première démo et sortent un premier album, Nightmares (2006), très marqué par le mathcore de The Dillinger Escape Plan. C'est brut, c'est technique, mais le groupe cherche encore sa voix. Le temps passe, et Matt Johnson quitte le navire début 2007. Une nouvelle histoire commence alors… Sur les conseils de la scène locale, ils auditionnent et engagent Sam Carter, un batteur reconverti chanteur, venu d'un groupe nommé Nervous Wreck. Avec cette nouvelle alchimie entre les riffs chirurgicaux de Tom et la voix écorchée de Sam comme catalyseur, la bande, désormais stabilisée sous le nom d'Architects, part en studio.

2006 – 2025 : Une discographie déjà bien fournie

En près de 20 ans, Architects a sorti :
  • Un EP et une démo
  • Onze albums studios
  • Un album « Live at the Royal Albert Hall »
  • Un album live à Abbey Road avec un orchestre philharmonique

2007–2009 : Ruin et Hollow Crown

Leur deuxième album, Ruin, pose les bases. Mais c’est Hollow Crown (2009) qui est un succès immédiat dans la scène underground. Surfant sur la vague du metalcore technique britannique, ce mélange de violence mathématique et de mélodie convainc une jeunesse en quête de sensations fortes. Sam Carter hurle sa rage sur Early Grave, et les fans de la première heure se retrouvent dans cette énergie brute. Le groupe commence à se faire un nom et les tournées s’enchaînent.

2011 : The Here And Now

Comme d'autres groupes avant eux, Architects tente un virage à 180°. The Here And Now délaisse le metal pur pour un post-hardcore plus radiophonique. Les critiques sont mitigées, les fans crient à la trahison, accusant le groupe de devenir "commercial". Le groupe vit mal ce rejet, sentant qu'ils ont perdu leur identité en voulant plaire aux radios.

2012–2014 : Daybreaker et Lost Forever // Lost Together

Piqués au vif, les Anglais réagissent. Tom Searle déclare : « We’ve got our balls back on Daybreaker » (On a retrouvé nos couilles sur Daybreaker). Daybreaker est un retour aux sources, mais politisé. Le groupe, devenu végan et partenaire de Sea Shepherd, scande des hymnes écologiques et sociaux.

Deux semaines avant la sortie de ce nouvel opus, alors que l’album est prêt, le groupe annonce que Tim Hillier-Brook quitte le projet, lui qui était pourtant présent depuis les débuts.

C’est avec Lost Forever // Lost Together (2014), signé chez le label légendaire Epitaph, que le groupe explose. C’est un carton critique. Des titres comme Naysayer ou Gravedigger saturent les playlists metal. Le quatuor (redevenu quintet quand le guitariste de tournée Adam Christianson rejoint définitivement le groupe en 2015) impose son style : des guitares accordées très bas et des ambiances atmosphériques.

2016 : All Our Gods Have Abandoned Us

L’album de la consécration, mais aussi celui de l’adieu. D’une noirceur abyssale, All Our Gods Have Abandoned Us résonne d’une tragédie invisible. Personne ne le sait encore, mais Tom Searle se bat contre un cancer de la peau depuis trois ans. Les paroles de Gone With The Wind prennent aux tripes :

The sickness with no remedy
Except the ones inside of me
You ever wonder how deep you can sink into nothing at all?

« Memento Mori »

Le 20 Août 2016, Tom Searle décède, laissant son frère jumeau Dan et ses potes dévastés. Le monde du metal est sous le choc. Le groupe décide pourtant de continuer pour honorer sa mémoire. Josh Middleton (de Sylosis) vient prêter main forte à la guitare pour la tournée, avant d'intégrer le groupe.

2018–2023 : Holy Hell et le virage industriel

Holy Hell (2018) est l'album du deuil. Le titre Doomsday, commencé par Tom et fini par le groupe, devient leur plus gros tube. C'est la catharsis. Mais Architects refuse de stagner. Avec For Those That Wish To Exist (2021) et The Classic Symptoms of a Broken Spirit (2022), ils opèrent un nouveau changement de direction. Plus de synthés, des refrains taillés pour les stades, des structures "pop". Le groupe se fait traiter de « vendus » par les puristes du metalcore technique, mais l'album atteint la première place des charts anglais. Sam Carter répond aux critiques, assumant pleinement cette envie de toucher un public plus large. En 2023, Josh Middleton quitte le groupe amicalement, laissant la place à un quatuor soudé.

The Sky, The Earth & All Between (2025)

En 2024, le bruit court que le groupe travaille avec Jordan Fish, l'ancien architecte sonore de Bring Me The Horizon. Les rumeurs se confirment avec la sortie de Seeing Red, un morceau pied de nez aux "haters", intégrant le fameux cri "Blegh" que les fans réclamaient. L'album The Sky, The Earth & All Between sort début 2025 et fait un tabac. C'est la synthèse : la lourdeur des débuts rencontrant la production massive et électronique de l'ère moderne. En tournée, ils sont épaulés par Ryan Burnett et Martyn Evans.

Line-up actuel

Aujourd’hui, le groupe évolue officiellement en quatuor depuis le départ de Josh Middleton, épaulé par des musiciens de tournée :

  • Sam Carter : Chant
  • Dan Searle : Batterie
  • Alex « Ali » Dean : Basse / Claviers
  • Adam Christianson : Guitare rythmique
  • En tournée : Ryan Burnett (Guitare/Claviers) et Martyn Evans (Guitare).

L’influence de Jordan Fish sur le dernier album n’en fait pas pour autant un membre officiel du groupe, mais juste le producteur.

Anecdotes

Liaisons dangereuses : Au début de sa carrière, Sam Carter arborait un look "scene" caractéristique, incluant une utilisation généreuse d'eyeliner. Son amitié avec Oli Sykes, le chanteur adulé de Bring Me The Horizon, a donné lieu à des situations effrayantes. Carter raconte avoir été la cible de la jalousie féroce des jeunes fans féminines de Sykes. Il recevait régulièrement des menaces de mort de la part de "filles de 14 ans". L'une d'elles, atteignant des sommets de créativité morbide, a menacé de le "poignarder avec son eyeliner" s'il continuait à fréquenter Oli. Face à cette hystérie, la réponse de Carter fut l'humour. En interview, il a plaisanté en suggérant que pour vraiment énerver ces fans, ils devraient peut-être filmer une "sex tape gay" avec Oli Sykes.

30 millions d’amis : L’amour de Sam Carter pour les animaux est connu mais l’anecdote la plus insolite est sans doute la publication d’un livre pour enfants co-écrit par Sam Carter et sa fiancée Abby Kirk, intitulé Sophia Fox Dog Gets Adopted. Ce projet est né loin des mosh-pits et des wall of deaths : Abby, travaillant dans une école avec des enfants adoptés ou placés, a réalisé le manque de livres abordant ces thèmes. Sam a donc troqué sa plume de parolier pour écrire une histoire douce sur l’adoption, dont les bénéfices sont reversés à des refuges pour chiens.

Seeing Reds : Sam Carter est un fanatique absolu de Manchester United. Cette passion dépasse le simple hobby : il participe régulièrement à des podcasts spécialisés sur le club, où il analyse les tactiques, les transferts et les performances avec le sérieux d’un consultant sportif professionnel.

For those that wish to exist : Comme tous les groupes, Architects a connu des moments d’humilité cuisante. L’une des anecdotes les plus drôles concerne une tournée américaine catastrophique. Le groupe devait assurer la première partie de leurs idoles, The Dillinger Escape Plan. Cependant, Dillinger a annulé sa participation. Architects s’est retrouvé « coincé » sur une affiche avec des groupes de Deathcore comme Suicide Silence et Emmure. Le public n’a pas du tout apprécié la musique d’Architects (époque Hollow Crown). Le chanteur explique : « Un soir, j’ai commencé à chanter une partie mélodique et le premier rang nous a littéralement tourné le dos. ».

L’affaire « Blegh! » : Ce petit bruit de guttural (« Blegh! ») que Sam Carter pousse avant les breakdowns est devenu un meme viral sur internet. Ironiquement, Sam a fini par détester ce gimmick, le qualifiant de « bruit stupide » et déclarant sur Twitter la mort officielle du « Blegh ». Il l’a pourtant réintroduit par pure provocation sur le single Seeing Red en 2023.

Inception : En 2011, le groupe de punk Rise Against sort une chanson intitulée Architects. Amusés par la coïncidence, les membres d’Architects ont répondu en écrivant une chanson intitulée… Rise Against (disponible en titre bonus sur l’album Daybreaker). La boucle est bouclée.

Pourquoi on aime ?

  • Pour les riffs chirurgicaux hérités de Tom Searle
  • Pour le fameux « Blegh! » de Sam Carter avant les breakdowns
  • Parce qu’ils ont su se relever d’une tragédie terrible
  • Pour l’engagement sincère envers la cause animale (Sea Shepherd)
  • Pour la justesse des paroles sur le deuil et la dépression
  • Pour l’énergie dévastatrice en concert

Pourquoi on peut détester ?

  • Parce que c’est devenu trop « industriel » et simple récemment
  • Pour le fameux « Blegh! » de Sam Carter avant les breakdowns
  • Parce qu’avec l’arrivée de Jordan Fish, le groupe semble de plus en plus plagier Bring Me The Horizon
  • Parce que les puristes regrettent le côté technique des débuts

MainStage 2

Artiste présent en 2026

14 « J'aime »

Encore un focus top, merci à toi !
En 2023 c’était une mega claque au Hellfest. Pour autant je pende pas retourner les voir en 2026. Je trouve qu’on ressent vraiment trop l’influence de Fish sur le dernier album, avec des morceaux que je trouve peu efficaces et très plats.

J’ai rajouté des anecdotes que j’avais mises de cotés et oublié d’intégrer à mon texte final.

Etant fan de Bring me The Horizon, ça me gêne pas des masses. :laughing:

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Super report, vraiment super bien étayé merci beaucoup pour ce focus

focus

Drain

Histoire et discographie :

Drain se forme en 2015 a Santa Cruz autour de Sammy Ciaramitaro (chant) qui officiera par la suite à la batterie dans Gulch et Cody Chavez. En 2015 ils sortent leur deux premières démos, puis deux EP en 2016 et 2017. Ils signent en 2019 chez Revalation Records, label de la légende Ray Cappo (Shelter, Youth Of Today :heart_eyes:) suite à leur passage au Sound Of Fury Fest (affiche complètement folle d’ailleurs :star_struck:).
Le premier album, California Cursed, sort en 2021 et montre tout le potentiel de ces petits gars.
En 2023, ils récidivent avec Living Proof, une petite bombe de hardcore crossover. L’album est plein de titres marquants comme Run Your Luck en ouverture ou bien Living Proof.
Et cet automne est paru …Is Your Friend, une tentative pour eux de s’imposer dans le hardcore game en élargissant les influences présentes dans leur musique. Et la pochette est sublime !

Influences et caractéristiques :

Les california guys pratiquent un hardcore crossover qui rappelle Municipal Waste. De la musique pour mosher sur la plage quoi ! Dans Is Your Friend, il y a plusieurs passages plus mélodiques qui peuvent rappeler des groupes de la vague punk mélodique des années 80-90 comme Bad Religion ou Descendents.

En live ça donne quoi ?

Ce qui m’a donné envie de faire ce focus, c’est que j’ai déjà eu une expérience live avec eux. C’était vraiment énorme, mais le fait de jouer en salle sans barrière aide évidemment. Ils avaient retourné le public grâce à leurs grosses mosh parts. Leur musique est clairement taillée pour le live.

Conclusion :

Gardez quelques forces pour le dimanche, vous en aurez besoin pour survivre au pit de Drain. Un des groupes a ne pas manquer sur la Warzone cette année!

Warzone

Artiste non présent en 2025

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FOCUS

LIMP BIZKIT

album

Le biscuit mou qui a cassé les dents de l’Amérique

On se souvient tous de ce moment où le rock a décidé de flirter avec le hip-hop. C’était la fin des années 90, une époque où l’on portait des pantalons si larges qu’on aurait pu y loger toute une famille, et où la casquette rouge vissée à l’envers était le summum de la mode

Le grunge s'était tiré une balle (littéralement, malheureusement), et on cherchait quelque chose de nouveau pour secouer notre apathie d'adolescents nourris aux céréales trop sucrées. Et là, débarque Limp Bizkit. Ça sent bon la transpiration des fosses d’adolescents et les après-midis passés à regarder MTV (ou MCM pour ceux qui n'avaient pas le satellite) en rentrant du collège : ce son de basse vrombissant, presque liquide, suivi d'un riff de guitare qui ressemblait à une tronçonneuse sous hélium, et de cette voix... cette voix nasillarde, geignarde, mais incroyablement percutante qui scandait des obscénités avec la conviction d'un prédicateur sous amphétamines.

Aujourd'hui, en cette fin d'année 2025, alors que le monde du Nu-Metal est en deuil, il est temps de se pencher sérieusement, exhaustivement, sur le cas de Fred Durst et sa bande de joyeux lurons.

Des sandwichs au poulet à la domination mondiale

L'histoire de Limp Bizkit commence à Jacksonville, Floride.

“Je prendrais 6 tenders, une frite et un coca”

Nous sommes en 1994. Fred Durst est un type en galère. Il a été dans la Navy (si, je vous jure), il a fait du skate, du beatbox, du breakdance, et à ce moment-là, il est tatoueur et paysagiste. Mais surtout, il bosse chez Chick-fil-A - une chaîne de fast food qui impose à ses employés d'être poli, lui donnant le titre de « chaîne la plus polie de l'industrie de la restauration »., imaginez Fred Durst derrière le comptoir maintenant - une sorte de KFC. C'est là, entre deux commandes de nuggets, sauce barbecue, et probablement une odeur de friture qui colle à la peau, qu'il rencontre Sam Rivers.

Sam Rivers bosse là aussi. C'est un bassiste qui joue dans un groupe appelé Malachi Sage. Fred, qui a un ego (et une ambition) de la taille de la Californie, lui dit en substance : "Lâche ton groupe de nazes, on va monter un truc qui mélange le rap et le rock, et on va conquérir le monde" (je paraphrase, mais on imagine bien Fred Durst dire ça comme ça). Sam, probablement séduit par l'idée de ne plus sentir le poulet frit toute sa vie, accepte.

Un recrutement hétéroclite

Pour la batterie, Sam propose son "cousin", John Otto. Petite parenthèse : pendant des années, on a cru qu'ils étaient cousins. Eux-mêmes le disaient. Et puis, dans un documentaire, Sam a lâché le morceau : « En fait, on pensait qu'on était cousins, mais on a réalisé que nos parents n'avaient aucun lien de parenté ». C'est merveilleux. Quoi qu'il en soit, John Otto n'est pas un batteur de metal. C'est un batteur de jazz.

Il manque une guitare. John Otto connaît un gars du lycée. Un certain Wes Borland. Wes, c'est l'antithèse de Fred. Fred est "street", Wes est "arty". Wes écoute du Death Metal, du Grindcore, et aime se déguiser en créatures cauchemardesques. Il rejoint le groupe en 1995 apportant cette touche bizarre et arty qui tranche avec le côté plus « rentre-dedans » de Durst.

Enfin, pour la touche finale hip-hop (indispensable en 96 si on veut être crédible), DJ Lethal, ancien de House of Pain (ceux qui ont fait Jump Around, vous avez forcément dansé dessus complètement saoul en fin de soirée de mariage), rejoint la troupe.

Le nom "Limp Bizkit" (Non mais vraiment, pourquoi ?)

Sérieusement, qui choisit un nom pareil ? Fred discutait avec un pote qui lui a dit que son cerveau ressemblait à un "biscuit mou" (limp biscuit). Fred a adoré. Il voulait un nom qui repousse les gens. Un nom tellement stupide que si vous preniez la peine d'écouter, c'est que vous étiez vraiment motivés.

Le coup de pouce de Korn

Fred Durst, désormais tatoueur de son état, tatoue un jour Fieldy, le bassiste de Korn, lors de leur passage en ville (Korn faisait alors la première partie de Sick of It All à l'époque). Fred, qui ne doute de rien, lui glisse une démo dans la poche – probablement enregistrée de manière limite brouillon – et le miracle opère. Korn écoute, Korn aime (surtout les titres Pollution et Counterfeit), Korn Flakes, et Korn les emmène en tournée La machine est lancée. Ils n'ont plus besoin de servir du poulet.

Discographie

La discographie de Limp Bizkit (1995-2025) c’est :

  • 2 demos
  • 6 albums
  • 1 EP
  • 1 Album Live
  • 3 Best Of (pour six albums seulement…)
  • 1 Album de remix

Montagnes russes émotionnelles

1994-1996 : Les Démos et la crasse

Au début, c'était le chaos. La démo Mental Aquaducts de 1995 (époque où le groupe s'appelait parfois "Limp Bizcut" ou avait Rob Waters à la guitare avant Wes) contient des titres comme Armpit (Aisselle). Tout un programme. Le son est sale, la voix de Fred cherche encore son style entre rap maladroit et hurlements de putois.

La démo de 1996, celle avec Counterfeit, Pollution et Stuck, montre un groupe qui a trouvé sa formule : une basse qui claque, une batterie jazzy-rock et une guitare qui fait des bruits bizarres. C'est cette cassette qui va convaincre Ross Robinson (le producteur de Korn) de les prendre sous son aile.

1997-1998 : Trois dollars et une reprise scandaleuse

L'album Three Dollar Bill, Y'all$ sort le 1er juillet 1997. Le titre est une phrase d'argot ("aussi faux qu'un billet de trois dollars").

On sent un groupe qui se cherche, entre la rage punk et le groove urbain. Pollution ouvre le bal avec des cris, des larsens. On sent la transpiration, la haine du quotidien. Stuck parle d'être coincé dans une vie de merde (un sentiment que tout ado de 15 ans comprend forcément). Mais le coup de génie (ou le crime), c'est la reprise de Faith de George Michael. Transformer ce tube pop sexy en une orgie de cris et de distorsion ? C'était osé. George Michael a détesté, mais MTV a adoré. C'est là que le phénomène commence.

Fred Durst commence à cultiver son image de bad boy accessible, celui qui pourrait être votre grand frère un peu con qui fait du skate.

1999-2000 : L'explosion nucléaire (et le désastre de Woodstock)

Si le premier album était une étincelle, Significant Other est un feu de forêt. Sorti en juin 1999, il se vend à des millions d'exemplaires.

Musicalement, c'est l'apogée du style. Nookie avec son refrain idiot ("I did it all for the nookie" - je l'ai fait pour le cul, en gros) devient l'hymne national des fraternités étudiantes américaines. Mais il y a aussi Re-Arranged, plus mélodique, où Fred règle ses comptes avec sa petite amie et la presse. Et bien sûr, Break Stuff. Ah, Break Stuff. La chanson qui donne envie de tout casser.

L'incident Woodstock '99

Juillet 1999. Il fait 40 degrés sur le tarmac d'une ancienne base aérienne. L'eau coûte 4 dollars (l’équivalent de 7$ aujourd’hui). Les toilettes débordent. La foule est à bout de nerfs.

Limp Bizkit monte sur scène. Fred Durst, jamais le dernier pour jeter de l'huile sur le feu, lance : « On ne suit pas les règles ! Cassez tout ! ». Et sur Break Stuff, la foule s'exécute. Les gens arrachent les planches de contreplaqué des tours de régie pour faire du crowd-surfing. On rapporte des agressions sexuelles dans la fosse (une tache indélébile sur l'histoire du groupe et du festival). C'est le chaos total. Je vous invite d’ailleurs à voir le documentaire Netflix Chaos d'anthologie : Woodstock 99 à ce propos.

Fred dira plus tard qu'il ne voyait pas la violence, juste des gens qui s'amusaient. Mouais. C'est à ce moment-là que Limp Bizkit devient l'ennemi public numéro 1 des critiques rock. Ils ne sont plus juste un groupe, ils sont dangereux.

2000-2001 : Mission Impossible

Le titre de l'album Chocolate Starfish and the Hot Dog Flavored Water sorti en 2000 est une blague scatologique ("Chocolate Starfish" = l'anus, "Hot Dog Flavored Water" = une blague interne de Wes Borland sur l'eau qui a le goût de saucisse). C'est l'album de la démesure, vendu à plus d'un million d'exemplaires la première semaine.

Rollin' (et sa chorégraphie du volant qui finit sur la BO de Fast and Furious), My Generation,Take A Look Around (la BO de Mission Impossible 2). Ils sont partout.

C'est l'overdose. Fred Durst est dans tous les magazines, il se dispute avec Eminem (qui lui répond violemment dans The Real Slim Shady), avec Trent Reznor de Nine Inch Nails (Fred se moque de lui dans la chanson Hot Dog).

Voilà Limp Bizkit au sommet avant la chute.

2001-2003 : Le départ du génie et la dépression

En 2001, Wes Borland claque la porte. Il en a marre. Marre de l'image de "douchebag" du groupe, marre de Fred, marre de tout. Wes Borland n’est plus là, et ça s’entend. Limp Bizkit sans Wes, c'est comme un sandwich au poulet sans poulet : ça n'a aucun sens.

Fred tente de le remplacer en organisant une audition géante dans des magasins de guitare (la tristesse du truc...). Finalement, c'est Mike Smith du groupe Snot qui est pris. L'album Results May Vary sort en 2003. Le titre ("Les résultats peuvent varier") sonne comme une excuse anticipée.

C'est un album bizarre, dépressif. Fred chante (mal) plus qu'il ne rappe. La reprise de Behind Blue Eyes des Who est un succès commercial (merci le film Gothika), mais un massacre artistique. La critique assassine l'album. Les fans sont divisés. C'est le creux de la vague. On sent que Fred a le cœur brisé (Britney Spears l'a largué, pauvre chou, aventure qu'elle a par ailleurs toujours niée...).

2004-2008 : Le retour éclair et l'EP oublié

Surprise ! Wes Borland revient (probablement parce que ses projets solos ne payaient pas les factures, soyons réalistes). Mais ils ne reviennent pas pour faire la fête. Ils sortent un EP, The Unquestionable Truth (Part 1). Pas de promo, pas de clip, pas d'interview.

Le son est lourd, sombre, industriel. Ça ressemble à du Rage Against The Machine sous anxiolytiques. Fred parle de propagande, de prêtres pédophiles. C'est "sérieux". John Otto est à peine présent (problèmes de drogue, c'est Sammy Siegler qui joue sur la plupart des titres).

L'EP est un échec commercial. Ils promettent une "Part 2" qui ne viendra jamais.

2009-2011 : Le Cobra Doré et la nostalgie

Après une pause (ou un hiatus, pour faire chic), le line-up original se réunit vraiment. Gold Cobra sort en 2011. C'est un retour aux sources. Ça rappe, ça groove, les riffs de Wes sont de retour. Des titres comme Shotgun ou Bring It Back font le job. C’est sympa, ça rappelle des souvenirs, une madeleine de Proust un peu rassise mais comestible.

2012-2020 : La traversée du désert (Chez Cash Money ? )

Pendant dix ans, c'est le néant discographique.

Ils signent chez Cash Money Records (le label de Lil Wayne... cherchez l'erreur). Ils sortent quelques singles comme Ready to Go (avec Lil Wayne, malaisant) ou Endless Slaughter.

Ils promettent un album : Stampede of the Disco Elephants. Il ne sortira jamais sous ce nom.

C'est l'époque où ils deviennent un groupe de festivals. Ils tournent énormément (Hellfest, Main Square Festival à Arras ...). J'étais au Main Square. Voir Fred Durst en survêtement rouge et noir haranguer une foule de français en délire, et chanter La Marseillaise (oui, oui) ça reste une expérience sociologique fascinante.

2021-2024 : Le retour en grâce et les "Dad Vibes"

Halloween 2021. Sans crier gare, l'album sort. Il s'appelle Still Sucks ("Ça craint toujours"). L'autodérision est totale. Mais le coup de génie marketing, c'est le nouveau look de Fred. Fini la casquette rouge. Place à la perruque grise, à la moustache de tonton gênant et au gilet de golf. C'est le "Dad Vibes".

Fred joue le rôle du vieux père qui essaye d'être cool. Et bizarrement... ça le rend cool. Internet adore. L'album est court (32 minutes), varié (il y a même une reprise acoustique de Don't Change d'INXS). Le titre Dad Vibes est un tube groovy irrésistible. Limp Bizkit a réussi sa transition : ils sont passés de "has been" à "légendes cultes qui s'en foutent".

2025 : La tragédie et l'absurde

2025 : Tout semblait aller bien. Une tournée sud-américaine prévue, des rumeurs de nouveaux titres. Et le 18 octobre 2025, la nouvelle tombe comme un couperet : Sam Rivers est mort. Sam, le bassiste silencieux. Celui qui, pendant que Fred sautait partout et que Wes faisait l'alien, tenait la baraque avec un groove monstrueux. Il avait 48 ans. On parle d'un arrêt cardiaque (il avait eu une greffe de foie par le passé, le corps a ses limites).

Le groupe publie un hommage poignant : "Sam n'était pas juste notre bassiste, il était notre battement de cœur". Pour la première fois, Limp Bizkit ne fait pas de blague.

Mais le spectacle continue (The show must go on, comme disait l'autre). En novembre 2025, ils lancent quand même le "Gringo Papi Tour" en Amérique du Sud. Un remplaçant est trouvé : Richie Buxton (alias Kid Not), le bassiste d'Ecca Vandal. Lors du premier concert à Mexico, un hommage vidéo est diffusé. Fred Durst, dos au public, regarde les images de son pote disparu. C'est probablement le moment le plus sincère de l'histoire du groupe.

Et pour finir sur une note "Limp Bizkit", en septembre 2025, ils sortent un single au titre improbable : Making Love to Morgan Wallen. Un morceau Nu-Metal qui finit numéro 1 des charts.

Line-up actuel

  • Fred Durst : Chant, Casquette (ou perruque), et maître de cérémonie. Il a survécu à tout, même à sa propre caricature (j’ai d’ailleurs remarqué qu’il ressemble de plus en plus à Philippe Etchebest, les a-t-on déjà vus ensemble ?).
  • Wes Borland : Guitares, Chœurs. L’homme aux mille visages. Probablement en train de peindre son corps en noir intégral au moment où j’écris ces lignes.
  • John Otto : Batterie. Le métronome jazzy. Le dernier lien familial (littéralement, c’était le faux-cousin de Sam) de la section rythmique originelle.
  • DJ Lethal : Platines, Samples. Il est parti, revenu, reparti, revenu… C’est le chat de Schrödinger du groupe.
  • Richie Buxton (Kid Not) : Basse. Le « petit » nouveau. Il a la lourde tâche de remplacer Sam Rivers sur scène pour la tournée 2025.

Anecdotes

  • Le concert fantôme de la station-service : Un petit malin crée un événement Facebook annonçant un concert de Limp Bizkit sur le toit d’une station-service Sunoco à Dayton, Ohio. Pourquoi une station-service ? Aucune idée. Le truc devient viral. Fred Durst tweete en majuscules « NOT TRUE ». La police locale publie des démentis. Le soir venu, plus de 100 fans se pointent à la station-service. Ils bloquent les pompes, chantent « We want Fred ». Le gérant de la station est obligé de fermer. Certains fans ont fait des heures de route. C’est la magie d’Internet (et la bêtise magnifique des fans).
  • Bons baisers de Russie : Fred a eu sa période « Russophilie ». Il a écrit une lettre officielle pour demander la citoyenneté russe, affirmant vouloir s’installer en Crimée et qualifiant Vladimir Poutine de « gars super avec des principes moraux clairs ». Réaction de l’Ukraine ? Ils l’ont banni du territoire pour 5 ans pour « raisons de sécurité ». On ne s’invente pas diplomate.
  • Last Night at Freddy’s : Vous imaginez le mec qui hurle « Break your f***ing face tonight » organiser des soirées jazz feutrées à Hollywood ? Il l’a fait. Les soirées « Fred’z with a Z ». Il y servait des cocktails en écoutant du saxophone. La crise de la quarantaine …

Pourquoi on aime ?

  • L’efficacité chirurgicale des riffs : Quand Wes Borland lance l’intro de « My Generation » ou de « Hot Dog », c’est physique. On ne peut pas rester statique. C’est une musique faite pour le mouvement, pour le saut, pour la fête. C’est primitif, OK, mais c’est jouissif.
  • Le Groove (Le facteur X) : Je le répète, mais la section rythmique Rivers/Otto était sous-estimée. Bizkit a un swing. C’est ce qui fait que même les rappeurs aimaient poser leur flow dessus.
  • La nostalgie d’une époque insouciante : Écouter Limp Bizkit en 2025, c’est retrouver l’époque où notre plus gros problème était de choisir entre la PlayStation 1 et la Nintendo 64. C’est une madeleine de Proust au goût de Banga.
  • Le spectacle visuel : Sur scène, c’est un carnaval. Entre Fred en pêcheur/golfeur/clochard et Wes en démon/momie/fleur, on en a pour son argent. Ils ne sont pas là pour faire de la poésie, ils sont là pour faire le show.
  • Parce qu’ils s’en foutent : Avec l’album Still Sucks, ils ont prouvé qu’ils avaient de l’humour. Ils savent qu’ils sont « ringards » pour certains, et ils l’embrassent totalement. Cette autodérision les rend, paradoxalement, très sympathiques.

Pourquoi on peut détester ?

  • Les paroles: Soyons clairs, Fred Durst écrit souvent comme un collégien en colère. C’est pauvre. C’est répétitif.
  • L’attitude « Douchebag » originelle : Fred Durst a, à lui seul, popularisé le look et l’attitude du « kéké américain » arrogant. Casquette rouge, gestes obscènes, ego surdimensionné. Il a été insupportable pendant des années (ce qui a mené à ses clashs avec Eminem, Slipknot, etc.). Il s’est calmé, mais l’image colle à la peau. Ceci n’empêche pas Fred Durst d’apparaître dans le clip The Real Slim Shady d’Eminem.
  • Le son « daté » : Les scratchs de DJ Lethal, les effets de voix nasillards… Pour beaucoup, ça sonne irrémédiablement « an 2000 ». C’est un son qui a mal vieilli si on n’a pas la nostalgie pour faire passer la pilule.
  • Le massacre de « Behind Blue Eyes » : Je reviens dessus, mais transformer une chanson poignante des Who en ballade pour teenager avec un vocoder… C’est un crime contre l’humanité musicale. Pete Townshend a dû faire une syncope (mais bon il devait être bien content d’encaisser les royalties).

Au final, Limp Bizkit, c’est comme ce vieux pote un peu lourd qu’on ne voit pas souvent, mais avec qui on passe toujours une soirée mémorable à se remémorer le bon vieux temps.

MainStage 2

Artiste présent en 2026

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(je ne sais pas comment faire votre mise en page plus travaillée, donc faudra se contenter de ça)

FOCUS SUR GATECREEPER

Avec un passage au Hellfest 2022 au compteur, et quelques dates françaises épisodiques ces trois dernières années, Gatecreeper fait pourtant partie de la nouvelle génération de Death Metal américain. Aux côtés de groupes comme Sanguisugabogg, 200 Stabs Wound ou Frozen Soul, Gatecreeper a pleinement pris le creux de la vague Death Metal for Hardcore Fans et c’est vrai que, comme les autres groupes cités, cette nouvelle génération de groupes de death va pas mal chercher du côté du Hardcore (et un peu du Sludge également), notamment au niveau du chant, où les growls peuvent sembler moins horrifiques et plus scandés. On le sent également au niveau des compositions, qui ont cet aspect plus « bondissant ». Pourtant, Gatecreeper va se démarquer du lot, en allant progressivement chercher une autre influence, mais on va y revenir.

Le groupe, dont le nom est un jeu de mot avec l’appelation Gatekeeper, qui est en quelques sortes l’équivalent de « puriste », se forme en 2013 dans l’Arizona, et sort rapidement des premiers EPs et Splits. C’est en 2016 que Gatecreeper va se faire remarquer, avec son premier album Sonoran Depravation. Avec un son de guitares Swedish Buzzsaw, créé par la pédale Boss-HM2, le groupe met en avant ses influences Swedeath, et on sent alors l’influence de groupes comme Entombed chez les Américains, autant dans les sonorités que dans le groove qui ressort de certains morceaux (Flamethrower) que l’on retrouvait également dans le death n’ roll des Suédois.

Leur deuxième album Deserted suit la même voie que le premier, et permet quelques nouvelles expérimentations, avec par exemple le morceau In Absence of Light, qui vient fermer l’album sur des notes plus doom.

Le groupe commence à bien s’installer aux États-Unis, mais décide de prendre tout le monde à revers en 2021, avec l’EP An Unexpected Reality, sorti sans aucune promo. Les sept premiers morceaux (qui font tous moins de deux minutes) versent dans des sonorités beaucoup plus grind / crust, tandis que l’EP se termine avec un morceau doom death de 11 minutes. Un EP expérimental et aussi inattendu que son titre.

Après deux albums assez similaires, et un EP qui a pris tout le monde par surprise, Gatecreeper revient en 2024 avec Dark Superstition. Cette fois, le groupe décide de mettre encore plus en avant ses influence suédoises et va chercher Fred Estby, le batteur de Dismember pour superviser la production de l’album. L’album se veut plus accessible et plus mélodique, et va donc naturellement verser dans le melodeath, avec Dead Star, un morceau d’ouverture à la In Flames, ou Caught In Threads, un hit à la Amon Amarth. Fidèle à leur tradition, le dernier morceau de l’album va à nouveau chercher vers le Doom. Cet album va leur ouvrir un plus gros marché, et leur permettre d’ouvrir pour In Flames sur une tournée américaine, et pour Arch Enemy en Europe. On peut donc comprendre pourquoi le groupe a été programmé sur une Mainstage en 2026 au Hellfest.

En conclusion, un groupe qui pourra plaire à un large public (bien qu’il faille au minimum être habitué aux versants plus brutaux du metal) des fans de hardcore à ceux de death, en passant par les doomeux.

13 « J'aime »

FOCUS

STATIC-X

Il aura fallu du temps, beaucoup de temps, pour que ce nom culte vienne enfin faire trembler les planches d’une des Mainstages du Hellfest. Groupe phare de la scène Néo/Indus des années 2000, STATIC-X débarque avec une histoire lourde, marquée par la disparition tragique de son frontman emblématique, le regretté Wayne Static.


Style

Inventeur autoproclamé de l’Evil Disco, STATIC-X se démarque par un mélange de riffs de guitare répétitifs et saccadés, d’élements de musique électronique, ainsi que l’utilisation de sample issus de films. Ce package indus rythmé, ultra efficace et dansant, est sublimé par la voix de Wayne Static, reconnaissable entre mille, avec son chant rauque et ses hurlements hallucinés, qui tend à s’approcher d’un Jonathan Davis (KORN) par moment. Parmi les influences du groupe, on peut citer THE PRODIGY, CRYSTAL METHOD, MINISTRY, PRONG, COAL CHAMBER…

album


Impossible de parler de STATIC-X sans évoquer le style inimitable de Wayne Static. Barbe tressée et surtout cette coiffure improbable, dressée verticalement et défiant toute gravité, il était un personnage de cartoon sous acide, monté sur ressorts, dont l’énergie scénique était contagieuse.


Premiers albums et succès

STATIC-X est fondé en 94 par Wayne Static (chant/Guitare) et Ken Jay (batterie), après avoir quitté leur premier groupe DEEP BLUE DREAM, dans lequel ils jouaient au coté, entre autres, de Billy Corgan (SMASHING PUMPKINS). Ils sont rapidement rejoints par Tony Campos à la basse (MINISTRY, SOULFLY…) et Koichi Fukuda à la guitare.

Le groupe rencontre un franc succès dès leur premier album, Wisconsin Death Trip (1999), qui est certifié disque de platine. On y trouve déjà une bonne partie des hits du groupe, tels que Bled For Days et Love Dump, mais surtout Push It et I’m With Stupid.

Le groupe enchaine les albums dans la décennie qui suit, ajoutant toujours plus de tubes à leurs setlists (The Only, Cold, Destroyer, Skinnyman, Black and White…)

En plus de conserver une fanbase solide, STATIC-X est crédité sur les OST de nombreux jeux vidéos de l’époque (Duke Nukem, Need For Speed…), touchant ainsi un public toujours plus large.

Divers changements de line up rythmeront la vie du groupe, jusqu’à leur séparation définitive en 2013. Wayne Static trouvera la mort un an plus tard, à l’âge de 48 ans (overdose médicamenteuse), suivi quelques mois après, par son épouse (suicide). Ainsi se tourne de manière tragique la page STATIC-X, le groupe étant totalement indissociable de son chanteur mythique.


Le projet Régénération, nécromancie ou coups de génie marketing ?

En 2018, un miracle se produit. Le line-up original (Tony Campos, Koichi Fukuda, Ken Jay) se retrouve et découvre des démos vocales inédites enregistrées par Wayne avant sa mort. Ils décident de reformer le groupe pour honorer sa mémoire et s’en mettre plein les poches achever son oeuvre.

Le groupe sort ainsi 2 nouveaux albums, Project: Regeneration Vol. 1 (2020), puis Vol. 2 (2024), qui reçoivent un certain succès. Les fans retrouvent la recette originale qui fonctionnait ; les enregistrement de Wayne s’intègrent parfaitement aux nouvelles compos du groupe, et les titres semblent tout droit sortis des précédents opus.

album


Pour la scène, ils ne voulaient pas d’un « remplaçant » classique. Ils ont donc créé le personnage de Xer0 : un chanteur masqué, portant un masque reproduisant le visage de Wayne (un peu façon zombie/cyborg) et sa coiffure iconique. Bien que jamais confirmé officiellement à 100% par le groupe (pour garder le mystère), il est de notoriété publique qu’il s’agit d’Edsel Dope (du groupe Dope).


Au delà du mimétisme visuel, sa voix est assez proche de celle de Wayne, et sur scène ce nouveau chanteur pousse le vice jusqu’à emprunter sa gestuelle caractéristique. Hommage ultime ou cosplay macabre ? Le débat reste ouvert.


Discographie

  • Wisconsin Death Trip (1998)
  • Machine (2001)
  • Shadow Zone (2003)
  • Beneath… Between… Beyond… (2004)
  • Start a War (2005)
  • Cannibal (2007)
  • Cult of Static (2009)
  • Project: Regeneration Vol. 1 (2020)
  • Project: Regeneration Vol. 2 (2024)

Alors, faut-il aller voir Static-X en 2026 ?

Force est de constater qur les retours sur les performances live sont quasi unanimes. Sur scène le groupe enchaîne les tubes (avec une setlist majoritairement axée sur Wisconsin Death Trip), XerO fait le taff et même plus, et la nostalgie fait le reste.

Préparez vous à jumper au cours de ce concert qui s’annonce électrique !

:zap: :zap: :zap:

MainStage 1

Artiste présent en 2026

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FOCUS

NAPALM DEATH-

album

Difficile de faire une synthèse de la carrière de Napalm Death, mais on va quand même tenter !

Napalm Death est né en 1981 en Angleterre (Meriden, près de Coventry). Inspiré du mouvement punk anar’ de l’époque, le groupe, d’abord sous forme de duo, se lance avec une volonté de faire plus violent, plus dévastateur que la musique de l’époque.
Le line-up est assez instable, évoluant d’abord sous forme de duo, puis trio, quatuor, quintet, jusqu’à acquérir une certaine stabilité en 1992 avec l’album Utopia Banished.
Les musiciens écument les scènes locales accompagnés de groupes punk, jusqu’à ce qu’ils signent chez Earache pour leur premier album SCUM. Hyper engagé, brut, l’album impressionne par sa violence, sa rapidité et le son lourd et saturé, le chant growl et parfois les screams : les bases du grindcore sont posées dès lors.
La valse des musiciens continue, mais l’envie et la rage sont toujours là, les albums s’enchainent avec leurs messages politiques et les dénonciations du système. Au total, ce seront pas moins de 16 albums studio qui vont naitre sortir, avec parfois des expérimentations :
Scum (1987) et From Enslavement to Obliteration (1988) sonnent clairement grindcore, Harmony Corruption (1990) et Utopia Banished (1992) incorporent des éléments death metal,
Fear, Emptiness, Despair (1994), Diatribes (1996), Inside the Torn Apart (1997), Words from the Exit Wound (1998)sont plus dans la mouvance de l’époque et sonnent plus hardcore, plus thrash et proto, le chant est beaucoup plus growl et il y a moins voire plus de backing vocals screamés.
Enemy of the Music Business (2000) est un retour aux sources, plus proche de ce que le groupe faisait aux débuts des années 90. Les albums suivants vont continuer dans cette même veine, mais contiendront tout de même des titres plus expérimentaux, aux rythmes plus lents, au chant inquiétant, ou s’offrant le luxe de voir John Zorn jouer du sax sur Everyday Pox, titre figurant sur Utilitarian.
Au niveau des paroles, les textes parlent de politique, humanisme, socialisme et droits des animaux. ces thèmes sont récurrents, car toujours d’actualité depuis les débuts du groupe.

Fun facts :

  • Les albums de Napalm Death sont courts, les titres qu’ils contiennent le sont tout autant, si bien que le titre « You Suffer » issu de Scum est dans le Guinness des records pour être le morceau le plus court (1 seconde).
  • La pochette de Scum a été dessinée par Jeff Walker (bassiste et chanteur de Carcass).
  • Plus aucun membre originel est encore dans le groupe, le membre le plus ancien est Shane Embury, bassiste, arrivé en 1987.
  • Le président actuel de l’Indonésie est fan du groupe
  • Napalm Death a vu passer beaucoup de musiciens dont certains ont eu des carrières musicales intéressantes :
    Lee Dorrian (chant) a fondé Cathedral
    Bill Steer (guitare) a fondé Carcass
    Nick Bullen a joué dans Scorn
    Justin Broadrick (guitare) joue dans Jesu et Godflesh, il a également produit des groupes comme Isis ou Pelican
    Mick Harris (batterie) a créé Scorn et a joué dans Painkiller aux côtés de John Zorn et Bill Laswell.
    Shane Embury a plusieurs projets parallèles : Brujeria, Meathook Seed, Lock Up, etc…

Le groupe a laissé un héritage et une empreinte dans la musique extrême puisqu’il est considéré comme étant le père du grindcore, d’être un des précurseurs du blast beat à la batterie (avec Morbid Angel), donc ayant une influence dans le courant death metal.

En 2026, le groupe sera tête d’affiche au Hellfest et fêtera ses 45 ans d’existence, toujours aussi rageux, toujours en colère, toujours avec sa volonté de dénoncer.

Altar

Artiste présent en 2026

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FOCUS

Bring Me The Horizon

album

L'ÉPOPÉE D'UNE MUTATION SONORE : DE L'ACIER DE SHEFFIELD AUX PAILLETTES DES STADES

La première fois où l’on a croisé la route de Bring Me the Horizon, c’était soit au détour d’une page MySpace mal codée en 2005, agressé par une bouillie sonore indescriptible et des franges qui défiaient les lois de la gravité soit plus tard, peut-être en entendant un titre étrangement pop à la radio, se demandant si c’était bien le même groupe qui hurlait à la mort quelques années plus tôt.

Bring Me the Horizon (ou BMTH pour les intimes et ceux qui ont la flemme de prononcer quatre mots) est une anomalie. Une aberration statistique. Originaires de Sheffield, cette cité industrielle du South Yorkshire plus connue pour ses couverts en acier inoxydable et Def Leppard que pour sa douceur de vivre, ces cinq (parfois six, parfois quatre) garçons ont tracé une route improbable. D’un deathcore crasseux qui faisait saigner les oreilles des puristes au milieu des années 2000, ils se sont métamorphosés en une machine de guerre pop-rock-électro capable de remplir l’O2 Arena de Londres ou de retourner Clisson avec un t-shirt hommage à Mylène Farmer sans sourciller.

Ce focus va parler de cris, de larmes, de bouteilles d’urine (spoiler : c’est moins drôle que ça en a l’air), de tables cassées et de résurrection artistique. On va plonger dans les méandres d’une discographie parfois décousue disséquant chaque album comme on dissèque une grenouille en cours de bio (mais avec plus de distorsion et de sentiments). Préparez vos esgourdes, sortez vos bouchons d’oreille (et une deuxième paire au cas où, on n'est jamais trop prudent), car l’histoire de Bring Me the Horizon vous fera vibrer autant qu’un drop de basse dans une salle surchauffée.

DISCOGRAPHIE

La Discographie de Bring Me The Horizon compte :

  • 7 albums studios
  • 2 albums live
  • 2 EP
  • 3 Compilations
  • 2 Albums de Remixes

LA GENÈSE DU CHAOS ET LES ANNÉES MYSPACE (2004-2007)

Sheffield, 2004 : La Naissance d'un Monstre

Tout commence en 2004, à Sheffield, une bande d’adolescents décide de former un groupe, non pas pour révolutionner la musique, mais probablement pour tromper l'ennui et faire du bruit. Oliver "Oli" Sykes au chant (et aux hurlements de chaton qu'on énerve), Lee Malia à la guitare, Matt Kean à la basse, Matt Nicholls à la batterie, et Curtis Ward à la guitare rythmique.

Le nom du groupe est une référence cinématographique, tiré de la dernière réplique de Jack Sparrow dans Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl ("Now, bring me that horizon"). Un choix presque poétique et romantique pour un groupe qui allait passer les premières années de sa carrière à hurler comme des damnés et à inciter à la violence dans les fosses.

Leur premier méfait discographique arrive sous la forme d'un EP au titre à rallonge (une habitude qu'ils garderont) : This Is What the Edge of Your Seat Was Made For (2004). Sorti sur le label Thirty Days of Night Records, c’est brut, c’est violent, c’est du deathcore sans fioritures. On y sent déjà cette urgence, cette envie d'en découdre. Musicalement, on est plus proche du bruit d'une bétonnière en fin de vie que d'une symphonie de Beethoven, mais il y a quelque chose. Une étincelle. Ou peut-être juste un court-circuit.

The Bedroom Sessions : Les Archives de la Honte

Avant même cet EP, il y avait ce qu'on appelle les The Bedroom Sessions. Des démos enregistrées, comme leur nom l'indique, dans la chambre d'Oli (ou d'un autre membre, l'histoire reste floue). C'est le niveau zéro de la production. On y trouve des titres comme Shed Light ou Medusa, qui finiront par être retravaillés. On entend des gamins qui cherchent leur son, qui tâtonnent, qui font des erreurs.

Count Your Blessings : L'Album de la Discorde

Le 30 octobre 2006, le monde (ou du moins, le Royaume-Uni et quelques ados en colère sur internet) découvre Count Your Blessings. Si vous aimez la poésie, la douceur et les mélodies qui caressent les oreilles, passez votre chemin. Cet album est un assaut auditif. Une déclaration de guerre.

Des titres comme Pray for Plagues deviennent des hymnes instantanés pour une génération de "scene kids". La voix d'Oli Sykes est stridente, saturée à l'extrême, alternant entre des growls profonds et des screams suraigus qui feraient passer une soprano d'opéra pour une amatrice. Musicalement, c'est technique, il faut le reconnaître. Les riffs de Lee Malia sont acérés comme des lames de rasoir, les breakdowns sont légion.

Mais la critique est divisée. Pour les puristes du "vrai" metal (ceux avec des vestes à patchs qui sentent la bière rance), BMTH n'est qu'un groupe de poseurs, des "fashionistas" qui privilégient le style à la substance. On leur reproche leur look, leurs mèches lissées, leurs jeans slim. Oli Sykes devient la cible de toutes les moqueries, mais aussi l'idole absolue de milliers de fans qui se reconnaissent dans cette rage adolescente.

L'Incident de la Bouteille : Reading 2008

On ne peut pas parler de cette période sans évoquer un événement traumatisant et fondateur : le festival de Reading en 2008. BMTH remplace Slipknot à la dernière minute (Joey Jordinson s’était cassé la cheville). Le public, venu voir du "vrai" metal, n'est pas content. Mais alors pas du tout. Dès que le groupe monte sur scène, c'est le déluge. Une pluie de bouteilles, de gobelets, et d'objets divers s'abat sur eux. Et pas que de l'eau, si vous voyez ce que je veux (l'urine, c'est un classique des festivals anglais, malheureusement). Oli Sykes, fidèle à lui-même, bravache, provocateur, ne se démonte pas. Il harangue la foule : "You obviously don't like our band but that's okay!" ("Vous n'aimez visiblement pas notre groupe mais c'est pas grave!").

Cette image du groupe seul contre tous, sous une pluie de déchets, forge leur légende. Ils sont les parias, les "mal-aimés", et cela ne fait que renforcer le lien avec leur fanbase. Ils sont "seuls contre le monde", une posture qui, avouons-le, marche toujours très bien dans le rock.

Sombres Rumeurs

L'histoire de BMTH n'est pas faite que de musique. Elle est aussi pavée de rumeurs moins agréables... comme "l'incident de Nottingham" en 2007, où Oli aurait été accusé d'avoir uriné sur une fan et de l'avoir agressée. Les charges ont été abandonnées faute de preuves, et Oli a toujours nié farouchement, mais c'est une tâche qui revient souvent dans les discussions des haters, comme un vieux chewing-gum collé sous une chaussure.

SUICIDE SEASON ET LA PREMIÈRE MUE (2008-2009)

Le Virage Metalcore : On Coupe les Mèches (Un Peu)

Deux ans plus tard, en 2008, arrive Suicide Season. Et là, surprise. Le groupe a grandi. Ils ont (un peu) coupé leurs cheveux, et surtout, ils ont affiné leur son. Fini le deathcore pur et dur et brouillon qui partait dans tous les sens. Place à un metalcore plus structuré, plus rythmé, avec des refrains qui commencent timidement à pointer le bout de leur nez (on est encore loin de la pop, rassurez-vous).

L'enregistrement se fait en Suède, isolé du monde, avec le producteur Fredrik Nordström (un grand monsieur du metal qui a travaillé avec At The Gates et Arch Enemy). Le résultat est massif. Des titres comme Chelsea Smile ou The Comedown sont des tubes absolus. La voix d'Oli a changé. Elle est plus grave, plus puissante, moins "criarde". On sent qu'il commence à maîtriser son instrument, même si ses cordes vocales prennent cher à chaque concert. Les paroles, elles, restent sombres. Ça parle de fête qui tourne mal, de défonce, de désespoir. The Comedown est littéralement une ode à la descente après la drogue. C'est joyeux, c'est festif (non).

Le Départ de Curtis Ward : La Première Fissure

La tournée qui suit est épuisante. Les tensions montent. Curtis Ward, le guitariste rythmique, n'est plus sur la même longueur d'onde. Il est malheureux, ça se voit, ça se ressent. Il est sourd d'une oreille, il n'aime pas la direction musicale, il n'aime pas la célébrité. En 2009, en pleine tournée américaine (le fameux Taste of Chaos Tour), il quitte le navire. C'est brutal.

Il est remplacé par Jona Weinhofen, un Australien venu des groupes I Killed the Prom Queen et Bleeding Through. Jona apporte une nouvelle dynamique, une précision technique et une présence scénique indéniable. Avec lui, le groupe gagne en épaisseur. C'est aussi un moment charnière où BMTH commence à s'imposer comme une tête d'affiche potentielle, et non plus comme une simple première partie qu'on écoute poliment en attendant le "vrai" groupe. Jona, avec son look impeccable et son talent, devient vite un favori des fans (avant de devenir, quelques années plus tard, une persona non grata, mais n'anticipons pas).

Suicide Season: Cut Up! : L'Invasion Électronique et Skrillex

En novembre 2009, le groupe sort Suicide Season: Cut Up!, une version remixée de l'album. Et là, on commence à comprendre que BMTH n'est pas un groupe de metal comme les autres. Ils ont l'audace (ou l'inconscience, selon les points de vue) d'inviter des artistes de la scène électronique pour remixer leurs titres.

Parmi eux, un certain Sonny Moore, qui commence à se faire appeler Skrillex. Il remixe The Sadness Will Never End. On trouve aussi Tek-One, The Toxic Avenger, ou encore Utah Saints. Le résultat est un mélange improbable de metalcore, de dubstep, de hip-hop et d'électro. C'est audacieux, c'est parfois un peu bordélique mais ça montre une ouverture d'esprit rare dans ce milieu souvent très codifié.

Les fans de la première heure hurlent à la trahison (spoiler : ils vont beaucoup hurler dans les années à venir). Mais le groupe s'en moque. Ils tracent leur route, guidés par une envie d'explorer de nouveaux horizons. Cette volonté d'intégrer l'électro n'est pas une passade, c'est le début d'une mutation génétique profonde.

L'ÈRE SYMPHONIQUE ET EXPÉRIMENTALE (2010-2012)

There Is a Hell... : Un Titre à Rallonge pour un Album Grandiose

En 2010, BMTH sort son troisième album, au titre le plus long de l'histoire du rock (ou presque) : There Is a Hell, Believe Me I've Seen It. There Is a Heaven, Let's Keep It a Secret. Rien que ça.

Le groupe ne se contente plus de faire du bruit ; il fait de la musique, de la grande musique. Ils intègrent des éléments symphoniques, des chœurs, des passages électroniques plus poussés. C'est sombre, c'est mélancolique, c'est beau. It Never Ends est un chef-d'œuvre de désespoir hurlé sur fond de violons (synthétiques ou non, le débat reste ouvert, mais l'effet est là, bluffant).

Oli Sykes se livre comme jamais. Ses textes parlent de ses démons, de ses addictions, de sa lutte intérieure. On est loin des paroles un peu immatures des débuts (Tell Slater Not To Wash His Dick, sérieusement ?). Là, c'est du sérieux. La voix d'Oli est toujours aussi écorchée, mais elle transmet une émotion brute qui prend aux tripes.

Des invités prestigieux font leur apparition : Josh Franceschi de You Me At Six, et surtout la chanteuse canadienne Lights sur les titres Crucify Me et Don't Go. Ces duos apportent une douceur bienvenue, une parenthèse poétique au milieu du chaos sonore.

The Chill Out Sessions : La Parenthèse Envoûtante

En 2012, dans un registre plus léger (heureusement), le groupe collabore de nouveau avec le producteur Draper pour un EP de remix intitulé The Chill Out Sessions. Initialement prévu pour le Nouvel An 2012, il est retardé à cause de problèmes de label et de management (la phrase classique pour dire "c'est le bordel en coulisses"). Il finit par sortir gratuitement en Novembre.

C'est une pépite méconnue. Les titres de There Is a Hell... sont transformés en morceaux d'ambient, de "chill-step". C'est planant, c'est envoûtant. C'est la preuve, s'il en fallait une, que les compositions de BMTH tiennent la route même sans les guitares saturées et les cris. La mélodie est là, sous la rage.

SEMPITERNAL ET L'AVÈNEMENT DE JORDAN FISH (2013-2014)

« Oh, la belle prise » : l’arrivée Jordan Fish

2013. Année charnière. Jona Weinhofen quitte le groupe dans une ambiance un peu tendue (Les Feux de l'Amour version metal). Mais surtout, un nouvel homme entre en scène : Jordan Fish. Claviériste, producteur, choriste, touche-à-tout de génie. Il n'était censé qu'aider à l'écriture, il devient membre officiel.

L'impact de Jordan Fish sur le son de BMTH est incalculable. C'est lui qui apporte cette dimension électronique massive, ces refrains pop imparables, cette production léchée. Avec lui, Oli Sykes trouve son alter ego musical. Ils s'enferment en studio avec le légendaire producteur Terry Date (Deftones, Pantera, …). C'est la rencontre de la puissance américaine et de l'innovation anglaise.

Sempiternal : Horizon dégagé ?

Le résultat de cette collaboration est Sempiternal. Sorti chez RCA, c'est l'album de la consécration. Dès l'intro de Can You Feel My Heart, avec ses synthés hachés devenus cultes on sait qu'on a affaire à quelque chose de grand.

L'album est un enchaînement de tubes. Sleepwalking, Go to Hell, For Heaven's Sake, And the Snakes Start to Sing. Le mélange de metalcore et d'électro est parfait. La voix d'Oli est plus mélodique, il chante vraiment (et plutôt bien, avec cette petite fragilité touchante, une voix de tête parfois surprenante). Les textes sont toujours aussi sombres, mais plus universels. On parle de spiritualité, de dépendance, de rédemption.

Et puis, il y a Shadow Moses. L'hymne. Le titre qui fait trembler les stades. Avec son intro tirée de Metal Gear Solid (les geeks apprécieront la référence à l'île de Shadow Moses), ses riffs lourds et son refrain fédérateur.

La Conquête du Monde (et des Charts)

Sempiternal propulse BMTH dans une autre dimension. Ils ne jouent plus dans des clubs qui sentent la sueur froide, mais dans des arènes. Ils sont en couverture de tous les magazines. Ils gagnent des prix (dont le Best British Band aux Kerrang! Awards). Et sur scène, le groupe assure. Jordan Fish est derrière ses claviers et ses machines, apportant une épaisseur sonore incroyable. Lee Malia balance ses riffs avec une précision chirurgicale. Oli Sykes, devenu un frontman charismatique et magnétique, tient la foule dans le creux de sa main. Il incite aux circle pits, aux walls of death, transformant chaque concert en une cérémonie dédiée au dieu du chaos.

THAT'S THE SPIRIT ET LE VIRAGE POP-ROCK (2015-2017)

Fini de Crier, Place à la Mélodie (ou Presque)

Si Sempiternal était le sommet du metalcore moderne, That's the Spirit (2015) est le grand saut dans le vide du rock mainstream. Le groupe décide de s'autoproduire (avec Oli et Jordan aux manettes). Le but ? Faire un album de rock d'arène, capable de rivaliser avec Linkin Park ou Muse. Et ils y arrivent. Happy Song, avec ses chœurs de pom-pom girls, est un tube immédiat. Throne est une bombe électro-rock taillée pour les radios. Drown, sorti un peu avant, avait déjà annoncé la couleur : refrain pop, mélodie accrocheuse, batterie simplifiée mais efficace.

Oli chante plus qu'il ne crie. Sa voix a souffert des années de tournées et de hurlements. Il a dû réapprendre à l'utiliser, à la préserver. On sent parfois une certaine fatigue, une fragilité, mais cela rend l'interprétation encore plus poignante. Doomed, l'ouverture de l'album, est un morceau atmosphérique, planant, qui explose dans un refrain puissant.

Wembley et le Royal Albert Hall : La Consécration Live

Pour marquer le coup, BMTH s'offre le Wembley Arena. Sold out. 12 500 personnes. C'est la preuve qu'ils jouent désormais dans la cour des grands. Le DVD Live at Wembley immortalise ce moment.

Mais le sommet de cette période, c'est le concert au Royal Albert Hall en 2016, au profit du Teenage Cancer Trust. BMTH joue avec un orchestre symphonique complet. Oui, un orchestre. Avec des violons, des cors, des timbales. Et devinez quoi ? Ça marche du tonnerre. Les morceaux de Sempiternal et That's the Spirit prennent une ampleur épique. Oli, en costume (enfin, à sa façon), chante avec ses tripes.

AMO, L'ALBUM DE L'AMOUR (ET DE LA HAINE DES FANS) (2018-2019)

"Mantra" et le Culte de la Pop

2019. Sortie de amo. Le titre signifie "j'aime" en portugais (la femme d'Oli à l'époque était brésilienne). Et cet album, il faut l'aimer pour ce qu'il est : une galette pop, électro, expérimentale, qui s'éloigne encore plus du metal.

Le single Mantra ouvre le bal. Riff accrocheur, paroles sur les sectes et les gourous (ironique quand on voit la dévotion quasi-religieuse de leurs fans). C'est rock, c'est efficace. Medicine est une chanson pop pure et dure, sucrée comme un bonbon chimique. Mother Tongue est une balade amoureuse qui ferait passer un boys band pour du death metal. Nihilist Blues, en duo avec Grimes, est un titre eurodance/trance assumé.

Les puristes crient au scandale. "Ils ont vendu leur âme !", "C'est de la pop commerciale !", "Rendez-nous le deathcore !". Oli, lui, s'amuse. Dans le titre Heavy Metal, il tacle directement ces fans qui réclament le retour du vieux son avec une lucidité acerbe : "So I keep picking petals / I'm afraid you don't love me anymore / 'Cause a kid on the 'gram in a Black Dahlia tank / Says it ain't heavy metal". (Traduction libre : "Un gamin sur Instagram avec un débardeur Black Dahlia Murder dit que ce n'est pas du heavy metal"). C'est brillant, drôle, et tellement vrai.

Grammy Awards et Rupture de Cordes Vocales

L'album est un succès commercial. Il est même nominé aux Grammy Awards (meilleure chanson rock pour Mantra). Qui l'eût cru dix ans plus tôt en écoutant les borborygmes de Count Your Blessings ?

Mais la tournée a un coût. En février 2019, juste avant un concert à Phoenix, Oli se rompt la corde vocale droite. La tournée américaine est annulée. C'est la panique. Va-t-il pouvoir rechanter ? Le groupe doit faire une pause forcée. C'est un rappel brutal que la voix n'est pas éternelle, surtout quand on l'a maltraitée pendant quinze ans avec des techniques de cri plus que douteuses. Oli devra suivre une rééducation stricte, apprendre à chanter différemment, utiliser sa voix comme un instrument de musique précieux et non plus comme une arme de destruction massive.

Music to Listen To... : L'OVNI Musical de Noël

Fin 2019, le 27 décembre pour être précis, sans prévenir, le groupe lâche un EP (ou un album, c'est long, plus d'une heure, le débat classification est ouvert) au titre le plus improbable de l'année : Music to listen to~dance to~blaze to~pray to~feed to~sleep to~talk to~grind to~trip to~breathe to~help to~hurt to~scroll to~roll to~love to~hate to~learn Too~plot to~play to~be to~feel to~breed to~sweat to~dream to~hide to~live to~die to~GO TO (oui, c'est le vrai titre).

C'est expérimental, ambient, industriel. On est loin, très loin des mosh pits. Il y a des morceaux de 24 minutes (Underground Big), des collaborations avec Halsey, Yonaka, et même des bruits de dauphins (je ne plaisante même pas, Dead Dolphin Sounds). C'est une œuvre déconcertante, faite par Oli et Jordan dans leur coin. Certains ont adoré, d'autres ont détesté, mais c'est la preuve que BMTH se fiche désormais des étiquettes. Ils font ce qu'ils veulent. Point.

POST HUMAN: SURVIVAL HORROR – LE RETOUR DU ROI (2020-2022)

Confinement et Retour aux Sources

2020. Le monde s'arrête. Pandémie. Confinement. Oli et Jordan sont coincés chez eux. Mais la créativité ne s'arrête pas. Ils lancent le projet Post Human, une série de quatre EPs (ou mini-albums, encore ce débat stérile) qui exploreront différents styles.

Le premier volet, Survival Horror, sort en octobre 2020. Et là... La claque. Le retour du lourd. Le retour des guitares qui tâchent. Comme si le confinement avait réveillé la rage enfouie d'Oli.

Dear Diary ouvre l'album avec un riff thrash metal. Oli hurle à nouveau. Ça fait du bien. Parasite Eve, écrit avant la pandémie mais terriblement prophétique ("When we forget the infection / Will we remember the lesson?"), mélange chœurs bulgares, électro massive et breakdowns dévastateurs. C'est un tube instantané.

Les Featurings de l'Espace

L'album est truffé de collaborations géniales qui montrent l'étendue du carnet d'adresses du groupe. Obey avec YUNGBLUD est un hymne à la rébellion, avec un clip où deux robots géants s'entre-tuent (et s'embrassent, pourquoi pas). Kingslayer avec le groupe japonais BABYMETAL est une folie furieuse, un mélange improbable de kawai metal, de j-pop et de transe qui te retourne le cerveau. C'est énergique, c'est fun, c'est du pur BMTH : on prend tout, on mixe, et on voit ce que ça donne.

Et puis, la cerise sur le gâteau : One Day The Only Butterflies Left Will Be In Your Chest As You March Towards Your Death (ils aiment les titres longs, on a compris) avec Amy Lee d'Evanescence. Une ballade gothique, sombre, magnifique. C'est un moment suspendu, une parenthèse poétique au milieu de la violence du reste de l'album. Survival Horror est acclamé par la critique et les fans. C'est la synthèse parfaite de tout ce que le groupe a fait : la lourdeur des débuts, les mélodies de Sempiternal, la production léchée d'amo. C'est un triomphe.

Le Retour sur Scène post-COVID

Le groupe enchaîne les festivals : Hellfest, Download (en tête d'affiche, enfin !), Reading. Ils sont au sommet de leur art. Oli est en forme, souriant, magnétique. Les musiciens, bien que parfois un peu "plante verte" autour de lui et Jordan, assurent le show. Ils se permettent même un featuring étonnant avec Ed Sheeran.

POST HUMAN: NeX GEn ET LE DÉPART DE L'ARCHITECTE (2023-2024)

L'Attente Interminable et les Reports

La suite de Post Human se fait attendre. Annoncé, repoussé, teasé... Les fans s'impatientent. Le groupe sort des singles au compte-gouttes : DiE4u (pop-punk), sTraNgeRs (hymne emo), LosT (hyperpop sous acide qui rappelle My Chemical Romance), AmEN! (avec Lil Uzi Vert et Daryl Palumbo de Glassjaw).

Le style change encore. On part vers l'emo du début des années 2000, le pop-punk, l'hyperpop. C'est coloré, c'est nostalgique, c'est "NeX GEn". Mais l'album ne sort pas. Oli évoque des "circonstances imprévues", des détails à peaufiner, le besoin que tout soit parfait. Les fans rongent leur frein.

Le Choc : Jordan Fish Quitte le Navire

Et puis, le coup de tonnerre. Décembre 2023. Le groupe annonce le départ de Jordan Fish. L'homme qui a façonné le son de BMTH pendant dix ans, le bras droit d'Oli, l'architecte du son Sempiternal et That's the Spirit, s'en va. Officiellement pour des raisons personnelles, envie de se consacrer à sa famille et à la production. C'est la panique chez les fans. BMTH peut-il survivre sans Jordan ? Qui va gérer les machines ? Qui va faire les chœurs (parce que oui, Jordan chantait beaucoup, parfois plus juste qu'Oli, ne le répétez pas trop fort) ? C'est la fin d'une ère.

POST HUMAN: NeX GEn : La Surprise

Malgré tout, l'album sort enfin, par surprise, en mai 2024. Et... c'est bon. Très bon même. C'est chaotique, c'est dense, ça part dans tous les sens (16 titres !). Kool-Aid, sorti juste après le départ de Jordan, prouve que le groupe sait encore écrire des tubes heavy sans lui. Top 10 staTues tHat CriEd bloOd est une pépite électro-rock. liMOusIne avec la chanteuse norvégienne AURORA est un titre lourd, proche du Deftones, sombre et envoûtant.

L'album est un succès critique. Il montre que BMTH n'est pas mort, qu'ils peuvent se réinventer encore une fois. Oli reprend les rênes de la production (avec l'aide de Zakk Cervini et d'autres). C'est une nouvelle ère qui commence, une ère post-Jordan, mais toujours aussi créative.

LINE-UP ACTUEL

  • Oliver "Oli" Sykes (Chant) : Le capitaine, l'âme, le cri, et accessoirement le directeur artistique. Il a survécu à la drogue, aux polémiques et aux ruptures de cordes vocales. Il est toujours là, même si ses tenues de scène sont parfois... discutables.
  • Lee Malia (Guitare) : Le riffmeister discret. Pendant qu'Oli attire toute la lumière, Lee tricote des riffs ou des mélodies pop sucrées. C'est le pilier stable du groupe, celui qui rappelle qu'à la base, c'est quand même un groupe de metal.
  • Matt Kean (Basse) : Le vegan de l'ombre. Souvent oublié, le pauvre, il est pourtant essentiel. Il est là, il fait le job, il est cool.
  • Matt Nicholls (Batterie) : La machine. Il tape fort, il tape juste. Il a su faire évoluer son jeu du blast beat deathcore aux rythmes pop simplifiés sans perdre sa frappe de mule.
  • John Jones (Guitare rythmique, chœurs) : L'éternel stagiaire de luxe. Il est là depuis 2014, il joue sur tous les concerts, il chante mais il n'est toujours pas officiellement membre du groupe sur les photos promo.
  • Le Fantôme de Jordan Fish : Même s'il est parti fin 2023, son ombre plane encore. Ses samples, ses claviers et ses arrangements sont toujours omniprésents dans la setlist live (joués via des bandes ou par John Jones/Lee Malia). Il a laissé un vide que le groupe comble avec brio, mais les puristes de l'ère Sempiternal versent toujours une petite larme.

ANECDOTES

  • « This is Sandpit Turtle » : Dans le refrain de Shadow Moses, Oli chante "This is Sempiternal!". Mais avec son accent du Yorkshire à couper au couteau et la saturation, des millions de gens ont entendu : "THIS IS SANDPIT TURTLE!" (Ceci est une tortue de bac à sable). C'est devenu viral. Internet s'est emparé du truc. Le groupe, loin de se vexer, a fini par l'accepter avec humour.
  • Lo-Files : En juillet 2025, le groupe sort Lo-files, une compilation de remixes lo-fi de leurs titres. Parce que pourquoi pas ? Après avoir fait saigner nos oreilles, ils veulent nous aider à dormir, à étudier ou à "zoner" (comme dit Oli).
  • Un architecte chez les Architects : Une petite rumeur pour la route : il y a toujours eu une sorte de rivalité amicale avec le groupe Architects. Sam Carter (chanteur d'Architects) apparaît sur Suicide Season. Mais des rumeurs disent que certaines chansons comme Antivist seraient des piques adressées à Jona Weinhofen ou à d'autres membres de la scène. Oli a même été accusé de copier le style vocal de Sam Carter à une époque. Quoi qu'il en soit, les deux groupes sont les titans du metalcore britannique, et un peu de compétition n'a jamais fait de mal à personne. Jordan Fish s’occupe d’ailleurs désormais de la production d’Architects
  • A la table des plus grands : En février 2016 se produit l'incident de la table aux NME Awards. Oli Sykes, en pleine performance de Happy Song, descend dans la salle, monte sur la table où est installé le groupe Coldplay et la dévaste, renversant bouteilles de champagne et verres, sous les yeux ébahis de Chris Martin. P Chris Martin, grand prince (ou totalement déconnecté), dira qu'il n'avait jamais entendu parler de BMTH avant ça, mais que c'était "très rock'n'roll".

POURQUOI ON AIME?

L'Éclectisme Radical (ou le refus de l'ennui) : BMTH est incapable de faire deux fois le même album. Du deathcore au metalcore, de la pop au rock, de l'électro au nu-metal... Ils osent tout. On ne s'ennuie jamais. C'est la garantie de la surprise (bonne ou mauvaise, mais surprise quand même).

L'Honnêteté Émotionnelle (ça prend aux tripes) : Oli Sykes écrit avec ses tripes. Ses textes sur la dépression, l'addiction, le deuil, parlent à une génération entière.

La Machine à Tubes (Le sens de la mélodie) : Qu'on le veuille ou non, ils savent écrire un refrain. Throne, Can You Feel My Heart, Mantra... Ce sont des mélodies qui te rentrent dans le crâne et n'en sortent plus. C'est efficace, c'est pop, c'est imparable.

La Passerelle Ultime : Ils ont réussi l'exploit d'amener des fans de pop vers le metal, et des metalleux vers la pop. Ils ont brisé les barrières. Voir un fan de Justin Bieber mosher sur Dear Diary c'est quand même beau, non ?

POURQUOI ON PEUT DÉTESTER?

Le Syndrome du "Vendu" (Sell-out) : Pour les puristes du metal, BMTH est l'incarnation du mal. Ils ont abandonné la violence pour la radio, le deathcore pour la pop sucrée.

Le Karaoké de Luxe (Les bandes enregistrées) : En concert, c'est parfois flagrant. Il y a beaucoup, beaucoup de bandes (claviers, chœurs, effets). Parfois, on se demande ce qui est joué live et ce qui sort d'un MacBook Pro. "Les bandes enregistrées tuent les vrais concerts", dirait un vieux rockeur aigri (et il n'aurait pas totalement tort).

L'Inconstance Vocale : Oli Sykes n'est pas Freddie Mercury. Sa voix a des hauts et des (très) bas. Il y a des soirs où ça coince, où il laisse le public chanter 80% des paroles, où il est à bout de souffle. C'est frustrant quand on a payé sa place 60 balles.

Le Côté "Cringe" : Parfois, Oli en fait trop. Les paroles un peu "ado torturé" à 35 ans passés ("I'm scared to get close, I hate being alone"), les attitudes de diva, les déclarations à l'emporte-pièce... Ça peut agacer. Et ne parlons pas de certaines expériences sonores un peu trop perchées (Music to Listen to... je te vois...).

Alors, qu'est-ce que Bring Me the Horizon ? Un groupe de metalcore ? De pop ? D'électro ? Un boys band pour émos ? Probablement un peu tout ça à la fois.

Ils ont réussi l'exploit de survivre à la haine, aux changements de mode, et à leurs propres démons. Ils ont construit une carrière sur l'audace, le refus du surplace, et une capacité incroyable à digérer les influences pour en faire quelque chose d'unique (et de souvent très efficace).

Oli Sykes est passé du statut d'ado braillard et détesté à celui d'icône du rock moderne, respecté (ou du moins toléré) par ses pairs. Certes, tout n'est pas parfait. Il y a des fautes de goût (certains titres d'amo sont... discutables), des abus de playback, des attitudes parfois agaçantes. Bring Me the Horizon n'a jamais cessé de chercher cet horizon. Et tant qu'ils continueront à avancer, à nous surprendre (en bien ou en mal), je serai là pour écouter.

MainStage 1

Artiste présent en 2026

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FOCUS

ALESTORM

album

De l'Art de la Flibusterie Sonore et Éthylique

L'Appel du Large (et du Houblon)

Aaaaaaaah le "Pirate Metal" ! On se demande si c’est du génie ou une vaste blague. Avouons-le : qui n’a jamais rêvé de tout plaquer pour devenir un pirate, ou à défaut, de hurler des refrains à boire en levant le poing une chopine de bière à la main ?

Alestorm, c’est ça. C’est ce groupe qui, depuis deux décennies, navigue à contre-courant, défiant les lois du bon goût. Ils ont transformé une blague de pub écossais en une vraie carrière musicale, remplissant des salles et faisant bouger des foules entières sur des airs d’accordéon synthétique. Alors, embarquons pour un voyage sur les mers déchaînées, en essayant de garder le cap, à travers l’histoire tumultueuse de ces écossais qui ont décidé que le metal, c’était avant tout une fête. “Yo-ho yo-ho, a pirate’s life for me !”

Chantier Naval

De Battleheart à la Tempête de Bière

Tout commence bien loin des Caraïbes, dans la grisaille humide de Perth, en Écosse. Nous sommes en 2004. Deux jeunes musiciens, Christopher Bowes et Gavin Harper décident de former un projet studio. Pas encore de grande ambition, pas de tournée mondiale, juste l'envie de faire de la musique. Ils baptisent leur bébé Battleheart. Le nom sonne comme un mauvais groupe de Power Metal allemand des années 90, mais l'intention est là.

À l'époque, le concept est simple : du "Epic Metal" avec des chansons sur les pirates. Ils n'avaient aucune idée de ce qu'ils faisaient, comme ils l'admettent eux-mêmes. Mais le succès de leur titre Heavy Pirates Metal les convainc d’adopter définitivement cette thématique "pirates". En 2006, le duo, qui s'est étoffé pour devenir un vrai groupe (parce que jouer du metal à deux, c'est triste, et techniquement compliqué pour les concerts), enregistre deux démos/EPs : Battleheart et Terror on the High Seas. La qualité est disons..., discutable, mais l'idée est déjà là. Les titres comme Heavy Metal Pirates ou Nancy the Tavern Wench posent déjà les bases : des mélodies folk entraînantes jouées au clavier (le fameux keytar n'est pas loin), des guitares qui essaient d'être méchantes sans y arriver vraiment, et… la voix de Christopher Bowes. Un accent écossais à couper au sabre d’abordage et autant de fausses notes que de doublons dans un coffre enterré sur l'île du Singe.

La Signature et le Baptême du Feu

Le destin frappe à la porte (ou à la coque) en 2007. Napalm Records, label autrichien réputé pour son flair (et son amour des groupes à thèmes), tombe sur ces démos. Probablement séduits par l'originalité du propos – ou peut-être avaient-ils juste besoin d'un groupe pour remplir un créneau "folk festif" – ils signent le groupe.

Mais il y a un problème. Battleheart, ça ne va pas. C'est trop générique. Il faut un nom qui claque, un nom qui évoque l'alcool et un naufrage en pleine mer. Ce sera Alestorm. Un jeu de mots subtil (non) entre "Ale" (la bière) et "Storm" (la tempête). Le 8 août 2007, Battleheart meurt, et Alestorm naît officiellement. Le navire est lancé.

L'Inventaire de la Cale (Discographie)

Avant de plonger dans le détail de chaque escale, jetons un œil au livre de bord pour voir ce que nos flibustiers ont amassé comme butin musical au fil des ans. La discographie d’Alestorm c’est :

  • 6 Démos ou EP
  • 8 Albums studios
  • 2 Albums Live

Journal de Bord

Naviguons maintenant à travers les âges, album par album, pour voir comment ce frêle esquif écossais est devenu un galion de guerre (ou un paquebot de croisière pour metalleux en vacances, c'est selon).

2008 : Captain Morgan's Revenge – La Révélation

Le 25 janvier 2008, le premier boulet de canon est tiré. Captain Morgan's Revenge sort chez Napalm Records. Musicalement, on est dans du Power Metal assez classique, mais saupoudré de folk et de claviers qui font "pouet pouet". C'est épique, c'est grandiose. Le titre éponyme est une fresque historique (enfin, presque) qui raconte la vengeance du célèbre pirate.

On y trouve Over the Seas, une invitation au voyage qui donne envie de quitter son bureau pour aller récurer le pont d'un vieux rafiot. Bowes a cette gouaille de vieux loup de mer qui fait mouche. Nancy the Tavern Wench devient instantanément l'hymne des fins de soirée des vieux rades de Tortuga, où des vieux marins assoiffés chantent en chœur avec Bowes, haranguant la foule tel un aventurier racontant ses aventures au coin du bar.

Le public est partagé : certains crient au génie (bon pas trop quand même) mais le "True Scottish Pirate Metal" est né, d'autres crient à la blague qui ne durera pas un an. Ils avaient tort.

2009 : Black Sails at Midnight – La Confirmation (et l'Accélération)

Un an plus tard, Alestorm revient avec Black Sails at Midnight. On prend les mêmes et on recommence, mais en mieux (ou en tout cas, en plus fort).

L'album s'ouvre sur The Quest, une déclaration d'intention. Mais c'est surtout Keelhauled qui marque les esprits. Un morceau rapide, violent, avec un refrain qui vous attrape par le col et vous secoue jusqu'à ce que vous chantiez avec eux. C'est le morceau qui définit le style Alestorm pour les années à venir : rythme effréné, claviers omniprésents, et paroles joyeuses sur la torture maritime.

C'est aussi l'époque des premiers changements de line-up. Ian Wilson, le batteur, s'en va, remplacé par Peter Alcorn (qui deviendra une pièce maîtresse de la machine). Le groupe tourne énormément, écumant les festivals comme des vikings... heu, des pirates, en maraude.

2011 : Back Through Time – Le Délire Temporel

En 2011, Alestorm décide que l'histoire, c'est chiant. Pourquoi se limiter au XVIIIe siècle quand on peut voyager dans le temps ? Back Through Time assume totalement le côté "n'importe quoi" du groupe. La pochette montre des pirates combattant des vikings (probablement une manière de dire "Coucou Amon Amarth, on arrive").

Musicalement, c'est l'arrivée d'Elliot Vernon aux claviers, qui va progressivement prendre de l'importance, notamment avec ses capacités vocales (le scream). Des titres comme Shipwrecked ou Midget Saw (oui, "La Scie du Nain" ou "La Scie Naine", ne posez pas de questions) montrent que l'humour devient central. Le groupe glisse vers la parodie de lui-même, mais c'est tellement bien fait qu'on pardonne tout.

2014 : Sunset on the Golden Age – L'Âge d'Or du Grand N'importe Quoi

Trois ans plus tard, Alestorm sort ce qui est peut-être son chef-d'œuvre (dans son genre très particulier) : Sunset on the Golden Age. C'est l'album de la maturité ? Non, absolument pas, cet équipage d’écossais reste de grands gamins. C'est l'album de la démesure.

Le tube Drink est là. Un hymne universel à la consommation d'alcool qui a probablement causé plus de cirrhoses que n'importe quelle publicité. "We are here to drink your beer !" scande la foule. C'est simple, c'est basique, c'est génial.

Mais l'album contient aussi des pépites plus complexes, comme 1741 (The Battle of Cartagena), un morceau épique de plus de 7 minutes avec des influences 8-bit (sûrement tirées de la géniale saga des "Monkey Island") et des chœurs grandioses. Et bien sûr, Wooden Leg, le début d'une saga légendaire sur les prothèses en bois.

C'est à ce moment-là que le groupe commence vraiment à intégrer des éléments électroniques, des bruits de jeux vidéo, et à s'éloigner du pur folk metal pour créer son propre monstre hybride.

2017 : No Grave But the Sea – Des Chiens et des Ancres

2017 marque un tournant... canin. No Grave But the Sea est un excellent album, avec des titres comme Mexico (un banger absolu qui mélange mélodie de jeu vidéo et metal) ou Fucked with an Anchor (une chanson d'une poésie rare, entièrement dédiée à l'art d'insulter son prochain).

Mais l'histoire retiendra surtout l'édition Deluxe de cet album : No Grave But the Sea for Dogs. Le groupe a eu l'idée (de génie ou de stupide, la frontière est fine) de remplacer TOUTES les lignes de chant par des aboiements de chiens. Oui, tout l'album. Et ils l'ont vendu. Et les gens l'ont acheté.

2020 : Curse of the Crystal Coconut – La Pandémie n'arrête pas la Piraterie

Alors que le monde est confiné, Alestorm sort Curse of the Crystal Coconut. Le titre est une référence obscure à la série animée Donkey Kong Country (parce que pourquoi pas ?). L'album pousse les curseurs de la folie encore plus loin.

Tortuga est un choc : un morceau qui mélange pirate metal et... rap/nu-metal, avec un featuring du Captain Yarrface du groupe Rumahoy. On y trouve aussi Wooden Leg Part 2 (The Woodening), une suite symphonique et dramatique qui prouve que le groupe peut raconter des histoires tristes sur des sujets ridicules.

2022 : Seventh Rum of a Seventh Rum – Retour aux Sources (de Rhum)

Le titre est un hommage (ou un plagiat éhonté et assumé) à l'album Seventh Son of a Seventh Son d'Iron Maiden. Sorti en 2022, cet album semble vouloir calmer un peu le jeu des expérimentations bizarres pour revenir à ce que le groupe fait de mieux : des hymnes à boire.

P.A.R.T.Y. est le tube de l'album, une chanson disco-metal irrésistible. Magellan's Expedition rappelle les grandes heures épiques du premier album.

2025 : The Thunderfist Chronicles – L'Ultime Frontière?

Et nous voici en juin 2025. Le huitième album, The Thunderfist Chronicles, débarque dans les bacs (enfin, sur les serveurs de streaming). C'est l'album de la consécration, ou du moins, c'est ce qu'ils essaient de nous faire croire.

L'album contient des pépites comme Frozen Piss 2 (la suite tant attendue d'un morceau obscur ? Non, juste une blague de plus), Banana (un morceau qui intègre des sons 8-bit dubstep, parce que pourquoi pas ?), et surtout Mega-Supreme Treasure of the Eternal Thunderfist. Ce dernier est un morceau de 17 minutes ! Oui, 17 minutes. Une épopée progressive qui invite Russell Allen (Symphony X) et Patty Gurdy. C'est un monument de n'importe quoi épique, une prière à Davy Jones.

Beaucoup se disent définitivement que VRAIMENT la blague a assez duré. Mais le groupe s'en moque. Ils continuent de remplir les salles et de vendre des t-shirts avec des canards. Killed to Death by Piracy est un autre titre phare, rapide, efficace, un retour aux sources thrashy. C'est un album qui prouve qu'Alestorm a encore de l'énergie à revendre, même après 20 ans de carrière.

L'Équipage – Line-up Actuel (2025)

Un navire n'est rien sans son équipage, une bande de joyeux drilles qui semblent s'être trouvés par miracle (ou par l'odeur de la bière).

  • Christopher Bowes (Chant, Keytar) : Le Capitaine. L'âme (et le foie) du groupe. Toujours vêtu de son kilt, armé de son keytar (cet instrument bâtard entre le clavier et la guitare, summum du kitsch). Sa voix est éraillée, parfois fausse, mais elle a une puissance et une authenticité qui emportent tout. Il est aussi le cerveau derrière la musique (et les conneries).
  • Gareth Murdock (Basse) : Le fidèle Lieutenant. Présent depuis 2008, c'est le pilier rythmique. Il est grand, il a souvent l'air de se demander ce qu'il fait là au milieu de ce cirque, mais il assure. Il a ce flegme britannique (bien qu'il soit Irlandais) qui tranche avec l'hystérie ambiante.
  • Máté Bodor (Guitare) : Le Mercenaire Virtuose. Arrivé en 2015, ce Hongrois a apporté une touche de technicité bienvenue. Ses solos sont propres, rapides, "shreddy".
  • Peter Alcorn (Batterie) : La Salle des Machines. Un batteur métronomique qui frappe fort.
  • Elliot Vernon (Claviers, Chant Scream) : Le Sorcier. Il s'occupe des orchestrations symphoniques (souvent sur bande, ne nous mentons pas) et surtout, il apporte cette deuxième voix hurlée ("scream") qui donne le côté agressif à Alestorm. Il est le "Yang" sombre du "Yin" festif de Bowes.

Légendes de la Mer – Anecdotes et Histoires de Comptoir

Le Canard Géant (The Giant Rubber Duck) : Si vous allez à un concert d'Alestorm, vous verrez trôner sur scène un immense canard jaune en plastique gonflable. D'où vient-il? D'une rivalité amicale avec le groupe Sabaton. Sabaton a un tank sur scène. Alestorm voulait quelque chose d'aussi impressionnant, mais de totalement ridicule pour "casser" l'ambiance guerrière. Christopher Bowes a donc décidé : "Il nous faut un canard géant". Depuis, le canard est devenu le sixième membre du groupe. Il a même un nom dans certaines légendes urbaines. Parfois, il est jeté dans la foule pour un slam épique. C'est absurde, c'est gratuit, c'est indispensable.

Amoureux des zèbres : Le rider est un document transmis par l'entourage d'un groupe de musique à la salle de spectacle qui l'accueille et qui liste toutes les exigences et besoins techniques à satisfaire lors d'un concert. Selon certaines sources, Alestorm demanderait dans sa loge trois photos de leurs zèbres préférés. Ne cherchez pas à savoir pourquoi.

La Malédiction de la Jambe de Bois : La chanson Wooden Leg sur l'album Sunset on the Golden Age était une chanson stupide sur un pirate qui a une jambe de bois. Mais Bowes a décidé d'en faire une trilogie épique. Wooden Leg Part 2 (The Woodening) et Wooden Leg Part 3 racontent une histoire tragique à travers les âges, impliquant des membres en bois japonais, espagnols, et une tristesse existentielle.

"Pourquoi on aime?" – Le Chant des Sirènes

  • L'Efficacité Mélodique : Ne nous y trompons pas, derrière le "pouet pouet", il y a un sens de la mélodie imparable. Les refrains sont des virus. Ils rentrent dans la tête et n'en sortent plus. C'est de la pop déguisée en metal. C'est sucré, c'est catchy, c'est aussi enivrant qu’un verre de rhum frelaté.
  • L'Énergie Positive (La Bamboche, c'est pas terminé) : Un concert d'Alestorm, c'est une fête. Pas de violence, pas de colère noire. Juste la joie d'être ensemble, de sauter partout, de faire des "rowing pits" (s'asseoir par terre et ramer comme sur une galère). C'est libérateur. On laisse son cerveau au vestiaire et on profite.
  • L'Authenticité dans la Bêtise : Ils ne trichent pas sur qui ils sont. Ils savent qu'ils font de la musique stupide, et ils l'assument à 100%.
  • La Technique Cachée : Je suis toujours surpris par ces groupes qui font les choses sérieusement mais qui semblent ne pas se prendre au sérieux tout en assurant techniquement. Máté Bodor est un excellent guitariste, et Peter Alcorn est une machine. Ils jouent vite, ils jouent bien, même quand ils sont (évidemment) ivres.

"Pourquoi on peut détester?" – Le Mal de Mer

  • La Répétitivité (Le Tournis) : "C'est toujours la même chose". Oui. La recette est immuable : couplet rapide, refrain hymne, solo de clavier, refrain, fin. Si vous n'aimez pas le premier album, vous n'aimerez pas le huitième.
  • L'Humour "Pipi-Caca" (La Lourdeur) : Il faut avoir gardé une âme d'enfant ou d'adolescent attardé pour rire à Frozen Piss ou Fucked with an Anchor. Si vous cherchez de la poésie ou de la finesse, passez votre chemin. C'est gras, c'est lourd, c'est parfois gênant.
  • Le Pouet Pouet : Les binious, cornemuses et accordéons joués au synthétiseur, c’est quand même pas de la grande musique.

Le Port d'Attache

Au final, Alestorm est un groupe nécessaire. Comme une bonne biture entre amis, c'est excessif, ça fait un peu mal à la tête le lendemain, mais ça crée des souvenirs impérissables. Ils ont réussi le pari fou de faire d'un genre de niche (le Pirate Metal) un phénomène mondial.

Alors, que vous soyez un vieux loup de mer aigri qui regrette le temps où le metal était "sérieux", ou un jeune moussaillon prêt à en découdre dans le pit, une chose est sûre : quand Alestorm débarque, la tempête n'est jamais loin. Ce n’est pas de la poésie, ce n’est pas de la grande musique mais entre vous et moi, à force, j’ai une certaine affection coupable pour ces idiots en kilt.

Allez, santé ! Et n'oubliez pas : "Rum, Beer, Quests and Mead !"

MainStage 2

Artiste présent en 2026

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