Quelle poule ! La première place s’est jouée à la nostalgie, facilitée (ou aggravée selon le regard qu’on porte) par l’imminence de mes 50 piges.
9pts - Suicidal Tendencies : j’avais 18 ans quand devant Metal Express, émission qui m’a fait découvrir le metal, j’ai entendu causer pour la première fois d’un groupe qui s’appellait Suicidal Tendencies, avec ce clip, oui exactement le même avec ses « bips » de censure qui étaient autant de tentations. Ce morceau (et l’album Lights, Camera, Revolution) m’accompagne donc depuis presque 32 ans, avec d’autres tutélaires (War Ensemble, Suffer the Children, Through the Collonades…pour le quizz classiques), c’est le marqueur des révoltes post-adolescentes qui ne se sont jamais calmées, de la différenciation (ou auto-exclusion) d’avec les autres, c’est le morceau que je me repasse encore quand j’ai envie de recadrer un truc dans ma vie, quand j’ai l’impression de devenir ce vieux c** dépassé et consensuel, quand je vois mes potes devenir les nouveaux boomers. Alors oui, les exhortations de Mike Muir frisent souvent le développement personnel et les accords toltèques mais ça reste le son de mon mal être lycéen. Et à vrai dire je chéris cette colère jamais apaisée, même si elle prend d’autres tournures aujourd’hui, et je me surprends après si longtemps à rentrer dans la chambre en bordel de ma fille de 4 ans et balancer « what the hell is going on around here ». Et depuis 30 ans on me dit parfois « mais bordel grandis ! »…mais moi j’ai pas envie. Je sais que j’aurais dû transmettre le flambeau au groupe qui suit, mais la petite larme versée en écoutant Suicidal en a décidé autant …mais de mettre GEL en deux, c’est quand même que je suis un peu un vieux c*** non ?
8pts - GEL : Mes chouchous, parce que Gel c’est le hardcore dit « inclusif », c’est le sourire, c’est pas poseur pour un sou, ce sont les meilleures affiches en mode DIY du monde, ce sont les t-shirts les plus classes de l’univers. Et quand on écoute le morceau issu de leur répondeur téléphonique (sur Only Constant), avec ses drames humains à base de pot catalytique, on se dit que depuis les années Suicidal le mal-être n’a pas vraiment changé de tête mais qu’il peut s’exprimer avec d’autres codes et surtout que ce ne sont pas que des histoires de mecs avec des bandanas.
7pts - Scowl : excellent choix de morceau qui montre l’étendue de leur talent, peut-être moins simplement sincère que Gel alors je les place après dans mon coeur.
6pts - Eight Sins : forcément dès qu’on met un gros breakdown ça active les récepteurs de plaisir. C’est aussi fin que du Sunami, donc tout à fait recommandable. Peut-être un poil générique…ouais mais y a un breakdown !
5pts - Biohazard : Tiens justement, parlons-en des mecs avec des bandanas ! Non mais cette vidéo, c’est tellement masculin que ça en devient un peu cringe. On pourrait remplacer la musique par le Last Christmas de WHAM (si si j’ai essayé ça marche du tonnerre !!). Mais bon comme c’est le son des nineties, ça marche toujours sur moi (Biohazard…Wham c’est encore mieux mais c’était les années 80)
4pts - Sorcerer : J’ai eu un petit peu peur au début, tant j’ai du mal avec les frenchies qui singent les américains. Ils le font bien mais on ne peut pas s’empêcher d’avoir un goût de Canada Dry. Du coup j’ai repensé à ce qu’était pour moi un vrai esprit punk/hardcore français, et je me suis réécouté Anomie…oui ça date mais c’était quand même bien chouette.
3pts - Body Count : j’aime bien Body Count mais j’ai trouvé ce morceau vraiment daté et éventé. Pas accroché. Autant passer ces presque 4 min à nous présenter sa famille, ce sera moins pénible…quoique…
2pts - Harms Way : c’est honnête mais je disqualifie les groupes qui n’ont pas d’autre vision d’une chanteuse qu’une voix niaise de dryade qui vient se poser comme un baume sur les plaies de son viril guerrier mais que ce serait bien que la bouffe soit prête à huit heures. Bordel les gars on est en 2024.
1pts - Crystal Lake : c’est l’histoire de Bryan, il vit chez ses parents dans une villa du côté de L.A., il est beau, il est le capitaine de l’équipe de foot américain de son lycée, mais au fond de lui il y a une fêlure, quelque chose comme un souffle au coeur qu’aucun luxe, qu’aucune réussite et que pas même la passion servile que Jenny-Lee la plus belle fille du lycée lui voue ne pourront jamais apaiser. Un jour alors qu’il fonce au volant de la Corvette que ses parents lui ont offerte pour ses 18 ans, il est arrêté par une patrouille de police, et là c’en est trop, toute cette souffrance remonte et Bryan fend l’armure : « Non ! Je ne CONTRACTE PAS, je ne contracte pas avec l’entreprise privée Etats-Unis d’Amérique, je ne me soumets pas à votre contrôle, ma Corvette est une propriété privée ! JE NE CONTRACTE PAS ! »
Une fois en garde à vue, Bryan mouille son survêt Balenciaga terrorisé par les jeunes gangsta qui le toisent du regard, et en attendant angoissé l’arrivée de l’avocat de la famille il prend sa décision. Oui ! Il va accepter ce poste aux ressources humaines chez X qu’Elon lui a proposé lors du barbecue la semaine passée. Bryan n’est pas que la moitié d’une m***