J’ai fini Les Hauts de Hurle-Vent et j’ai adoré ce bouquin.
Au delà de l’originalité de l’oeuvre et son contexte historique, la force majeure des Hauts de Hurle-Vent se fonde selon moi sur la densité de la fresque psychologique peinte par Emily Brontë et portée par des personnages complexes. Chaque personnalité est bien développée et les relations entretenues par les protagonistes sont - à l’image de l’ensemble des évènements - parfaitement imbriquées.
La lecture du texte est fluide et boulimique. On peut cependant trouver rébarbatif que certains personnages portent les mêmes noms, impliquant parfois le doute quant à l’identité des individus. L’arbre généalogique présent dans les premières pages du livre est à ce titre le bienvenu, bien que l’indication des dates de décès des personnages soit regrettable (vous aurez pigé pourquoi).
Malgré son indéniable qualité, le récit souffre selon moi de deux faiblesses scénaristiques. [spoiler]La première incarnée par la mort qui semble venir faucher certains personnages sur commande, lorsque l’intrigue nécessite d’être relancée par son abattement. La seconde vient de la stupidité sporadique du personnage de Catherine Linton. Stupidité sans laquelle le récit aurait dû prendre une tournure moins évidente et par conséquent plus subtile et plus réaliste.[/spoiler]
Certains peuvent également être gênés par la construction de la narration, mise en abîme (personnellement ça ne m’a aucunement perturbé).
Au regard de l’ensemble de l’oeuvre, on pardonne volontiers l’auteure de ses quelques facilités qui sont somme toute bien peu de choses au sein de ce fascinant monument de la littérature.
Comme j’avais bien envie de rester dans une atmosphère gothique féminine du début du XIXè siècle, j’ai enchainé avec Frankenstein (l’œuvre originale) de Mary Shelley. Située dans son contexte historique cette oeuvre avait peut-être un impact fort. Mais deux siècles après sa publication c’est - pour moi - la déception qui prime.
Le début du récit m’a pourtant bien plu et est, jusqu’au moment où le monstre de Frankenstein prend vie, plein de promesses. Celles-ci ne sont malheureusement pas tenues.
L’histoire est pourtant riche d’enjeux : la création du vivant, la peur et le rejet de la différence, de la laideur, la place de la morale dans la recherche scientifique… mais ceux-ci restent à l’état de suggestions et ne sont jamais développés.
L’intrigue est caricaturale, on devine très souvent ses rebondissements. de même, les personnages sont extrêmement creux, à commencer par Victor Frankenstein. [spoiler]Celui-ci passe des mois à créer une créature et au moment où elle prend vie, il s’en effraie et la rejette. Ça valait le coup de lui donner vie… Frankenstein est censé être un génie et pourtant il ne fait à partir d’ici qu’enchainer idioties et lamentations. J’ai beaucoup de mal à accrocher à une intrigue construite sur la bêtise et l’incohérence de ses personnages (dans de telles proportions).
Même l’empathie suggérée par les péripéties du monstre peine à me saisir, tant il s’agit d’une succession d’énormités. Pour résumer : «Tout le monde me rejette, tout le monde est méchant, moi aussi je vais devenir méchant et encore plus qu’eux».[/spoiler]
Si l’on ne peut que reconnaitre la dimension fondatrice de cet ouvrage, je trouve particulièrement dommage ne ne pas avoir écrit un texte plus nuancé et des personnalités cohérentes. Il y avait matière à faire quelque chose de bien plus fort.
Actuellement, je termine Lunar Park de Bret Easton Ellis. J’avais déjà lu American Psycho et Moins que zéro quand j’étais au lycée (ça commence à faire quelques années mais c’est pas si vieux) et c’est un auteur que j’apprécie. Mais là j’ai eu du mal à vraiment accrocher au premier tiers du bouquin (je me suis même demandé si ça valait le coup de le continuer vu la masse de livre que j’ai à lire). Finalement réussi à rentrer dedans et je regrette vraiment pas.
Va falloir que je le digère (et que je le termine avant ça) mais c’est assez impressionnant comme bouquin. Il s’agit d’une « autofiction » (une fausse autobiographie en somme) où Bret Easton Ellis tente d’arrêter la drogue, se marie avec l’actrice fictive Jayne Dennis et essaye tant bien que mal de vivre une vie de famille normale, hanté par le souvenir de son père avec qui il avait de très mauvais rapports, à l’image de ceux qu’il entretient avec son fils Robby.
Petit à petit, entre deux rails de coke, une bouteille de vodka et quelques joints, des éléments paranormaux et des personnages de ses précédents livres font leur apparition, une peluche semble même prendre vie.
C’est peut-être finalement le livre que je préfère des trois Ellis que j’ai lu. En tout cas c’est le plus original (ce qui est une caractéristique de base d’Ellis). Je suis pas forcément hyper fan du style narratif : le name dropping me gave un peu à la longue, il y a parfois des longueurs qui me paraissent dispensables… mais quel bouquin ! Je crois qu’il va me marquer pour longtemps. Bret Easton Ellis est définitivement un très grand de la littérature contemporaine.