Le truc principal à intégrer (et je n’y arrive presque jamais ), c’est de comprendre qu’écouter de la musique avec passion - tout en ayant une vie familiale, professionnelle, sociale et des loisirs (et du sommeil) - revient à écoper à la petite cuillère une chaloupe qui se remplit à plein flot.
Tout écouter, ne rien louper, c’est impossible.
C’est aussi pourquoi j’ai du mal à faire un top 5 en fin d’année, car je pense à tout ce que je n’ai pas entendu ou suffisamment exploré.
Entre les sorties de la semaine, les albums que j’ai coché à l’avance grâce à certains sites et certaines pages que je consulte quotidiennement, les découvertes issues de la playlist hebdomadaire du Roadburn et les groupes que je vois, prévois ou envisage de voir en concerts ou en festivals (j’essaye de très bien connaître les morceaux avant le concert - imagine ce que ça peut donner quand on a 4 jours de festival et que l’on ne saute aucun créneau ou presque), je ne sais pas où donner de la tête (comme dirait Iko ). La liste des albums extraordinaires / essentiels / incontournables que je n’écouterai jamais est probablement vingt-six fois plus longue que celle des albums apprivoisés. Alors je fais un choix drastique avec les yeux (1ère sélection) puis avec les oreilles (une 1ère ecoute de morceaux ou d’albums) avant de me concentrer sur quelques-uns.
J’écoute ces morceaux / albums dans la voiture - sous la douche - en faisant la cuisine et la vaisselle - sur mon temps de pause à midi - le soir au casque quand je peux - en faisant les courses - pendant les insomnies - en lisant (j’aime bien) - en marchant (j’ai la chance d’avoir une belle hernie discale et depuis un an, je marche environ une heure par jour avec le casque sur les oreilles) - et globalement tout le temps jusqu’à ce que je sente que mon épouse est sur le point de me jeter par la fenêtre…
Cela ne m’empêche pas d’avoir une longue liste d’albums prioritaires dont je ne connais toujours pas la 1ère note (Insect Ark, Smote, I Häxa, Delving, Elephant Tree, Gnod, Haunted Plasma, Harvestman I & II, Locrian, Mamaleek, Massive Hassle, Sumac, Sunnata, Uncle Acid et des tas d’autres), d’albums de concerts à venir (Kim Gordon, The Ex, Einstürzende Neubaten, le dernier Big Brave…) et de festivals (une dizaine de groupes au Up In Smoke…) - et une liste encore plus longue d’albums « à écouter un jour » dont je ne découvrirai probablement que 5%.
Ce qui me manque le plus ? La longue période d’intimité que j’ai pu entretenir avec des groupes et des albums, avant l’ère du streaming et de l’abondance, quand une œuvre passait et repassait des centaines de fois sur la platine, dans le lecteur de CD ou de K7 et qu’elle finissait par faire partie de ton ADN… Mais, malgré cette interminable course « au caucus » (cf. Lewis Carrol), quelques albums ou morceaux réussissent encore à s’inscrire dans la durée et à venir me hanter ou m’enchanter des mois durants (The Keening, Divide & Dissolve, Big Brave, Hilary Woods, Elder, Bell Witch, Blood Incantation, Acid King, Oranssi Pazuzu ces dernières années). Ils prennent certes la place de nouveautés - mais aussi et surtout une grande (et belle) place dans ma vie.